Aloysius Bertrand
Louis Jacques Napoléon Bertrand, dit Aloysius Bertrand est un poète, dramaturge et journaliste français, né le 20 avril 1807 à Ceva (Piémont), mort le 29 avril 1841, à l'hôpital Necker de Paris. Son recueil de poèmes le plus connu est Gaspard de la Nuit, paru en 1842, et qui lui vaut d'être considéré comme l'inventeur de la poésie en prose.
Gaspard de la Nuit, 1842
modifierDijon se lève ; il se lève, il marche, il court ! trente dindelles carillonnent dans un ciel bleu d’outremer comme en peignait le vieil Albert Dürer. La foule se presse aux hôtelleries de la rue Bouchepot, aux étuves de la porte aux Chanoines, au mail de la rue Saint-Guillaume, au change de la rue Notre-Dame, aux fabriques d’armes de la rue des Forges, à la fontaine de la place des Cordeliers, au four banal de la rue de Bèze, aux halles de la place Champeaux, au gibet de la place Morimont ; bourgeois, nobles, vilains, soudrilles, prêtres, moines, clercs, marchands, varlets, juifs, lombards, pèlerins, ménestrels, officiers du parlement et de la Chambre des comptes, officiers des gabelles, officiers de la monnaie, officiers de la gruerie, officiers de la maison du duc : qui clament, qui sifflent, qui chantent, qui geignent, qui prient, qui maugréent, — dans des basternes, dans des litières, à cheval, sur des mules, sur la haquenée de saint François.
- Dijon décrit par Gaspard.
- Gaspard de la Nuit (1842), Aloysius Bertrand, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1980, Gaspard de la Nuit, p. 67
Cette aventure, continua-t-il, me donna à réfléchir. — Je réfléchis que, puisque Dieu et l’amour étaient les premières conditions de l’art, ce qui dans l’art est sentiment, — Satan pourrait bien être la seconde de ces conditions, ce qui dans l’art est idée. — N’est-ce pas le diable qui a bâti la cathédrale de Cologne ?
- Gaspard décrit au narrateur sa recherche de l'art.
- Gaspard de la Nuit (1842), Aloysius Bertrand, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1980, Gaspard de la Nuit, p. 72
Ils étaient là une douzaine qui mangeaient la soupe à la bière, et chacun d’eux avait pour cuillère l’os de l’avant-bras d’un mort.
- Premiers mots du poème.
- Gaspard de la nuit (1842), Aloysius Bertrand, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1980, Départ pour le sabbat, p. 103
— « Écoute ! — Écoute ! — C’est moi, c’est Ondine qui frôle de ces gouttes d’eau les losanges sonores de ta fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune (...)
- Premiers mots du poème.
- Gaspard de la nuit (1842), Aloysius Bertrand, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1980, Ondine, p. 149
« Que tu meures absous ou damné, marmottait Scarbo cette nuit à mon oreille, tu auras pour linceul une toile d’araignée, et j’ensevelirai l’araignée avec toi ! »
- Premiers mot du poème.
- Gaspard de la nuit (1842), Aloysius Bertrand, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1980, Scarbo, p. 149