Alexis Léontiev

psychologue soviétique

Alexis Nikolaïevitch Leontiev (en russe : Алексей Николаевич Леонтьев ; 1903-1979) est un psychologue soviétique spécialiste de la psychologie du développement. Il collabore avec Alexandre Luria et Lev Vygotski. Malgré une approche antagoniste et donc complémentaire « conscience humaine (Lev Vygotski) <> activité externe (Alexis Léontiev) », Léontiev contribue à faire (re)connaître l'œuvre de Vygotski s'opposant ainsi au comportementalisme (pavlovisme, behaviorisme, innéisme) hégémonique dans le monde dont en URSS.

Le Développement du psychisme, 1947

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La force de ce préjugé profondément ancré dans les esprits, selon lequel le développement spirituel de l'homme prend sa source en lui-même, est si grande qu'elle conduit à poser le problème à l'envers.
  • Le Développement du psychisme (1947), Alexis Léontiev (trad. dir de coll : F. Cohen), éd. Editions Sociales (Ouvertures), 1976, p. 274


Le fond du problème n'est donc pas dans l'aptitude ou l'inaptitude des gens à se rendre maître des acquis de la culture humaine, à en faire les acquis de sa personnalité et à y apporter sa contribution. Le fond du problème est que chaque homme, chaque peuple ait la possibilité de prendre la voie d'un développement que rien n'entrave. Tel est le but vers lequel doit tendre maintenant l'humanité tournée vers le progrès. Ce but est accessible. Mais il ne l'est que dans les conditions qui permettent de libérer réellement les hommes du fardeau du besoin matériel, de supprimer la division mutilatrice entre travail intellectuel et travail physique, de créer un système d'éducation leur assurant un développement multilatéral et harmonieux en tant que créateur à toutes les manifestations de la vie humaine.
  • Le Développement du psychisme (1947), Alexis Léontiev (trad. dir de coll : F. Cohen), éd. Editions Sociales (Ouvertures), 1976, p. 274


Les résultats obtenus par des tests destinés à mesurer le « quotient intellectuel » ne donnent dans le meilleur cas qu'une indication extrêmement superficielle sur le niveau de développement. Ils ne révèlent rien, bien évidemment, sur la nature de la déficience, et ne peuvent rien expliquer. Ils créent seulement l'illusion d'une explication. C'est pourquoi ils n'apportent aucune indication sur les méthodes à employer pour surmonter la déficience intellectuelle d'un enfant ou d'un groupe d'enfants. Bien au contraire, en prétendant étudier un facteur actif prétendument stable et fournir des indications pronostiques décisives, ils entretiennent l'idée d'une fatalité de la déficience mentale et freinent ainsi le développement de méthodes pédagogiques actives, scientifiques et différenciées à l'intention des enfants handicapés.
Le plus grave est que le sort d'un enfant se décide souvent en fonction du « quotient intellectuel » ainsi établi. Et ce en dépit du fait que la variabilité de ce coefficient ait été prouvée non seulement par la pratique, mais aussi par des recherches spéciales, portant en particulier sur les jumeaux.
  • Le Développement du psychisme (1947), Alexis Léontiev (trad. dir de coll : F. Cohen), éd. Éditions Sociales (Ouvertures), 1976, p. 311