Les Trois Mousquetaires

roman d'Alexandre Dumas (1844)

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La trilogie des mousquetaires
Les Trois Mousquetaires
    Vingt Ans après

Les Trois Mousquetaires est le plus célèbre des romans d'Alexandre Dumas père, initialement publié en feuilleton dans le journal Le Siècle de mars à juillet 1844, puis édité en volume dès 1844 aux éditions Baudry et réédité en 1846 chez J. B. Fellens et L. P. Dufour avec des illustrations de Vivant Beaucé. Il est le premier volet de la trilogie romanesque dite « des mousquetaires », à laquelle il donne son nom, suivi par Vingt Ans après (1845) et Le Vicomte de Bragelonne (1847). Exemple type du roman de cape et d'épée, Les Trois Mousquetaires a fait l'objet de très nombreuses adaptations au théâtre, au cinéma et à la télévision.

"Tous pour un, un pour tous, c’est notre devise." (Chapitre 9)
Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan bras dessus, bras dessous, après avoir croisé le fer avec les Gardes du Cardinal. Gravure colorée de Jules Huyot d'après un dessin de Maurice Leloir (Paris, Calmann-Lévy, 1894).

Citations

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Un jeune homme… – traçons son portrait d’un seul trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans, don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissards, don Quichotte revêtu d’un pourpoint de laine dont la couleur bleue s’était transformée en une nuance insaisissable de lie-de-vin et d’azur céleste.


Pour vous et pour les vôtres [...], ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi.


Je vous ai fait apprendre à manier l’épée ; vous avez un jarret de fer, un poignet d’acier ; battez-vous à tout propos ; battez-vous d’autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre.


Plus tard, M. de Tréville se battit contre d’autres dans son premier voyage à Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusqu’à la majorité du jeune sans compter les guerres et les sièges, sept fois ; et depuis cette majorité jusqu’aujourd’hui, cent fois peut-être ! –Aussi, malgré les édits, les ordonnances et les arrêts, le voilà capitaine des mousquetaires, c’est-à-dire chef d’une légion de Césars, dont le roi fait un très grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand-chose, comme chacun sait.


L’hôte avait compté sur onze jours de maladie à un écu par jour ; mais il avait compté sans son voyageur. Le lendemain, dès cinq heures du matin, d’Artagnan se leva, descendit lui-même à la cuisine, demanda, outre quelques autres ingrédients dont la liste n’est pas parvenue jusqu’à nous, du vin, de l’huile, du romarin, et, la recette de sa mère à la main, se composa un baume dont il oignit ses nombreuses blessures, renouvelant ses compresses lui-même et ne voulant admettre l’adjonction d’aucun médecin. Grâce sans doute à l’efficacité du baume de Bohême, et peut-être aussi grâce à l’absence de tout docteur, d’Artagnan se trouva sur pied dès le soir même, et à peu près guéri le lendemain.


– Ma lettre de recommandation ! s’écriait d’Artagnan, ma lettre de recommandation, sangdieu ! ou je vous embroche tous comme des ortolans !


Sans remords dans le passé, confiant dans le présent et plein d’espérance dans l’avenir, il se coucha et s’endormit du sommeil du brave.


- Ils aimeraient mieux mourir sur la place que de faire un pas en arrière… Se sauver, détaler, fuir, c’est bon pour les mousquetaires du roi, cela !


Je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre.


Ah ! ah ! fit-il, qu’est-ce que cela ?

– C’est avec Monsieur que je me bats, dit Athos en montrant de la main d’Artagnan, et en le saluant du même geste.
– C’est avec lui que je me bats aussi, dit Porthos.
– Mais à une heure seulement, répondit d’Artagnan.
– Et moi aussi, c’est avec monsieur que je me bats, dit Aramis en arrivant à son tour sur le terrain.

– Mais à deux heures seulement, fit d’Artagnan avec le même calme.


Et maintenant que vous êtes rassemblés, messieurs, dit d’Artagnan, permettez-moi de vous faire mes excuses.
Vous ne me comprenez pas, messieurs, dit d’Artagnan en relevant sa tête, sur laquelle jouait en ce moment un rayon de soleil qui en dorait les lignes fines et hardies : je vous demande excuse dans le cas où je ne pourrais vous payer ma dette à tous trois, car M. Athos a le droit de me tuer le premier, ce qui ôte beaucoup de sa valeur à votre créance, Monsieur Porthos, et ce qui rend la vôtre à peu près nulle, Monsieur Aramis. Et maintenant, Messieurs, je vous le répète, excusez-moi, mais de cela seulement, et en garde !


Messieurs, dit-il, je reprendrai, s’il vous plaît, quelque chose à vos paroles. Vous avez dit que vous n’étiez que trois, mais il me semble, à moi, que nous sommes quatre.


Tous pour un, un pour tous, c’est notre devise.
  • Paroles de d'Artagnan


 
D'Artagnan monte la garde en compagnie d'Athos, de Porthos et d'Aramis. Gravure de Maurice Leloir pour une réédition des 'Trois Mousquetaires chez Calmann-Lévy en 1894.
– Votre nom ? demanda le commissaire.

– Athos, répondit le mousquetaire.
– Mais ce n’est pas un nom d’homme, ça, c’est un nom de montagne ! s’écria le pauvre interrogateur qui commençait à perdre la tête.
– C’est mon nom, dit tranquillement Athos.
– Mais vous avez dit que vous vous nommiez d’Artagnan.
– Moi ?
– Oui, vous.
– C’est-à-dire que c’est à moi qu’on a dit : « Vous êtes M. d’Artagnan ? » J’ai répondu : « Vous croyez ? » Mes gardes se sont écriés qu’ils en étaient sûrs. Je n’ai pas voulu les contrarier. D’ailleurs je pouvais me tromper.
– Monsieur, vous insultez à la majesté de la justice.
– Aucunement, fit tranquillement Athos.
– Vous êtes M. d’Artagnan.

– Vous voyez bien que vous me le dites encore.


D’Artagnan admira à quels fils fragiles et inconnus sont parfois suspendues les destinées d’un peuple et la vie des hommes.


La reine entra dans la salle : on remarqua que, comme le roi, elle avait l’air triste et surtout fatigué. Au moment où elle entrait, le rideau d’une petite tribune qui jusque-là était resté fermé s’ouvrit, et l’on vit apparaître la tête pâle du cardinal vêtu en cavalier espagnol. Ses yeux se fixèrent sur ceux de la reine, et un sourire de joie terrible passa sur ses lèvres : la reine n’avait pas ses ferrets de diamants.


Le cardinal s’approcha du roi et lui remit une boîte. Le roi l’ouvrit et y trouva deux ferrets de diamants.

« Que veut dire cela ? demanda-t-il au cardinal.

– Rien, répondit celui-ci ; seulement si la reine a les ferrets, ce dont je doute, comptez-les, Sire, et si vous n’en trouvez que dix, demandez à Sa Majesté qui peut lui avoir dérobé les deux ferrets que voici.


=Le roi tressaillit de joie et le cardinal de colère ; cependant, distants comme ils l’étaient de la reine, ils ne pouvaient compter les ferrets ; la reine les avait, seulement en avait-elle dix ou en avait-elle douze ?


Je vous remercie, madame, lui dit-il, de la déférence que vous avez montrée pour mes désirs, mais je crois qu’il vous manque deux ferrets, et je vous les rapporte. »

À ces mots, il tendit à la reine les deux ferrets que lui avait remis le cardinal.
« Comment, Sire ! s’écria la jeune reine jouant la surprise, vous m’en donnez encore deux autres ; mais alors cela m’en fera donc quatorze ? »

En effet, le roi compta, et les douze ferrets se trouvèrent sur l’épaule de Sa Majesté.


Elle se retourna, non plus comme une femme furieuse mais comme une panthère blessée.


Et maintenant, dit Athos en reprenant son manteau et en replaçant son feutre sur sa tête, maintenant que je t’ai arraché les dents, vipère, mords si tu peux


C'est par mon ordre et pour le bien de l'État que le porteur du présent a fait ce qu'il a fait. 3 décembre 1627. Richelieu
  • Les trois mousquetaires, Alexandre Dumas, éd. Bureaux de l'écho des feuilletons, 1856, chap. XLV, p. 557


Nous avons fait un pari, un pari qui ne pouvait être prévu, et dont je défie qui que ce soit de deviner la véritable cause : nous allons, pour le gagner, tenir une heure dans le bastion. Ou nous serons attaqués, ou nous ne le serons pas. Si nous ne le sommes pas, nous aurons tout le temps de causer et personne ne nous entendra, car je réponds que les murs de ce bastion n’ont pas d’oreilles ; si nous le sommes, nous causerons de nos affaires tout de même


– Avez-vous oublié quelque chose ? demanda Aramis.
– Et le drapeau, morbleu ! Il ne faut pas laisser un drapeau aux mains de l’ennemi, même quand ce drapeau ne serait qu’une serviette.


Ainsi, Athos avait trouvé le mot : affaire de famille.

Aramis avait trouvé l’idée : les laquais.
Porthos avait trouvé le moyen : le diamant.
D’Artagnan seul n’avait rien trouvé, lui ordinairement le plus inventif des quatre ; mais il faut dire aussi que le nom seul de Milady le paralysait.

Ah ! si ; nous nous trompons : il avait trouvé un acheteur pour le diamant.


Ainsi, reprit de Winter en riant, ces beaux cheveux savamment étalés, cette peau blanche et ce langoureux regard ne t’ont pas encore séduit, cœur de pierre ?
– Non, Milord, répondit l’impassible jeune homme, et croyez-moi bien, il faut plus que des manèges et des coquetteries de femme pour me corrompre.


Faible ou forte, répétait Milady, cet homme a donc une lueur de pitié dans son âme ; de cette lueur je ferai un incendie qui le dévorera.


Milady le savait bien, sa plus grande séduction était dans sa voix, qui parcourait si habilement toute la gamme des tons, depuis la parole humaine jusqu’au langage céleste.


Elle venait de lire au plus profond du cœur du jeune homme : la mort de Buckingham y était écrite en toutes lettres.


En débarquant à Portsmouth, Milady était une Anglaise que les persécutions de la France chassaient de La Rochelle ; débarquée à Boulogne, après deux jours de traversée, elle se fit passer pour une Française que les Anglais inquiétaient à Portsmouth, dans la haine qu’ils avaient conçue contre la France.


Vous n’êtes pas une femme, dit froidement Athos, vous n’appartenez pas à l’espèce humaine, vous êtes un démon échappé de l’enfer et que nous allons y faire rentrer.


Milady, pendant le trajet, était parvenue à détacher la corde qui liait ses pieds : en arrivant sur le rivage, elle sauta légèrement à terre et prit la fuite. Mais le sol était humide ; en arrivant au haut du talus, elle glissa et tomba sur ses genoux.
Une idée superstitieuse la frappa sans doute ; elle comprit que le Ciel lui refusait son secours et resta dans l’attitude où elle se trouvait, la tête inclinée et les mains jointes.


Monsieur, dit le cardinal, vous avez été arrêté par mes ordres.

– On me l’a dit, Monseigneur.
– Savez-vous pourquoi ?

– Non, Monseigneur ; car la seule chose pour laquelle je pourrais être arrêté est encore inconnue de Son Éminence.


Je ne tiens pas assez à la vie pour craindre la mort.


Le jeune mousquetaire était en excellente disposition pour trépasser héroïquement.


Richelieu pensait toujours, roulait et déroulait le papier dans ses mains. Enfin il leva la tête, fixa son regard d’aigle sur cette physionomie loyale, ouverte, intelligente, lut sur ce visage sillonné de larmes toutes les souffrances qu’il avait endurées depuis un mois, et songea pour la troisième ou quatrième fois combien cet enfant de vingt et un ans avait d’avenir, et quelles ressources son activité, son courage et son esprit pouvaient offrir à un bon maître.
D’un autre côté, les crimes, la puissance, le génie infernal de Milady l’avaient plus d’une fois épouvanté. Il sentait comme une joie secrète d’être à jamais débarrassé de ce complice dangereux.


D’Artagnan prit possession de son grade. Porthos quitta le service et épousa, dans le courant de l’année suivante, Mme Coquenard, le coffre tant convoité contenait huit cent mille livres. [...]

Aramis, après un voyage en Lorraine, disparut tout à coup et cessa d’écrire à ses amis. [...]
Athos resta mousquetaire sous les ordres de d’Artagnan jusqu’en 1633, époque à laquelle, à la suite d’un voyage qu’il fit en Touraine, il quitta aussi le service sous prétexte qu’il venait de recueillir un petit héritage en Roussillon. [...]
D’Artagnan se battit trois fois avec Rochefort et le blessa trois fois.

Je vous tuerai probablement à la quatrième, lui dit-il en lui tendant la main pour le relever.


Le cœur de la meilleure femme est impitoyable pour les douleurs d'une rivale.
  • Les trois mousquetaires, Alexandre Dumas, éd. Pocket, 2006, p. 404


Sources du roman

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Gatien de Courtilz de Sandras, Mémoires de Monsieur d'Artagnan (apocryphes), 1700

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Celui des Mousquetaires que j’accostai s’appelait Porthos et était voisin de mon père de deux ou trois lieues. Il avait deux frères dans la Compagnie dont l’un s’appelait Athos et l’autre Aramis. Mr. de Tréville les avait fait venir tous trois du pays, parce qu’ils y avaient mené quelques combats, qui leur avaient donné beaucoup de réputation dans la Province.
  • Mémoires de Monsieur d'Artagnan (1700), Gatien de Courtilz de Sandras, éd. Édouard Glissant, 1966, chap. 2, p. url (texte intégral sur Wikisource)


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