École nationale d'administration
L’École nationale d'administration (ENA) est une grande école française créée en 1945 pour « démocratiser » l'accès à la haute fonction publique de l'État. Elle est chargée aujourd'hui d'assurer la sélection et la formation initiale et continue des hauts fonctionnaires.
Citations
modifierJe suis un rescapé. J'ai failli sombrer. J'ai fait l'ENA. ce n'est pas une école, c'est un moule, un laminoir sémantique qui vous broie : vous y entrez avec trois mille mots, vous en sortez avec trente seulement, le cerveau formaté, hors de vos neurones et le cœur vide.
- Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe De Villiers, éd. Albin Michel, 2015, p. 21
La matrice sémantique apprend aux futurs hauts fonctionnaires à maîtriser les éléments de langage qui leur seront utiles tout au long de leur carrière. Les énarques formeront un réseau, ils obéissent aux énarques. Ils leur faut faire acte d'allégeance, moins à l'état qu'à ceux qui sont entrés dans la carrière avant eux.
Le concours de sortie fonctionne comme une liste d'aptitude, l'aptitude à couler le pays et à se couler dans le moule de la haute fonction publique, à en adopter les codes, la phraséologie et le mode de raisonnement. Derrière les néologismes, les sigles et le sabir mêlé de mots anglo-saxons, la socialisation par imprégnation de l'ENA a pour but de produire des individus conformes, dociles et policés, et de parvenir à l'unité de langage, de méthode et d'esprit.
- Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe De Villiers, éd. Albin Michel, 2015, p. 25
Comme le disait, avec sa truculence, Jean Puybasset, mon directeur de stage : « Ces petits messieurs apprennent le fumet du pouvoir dans les palais de la République et acquièrent ainsi le droit de mettre les grandes entreprises publiques en déconfiture. » Ils sont les membres respectés de cette technocratie d'État : en se partageant le pouvoir, ils ont inventé le fameux modèle français avec six cents milliards d'euros de transferts sociaux et 45% de prélèvements obligatoires.
- Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe De Villiers, éd. Albin Michel, 2015, p. 26