Christian Millau

écrivain, journaliste, grand reporter et critique gastronomique français

Christian Millau, né à Paris le 30 décembre 1928 (de son véritable nom Christian Dubois-Millot) et mort le 5 août 2017, est un écrivain, journaliste, grand reporter et critique gastronomique français. Il est le cofondateur, avec Henri Gault, du guide Gault et Millau.

Journal d'un mauvais Français, 2012 modifier

Gaston Bachelard ressemblait moins à un être humain qu'à un chêne rouvre, magnifique, à l'écorce épaisse comme l'arbre de Zeus, entre la terre des hommes et le monde des dieux, qu'on venait consulter à Dodone, en Epire. Les mouvements de son feuillage dans le vent avaient valeur d'oracle. Un chêne, comme il en pousse aussi dans les plus belles futaies de France et d'Amérique, solide sur ses pattes jusqu'à ses cinq cents ou même mille ans. Sa barbe blanche, échappée de ses joues et de son menton, lui faisait une guirlande pareille à la mousse espagnole dont se brodent les chênes en Louisiane.
  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 89


Il va se soi que Reynald Secher n'est pas en odeur de sainteté dans les vestibules du prêt-à-penser universitaire. Des historiens, comme Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean Tulard, Jean-Christian Petitfils, Jean Sevillia, Stéphane Courtois et bien d'autres, qui ont pris fait et cause pour la « thèse » du « génocide », on n'ose pas dire ouvertement que ce sont des « fachos », mais on n'en est pas loin. La révolution française est taboue.
  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 120


On a dit de la France qu'elle était moisie. Je dirais plutôt que, tremblotante et frileuse, elle se couvre de lois et d'interdits comme les vieillards se couvrent de petites laines. L'air y devient aussi lourd que dans une caserne, et gare à ceux qui feraient mine d'endosser un uniforme de fantaisie. On ne les enverrait pas au galères — les nôtres, à propulsion nucléaire, ayant souvent du mal à démarrer —, mais peut-être qu'en punition on leur donnerait à recopier cent fois les trente pages de Stéphane Hessel.
  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 149


Sur les chaînes de télévision, la sempiternelle excuse avancée par leurs décideurs incultes est que la musique classique, « ça n'intéresse personne », et que « ça bousille l'audimat ». Ah bon ? Et, alors, les files interminables aux guichets de l'Opéra, les grands concerts qui affichent complet et les salles de cinéma, toujours combles, où l'on retransmet les soirées du Met' de New York, on l'explique comment ? On ramasse les gens dans la rue et on les met de force dans des autobus ?
  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 166


Que penser d'Aragon, quand il proclamait les vertus du goulag (« Je veux venter la science prodigieuse de la rééducation de l'homme qui fait d'un criminel un homme utile, un homme selon l'Histoire »); quand il s'extasiait sur « l'extraordinaire expérience du canal de la mère blanche » et saluait « ce moment de l'histoire de l'humanité qui ressemble à la période du passage du singe à l'homme »; quand il applaudissait Staline pour avoir signé un pacte avec Hitler ; ou quand, à la une de son journal ; les lettres françaises, il pleurait longuement la mort de celui que ses amis nommaient « le guide génial de l'humanité ».
  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 233


Et que penser de Jean-Paul Sartre, qui a lui aussi son nom au fronton de certains lycées ? Sartre — qui, ne parvenant jamais à trouver le numéro de téléphone de la Résistance, n'eut pas une Occupation trop glorieuse — fit des allers-retours tellement tordus qu'on a du mal a les suivre. il faut tout de même se souvenir qu'en 1941 il s'était fort bien accommodé de sa nomination au poste d'un titulaire juif révoqué ; qu'en 1947 il déclarait qu'entre les États-Unis et l'URSS il choisirait toujours le parti de l'Union soviétique ; que, sans nier l'existence du goulag, il refusait d'en faire le reproche au pouvoir soviétique, [...]

il affirmait avec un bel aplomb qu'« en union soviétique, la liberté de la critique est totale », et aussi, en passant, que De Gaulle était un « maquereau », un « monstre », un « porc ».

  • Journal d'un mauvais Français, Christian Millau, éd. Édition du Rocher, 2012  (ISBN 978-2-268-07403-0), p. 234