Andrus Kivirähk
écrivain estonien
Andrus Kivirähk, né le à Tallinn, est un romancier, nouvelliste et auteur de livres pour enfants, chroniqueur, dramaturge et scénariste estonien.
L'Homme qui savait la langue des serpents, 2007
modifierElle s'ennuyait au village, vu qu'elle ne s'intéressait pas aux travaux des champs ; pendant que son mari allait labourer, tout faraud, elle traînait dans les bonnes vieilles forêts qu'elle connaissait bien, et c'est ainsi qu'elle fit la connaissance d'un ours. La suite est claire comme de l'eau de roche, c'est d'une telle banalité. Bien peu de femmes leur résistent, ils sont si grands, si tendres, si gauches, si velus. Et puis ce sont des séducteurs nés, les femmes les attirent à ce point qu'ils ne perdent jamais une occasion de s'approcher de l'une d'entre elles pour lui grogner quelque chose à l'oreille. Dans le temps, lorsque notre peuple vivait encore en majorité dans la forêt, il y avait sans arrêt des histoires de femmes qui s'acoquinaient avec des plantigrades, jusqu'à ce que le mari tombe sur les amoureux et chasse le grand brun.
- L'Homme qui savait la langue des serpents (2007), Andrus Kivirähk (trad. Jean-Pierre Minaudier), éd. Le Tripode, 2013, chap. 2, p. 21
Cela faisait plusieurs générations que les gens avaient commencé à se désintéresser de la langue des serpents, et nos parents ne savaient déjà plus que quelques mots parmi les plus courants et les plus simples, comme celui qui force un élan ou un chevreuil à s'approcher et à se laisser égorger, ou bien celui qui calme les loups, ainsi que les formules de conversation courante, au sujet du temps qu'il fait et ce genre de choses, qu'il convenait d'employer pour saluer les reptiles qui rampaient auprès de vous.
- L'Homme qui savait la langue des serpents (2007), Andrus Kivirähk (trad. Jean-Pierre Minaudier), éd. Le Tripode, 2013, chap. 4, p. 37
Les Groseilles de novembre, 2000
modifierAh, tiens ! tu mériterais que ta goinfrerie te conduise à la tombe ! s'exclama le granger. Ton dessert oriental, c'était du savon ! Les maîtres s'en servent pour se laver.
- Les Groseilles de novembre (2000), Andrus Kivirähk (trad. Antoine Chalvin), éd. Le Tripode, 2014, chap. 1, p. 11