Carnac est un long poème (divisé en nombreuses séquences) d'Eugène Guillevic, publié en 1961.

Mer au bord du néant
Qui se mêle au néant

Pour mieux savoir le ciel,
Les plages, les rochers,

Pour mieux les recevoir.

  • Premiers vers du poème.
  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 143


Femme vêtue de peau
Qui façonne nos mains,

Sans la mer dans tes yeux,
Sans ce goût de la mer que nous prenons en toi,

Tu n'excéderais pas
Le volume des chambres.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 143


J'ai joué sur la pierre
De mes regards et de mes doigts

Et mêlées à la mer,
S'en allant sur la mer,
Revenant par la mer,

J'ai cru à des réponses de la pierre.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 144


Ne jouerons-nous jamais
Ne serait-ce qu'une heure,
Rien que quelques minutes,
Océan solennel,

Sans que tu aies cet air
De t'occuper ailleurs ?

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 145


Je veux te préférer,
Incernable océan,

Les bassins que tu fais
Jusqu'aux marais salants.

Là je t'ai vu dormir
Avec d'autres remords.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 146


Mer sans vieillesse,
Sans plaie à refermer,
Sans ventre apparemment

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 149


De la mer aux menhirs,
Des menhirs à la mer,

La même route avec deux vents contraire
Et celui de la mer
Plein du meurtre de l'autre.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 150


Le soleil, la mer,
Lequel de vous deux
Prétend calmer l'autre

Au moyen de quoi ?

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 165


Toujours les mêmes terres
A caresser toujours
Jamais un corps nouveau
Pour t'essayer à lui.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 172


Pour garder tes nuits,
As-tu supplié
Parfois les rochers ?

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 181


Ton père :
Le silence.

Ton devoir :
Le mouvement.

Ton refus :
La brume.

Tes rêves.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 187


Alignés, les menhirs,
Comme si d'être en ligne
Devait donner des droits.

  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 196


Toi, ce creux
Et définitif

Moi qui rêvais
De faire équilibre.

  • Derniers vers du poème.
  • Carnac, Guillevic, éd. Gallimard, 1961, p. 209