Comte de Lautréamont
écrivain français
Isidore Lucien Ducasse (4 avril 1846, Montevideo, Uruguay – 24 novembre 1870, Paris), plus connu par son pseudonyme de Comte de Lautréamont (qu'il emprunta très probablement au Latréaumont d’Eugène Sue), est un poète franco-uruguayen, auteur des Chants de Maldoror et de deux fascicules, Poésies I et Poésies II.
Citations propres à l'auteur
modifierJ'établirai dans quelques lignes comment Maldoror fut bon pendant ses premières années, où il vécut heureux ; c'est fait.
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant I, 2, p. 4 (texte intégral sur Wikisource)
Vieil océan, ta forme harmonieusement sphérique, qui réjouit la face grave de la géométrie, ne me rappelle que trop les petits yeux de l'homme, pareils à ceux du sanglier pour la petitesse, et à ceux des oiseaux de nuit pour la perfection oculaire du contour.
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. NRF, 1973, chant I, p. 31 (texte intégral sur Wikisource)
Fossoyeur, il est beau de contempler les ruines des cités ; mais, il est plus beau de contempler les ruines des humains !
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant I, 5, p. 44 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 25 décembre 2009.
L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non. Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux.
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1973, chant II, 9, p. 85 (texte intégral sur Wikisource)
Arithmétique ! Algèbre ! Géométrie ! Trinité grandiose ! Triangle lumineux ! Celui qui ne vous a pas connues est un insensé !
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant II, 10, p. 85 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 4 septembre 2021.
Mais, je ne me plaindrai pas. J’ai reçu la vie comme une blessure, et j’ai défendu au suicide de guérir la cicatrice. Je veux que le Créateur en contemple, à chaque heure de son éternité, la crevasse béante. C’est le châtiment que je lui inflige.
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant III, p. 130 (texte intégral sur Wikisource)
[…] beau comme la rétractilité des serres des oiseaux rapaces ; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure ; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille ; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie !
- « Les Chants de Maldoror », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, chant VI, 1, p. 256 (texte intégral sur Wikisource)
Poésies I, 1870
modifierToute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuelle.
- « Poésies I », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, p. 314 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 1 avril 2009.
La vraie douleur est incompatible avec l'espoir.
- « Poésies I », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, p. 308 (texte intégral sur Wikisource)
Poésies II, 1870
modifierLe sommeil est une récompense pour les uns, un supplice pour les autres. Pour tous, il est une sanction.
- « Poésies II », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, p. 317 (texte intégral sur Wikisource)
Le doute est un hommage rendu à l'espoir. Ce n’est pas un hommage volontaire. L’espoir ne consentirait pas à n’être qu’un hommage.
- « Poésies II », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, p. 321 (texte intégral sur Wikisource)
Le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée juste.
- Poésies II, Isidore Ducasse (alias Comte de Lautréamont), éd. Librairie Gabrie, 1870, p. 6 (texte intégral sur Wikisource)
La poésie doit être faite par tous. Non par un.
- « Poésies II », dans Œuvres complètes, Lautréamont, éd. Guy Lévis Mano, 1938, p. 327 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 21 janvier 2011.
D'autres auteurs le concernant
modifierLes « beau comme » de Lautréamont constituent le manifeste même de la poésie convulsive. Les grand yeux clairs, aube ou aubier, crosse de fougère, rhum ou colchique, les plus beaux yeux de musées et de la vie à leur approche comme les fleurs éclatent s'ouvrent pour ne plus voir, sur toutes les branches de l'air. Ces yeux, qui n'expriment plus que sans nuance l'extase, la fureur, l'effroi, ce sont les yeux d'Isis (« Et l'ardeur d'autrefois... »), les yeux des femmes données aux lions, les yeux de Justine et de Juliette, ceux de Matilde de Lewis, ceux de plusieurs visages de Gustave Moreau, de certaines des têtes de cire les plus modernes.
- L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 14 (voir la fiche de référence de l'œuvre)