Camilo José Cela

écrivain espagnol

Camilo José Cela, né à Padrón le 11 mai 1916 et mort à Madrid le 17 janvier 2002, est un écrivain espagnol, lauréat du Prix Nobel de littérature de 1989. Lorsque la Guerre civile espagnole éclate en 1936, il se range du côté des nationalistes pour, quelques années plus tard, mieux rejeter la dictature franquiste. Il subit plus d'une fois la censure du régime de Franco, alors que son premier roman, La Famille de Pascal Duarte, fut interdit dès sa deuxième édition et que La Ruche, son œuvre la plus célèbre, dut d'abord être publiée à Buenos Aires. Romancier, poète et essayiste, Cela s'adonna non seulement à plusieurs genres littéraires, mais tâcha également d'innover quant à la forme à privilégier pour ses ouvrages de fiction.

Camilo José Cela

La Ruche (La Colmena, 1951)

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« C'est ça la vie — pense [Martín Marco]. Avec ce que les uns dépensent pour faire leurs besoins bien à leur aise, les autres on aurait de quoi manger pour un an. C'est bien ça ! Les guerres, on devrait les faire pour qu'il y ait moins de gens qui fassent leurs besoins bien à leur aise et que le reste puisse manger un peu mieux. L'ennui, c'est que les intellectuels, allez donc savoir pourquoi, on continue à mal manger et à faire nos trucs dans les cafés. Ah, bon Dieu ! »
  • La Ruche (1958), Camilo José Cela (trad. Henri L. P. Astor), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1996, p. 71


— Cette distinction des pauvres et des riches — dit [Martín] parfois — c'est pas bien ; il vaudrait mieux être tous égaux, ni très pauvres, ni très riches, tous dans un juste milieu. L'Humanité, il faut la réformer. On devrait nommer une commission de savants qui seraient chargés de réformer l'Humanité. Au début ils s'occuperaient de petites choses, d'enseigner aux gens le système métrique décimal, par exemple, et après, quand ils seraient bien rodés, ils s'en prendraient aux choses plus importantes et pourraient même faire démolir les villes pour les rebâtir, toutes pareilles, avec des rues bien droites et le chauffage dans chaque maison. Ça reviendrait un peu cher, mais dans les banques il doit bien y avoir de l'argent de reste.
  • La Ruche (1958), Camilo José Cela (trad. Henri L. P. Astor), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1996, p. 71


L'enfant n'a pas un visage humain, il a une tête d'animal domestique, de bête souillée, avilie par la basse-cour. Il est trop jeune pour que la douleur ait déjà tracé la balafre du cynisme — ou de la résignation — sur son visage, et il a une belle et naïve expression, l'expression stupide de quelqu'un qui ne comprend rien à ce qui se passe. Tout ce qui se passe est un miracle pour le petit gitan, qui est né par miracle, qui mange par miracle, qui vit par miracle et qui a, par pur miracle, assez de forces pour chanter. Après les jours viennent les nuits, après les nuits viennent les jours. L'année a quatre saisons : le printemps, l'été, l'automne, et l'hiver. Il y a des vérités que l'on sent dans son corps, comme la faim ou l'envie d'uriner.
  • La Ruche (1958), Camilo José Cela (trad. Henri L. P. Astor), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1996, p. 76-77


« La pitié est l'antidote du suicide, puisque c'est un sentiment qui procure du plaisir et qui nous fournit, à petites doses, la jouissance de la supériorité. »
  • La Ruche (1958), Camilo José Cela (trad. Henri L. P. Astor), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1996, p. 88


— Une question de chance ? Voilà l'erreur ! La chance n'existe pas, mon ami, la chance c'est comme les femmes, elle se donne à ceux qui la poursuivent et non à celui qui les regarde passer dans la rue sans même leur dire un mot !
  • La Ruche (1958), Camilo José Cela (trad. Henri L. P. Astor), éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1996, p. 224-25


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