Crime

catégorie des infractions les plus graves

Le crime désigne la catégorie des infractions les plus graves, catégorie plus ou moins vaste suivant les pays et systèmes juridiques. Le terme provient du latin crimen, qui signifie en latin classique « l'accusation » ou le « chef d'accusation » puis, en bas latin, « faute » ou « souillure ».

Enseignement

modifier

Cours d'histoire philosophique de la pensée

modifier

Michel Foucault, Les Anormaux — Cours au Collège de France, 1974-1975

modifier
Selon une tradition que vous trouvez chez Montesquieu, mais qui remonte au XVIe siècle, au Moyen Âge et au droit romain aussi, le criminel et la fréquence surtout des crimes représentent, dans une société, comme la maladie du corps social. C'est la fréquence de la criminalité qui représente une maladie, mais la maladie de la collectivité, la maladie du corps social. Fort différent est le thème, pourtant analogue en superficie, que vous voyez pointer à la fin du XVIIIe siècle, et dans lequel ce n'est pas le crime qui est la maladie du corps social, mais le criminel qui, en tant que criminel, pourrait bien en effet être un malade. Ceci est dit, en toute clarté, à l'époque de la Révolution française, dans les discussions qui ont lieu vers 1790-91, au moment où l'on élaborait le nouveau Code pénal.


[...] la grille d'intelligibilité qui a été posée par Freud à la névrose est celle de l'inceste. Inceste : crime des rois, crime du trop de pouvoir, crime d'Œdipe et de sa famille. C'est l'intelligibilité de la névrose. Après a suivi la grille d'intelligibilité de la psychose, avec Melanie Klein. Grille d'intelligibilité qui s'est formée à partir de quoi ? Du problème de la dévoration, de l'introjection des bons et des mauvais objets, du cannibalisme non plus crime des rois, mais crime des affamés.


Littérature

modifier

Nouvelle

modifier

Poésie

modifier

Daniel Lefèvre, En l'absence de toute preuve, 1982

modifier

Mycènes

Sur la pierre sans mémoire
Le sang des coquelicots
Pardonne aux crimes anciens

  • Toute la vie posée sur le tranchant des mots, Daniel Lefèvre, éd. DN, 2012, p. 139


Prose poétique

modifier

André Breton/Philippe Soupault, Les Champs Magnétiques, 1919

modifier
« Tu sais que ce soir il y a un crime vert à commettre. Comme tu ne sais rien, mon pauvre ami. Ouvre cette porte toute grande, et dis-toi qu'il fait complètement nuit, que le jour est mort pour la dernière fois. »


André Breton, Poisson soluble, 1924

modifier
Je suis dépossédé des racines de l'or, assurément, mais je tiens les fils de la tempête et je garde les cachets de cire du crime.


René Char, Fureur et mystère, 1948

modifier

Vivre avec de tels hommes

On tuait de si près que le monde s'est voulu meilleur. Brumaire de mon âme jamais escaladé, qui fait feu dans la bergerie déserte ? Ce n'est plus la volonté elliptique de la scrupuleuse solitude. Aile double des cris d'un million de crimes se levant soudain dans des yeux jadis négligents, montrez-nous vos desseins et cette large abdication du remords !
  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Vivre avec de tels hommes, p. 45


Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936

modifier
C'est le roman qui pousse au crime bien pire que l'alcool…


Leonardo Sciascia, Le Jour de la chouette, 1961

modifier
— Mettons tout de même les choses sur un autre plan. Un procès a-t-il jamais révélé qu'il existe une association criminelle appelée mafia, à laquelle on puisse attribuer en toute certitude la commande et l'exécution d'un crime ? A-t-on jamais trouvé un document, un témoignage, une preuve quelconque établissant un rapport certain entre un fait criminel et ce qu'on appelle la mafia ? Si ce rapport n'existe pas, et en admettant que la mafia existe, moi je peux vous le dire : c'est une société de secours mutuels secrets, au même titre que la franc-maçonnerie. Pourquoi n'attribuez-vous pas certains crimes à la franc-maçonnerie ? Il y a tout autant de preuves que la franc-maçonnerie se livre à des actes criminels qu'il y en a contre la mafia...


Psychologie

modifier

Catherine Azoulay, Processus de la schizophrénie, 2002

modifier
Freud (1912) a envisagé la manie comme « une fête du moi » en l'apparentant au repas totémique des primitifs, c'est-à-dire avec le crime originel de l'humanité, le meurtre du père et sa consommation rituelle.
  • Processus de la schizophrénie (2002), Catherine Azoulay/Catherine Chabert/Jean Gortais/Philippe Jeammet, éd. Dunod, coll. « Psycho Sup », 2002  (ISBN 2-10-004780-9), chap. II « Approche psycho-pathologique et clinique de la schizophrénie (Catherine Azoulay) », 1. Formes et caractéristiques de la schizophrénie, p. 82


Frantz FanonLes Damnés de la Terre, 1961

modifier
En Algérie la criminalité algérienne se déroule pratiquement en cercle fermé. Les Algériens s'entre-volaient, s'entre-déchiraient, s'entre-tuaient. En Algérie, l'Algérien s'attaquait peu aux Français et évitait les rixes avec les Français. En France par contre l'émigré créera une criminalité intersociale, intergroupes. En France la criminalité algérienne diminue. Elle s'adresse surtout aux Français et les mobiles en sont radicalement nouveaux. Un paradoxe nous a considérablement aidés à démystifier les militants : on constate depuis 1954, une quasi-disparition des crimes de droit commun. Plus de disputes, plus de détails insignifiants entraînant mort d'homme. Plus de colères explosives parce que le front de ma femme ou son épaule gauche ont été perçus par le voisin. La lutte nationale semble avoir canalisé toutes les colères, nationalisé tous les mouvements affectifs ou émotionnels.
  • Les Damnés de la Terre (1961), Frantz Fanon, éd. La Découverte poche, 2002, p. 294


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :