Crépuscule
période entre la nuit et le lever du soleil ou entre le coucher du soleil et la nuit
Le crépuscule est la lueur atmosphérique présente avant le lever ou après le coucher du soleil.
Littérature
modifierProse poétique
modifierRobert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927
modifierQuand il sortit, au crépuscule, la chanson des fontaines publiques peuplait les rues de sirènes imaginaires. Elles s’enlaçaient, tournaient et se traînaient jusqu’aux pieds du corsaire. Muettes, elles imploraient du conquérant la chanson qui les rendrait aux limbes maritimes, mais lui, le gosier sec, ne troubla pas de sa voix les rues et les murs sonores car ses yeux lucides, plus lucides que les yeux de la réalité, discernaient par-delà le désert et les régions habitées l’ombre de la robe de celle que j’aime et à laquelle je n’ai pas cessé de penser depuis que ma plume, animée quoique partie du mouvement propre à l’ensemble, vole dans le ciel blafard du papier.
- La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962 (ISBN 978-2-07-027695-0), IV. La brigade des jeux, p. 47
Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958
modifierTravaux du poète
J'écris sur la table crépusculaire, en appuyant la plume sur sa poitrine presque vivante, qui gémit et se souvient de la forêt natale.
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VI, p. 51
Renée Dunan, La Culotte en jersey de soi, 1923
modifier— Jacques, puisque seul tu connais le langage de tes serviteurs, dis-leur donc de nous préparer quelques-uns de ces cocktails qui aident la poésie du crépuscule...
- La Culotte en jersey de soi (1923), Renée Dunan, éd. Le Cercle Poche, 2011 (ISBN 978-2-84714-152-8), p. 16
Tandis que, comme en rêve, on étale toujours devant nous d'autres parterres, vous vous penchez longuement sur ces fleurs enveloppées d'ombre comme si c'était moins pour les respirer que pour leur ravir leur secret et un tel geste, à lui seul, est la plus émouvante réponse que vous puissiez faire à cette question que je ne vous pose pas. Cette profusion de richesses à nos pieds ne peut manquer de s'interpréter comme un luxe d'avances que me fait à travers elle, plus encore nécessairement à travers vous, la vie. Et d'ailleurs, vous si blonde, physiquement si attirante au crépuscule du matin, c'est trop peu dire qu'ajouter que vous ne faites qu'un avec cet épanouissement même.
- L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 74 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Orphée a passé par là, entraînant côte à côte le tigre et la gazelle. Les lourds serpents se déroulent et choient autour du banc circulaire sur lequel nous nous sommes assis pour jouir du profond crépuscule qui trouve à midi le moyen de se partager le jardin avec le grand jour. Ce banc, qui fait le tour d'un arbre de plusieurs mètres de rayon, je brûle de l'appeler le banc des fièvres.
- L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 109 (voir la fiche de référence de l'œuvre)