Delphine Horvilleur

femme rabbin, directrice de la rédaction du journal Tenou'a, essayiste française

Delphine Horvilleur , née le à Nancy, est une femme rabbin du Mouvement juif libéral de France (MJLF).

Delphine Horvilleur (2019).

Citations modifier

[Les héros de la tradtion juive] sont ce que Derrida appelait «le dernier des juifs» au sens de «dernier des cons» ! Ils sont toujours in and out, ils appartiennent et n’appartiennent pas tout à la fois. Ils sont sans cesse en train de s’arracher au monde qui les a vu naître. Ils sont donc des héritiers fidèles car ils se décrochent de leur appartenance première ! C’est vrai d’Abraham, de Jacob, des prophètes et des héros que l’on encense : ils sont vulnérables et ne sont pas toujours des modèles ! [...] [la littérature juive] met un point d’honneur à rendre ses héros faillibles. Cela a un grand avantage : le lecteur peut s’identifier plus facilement. On est ainsi plus proche de l’anti-héros et de ses petits (ou grands) travers que d’une figure parfaite, réputée infaillible, comme on en trouve souvent dans le Coran. Voyez plutôt : les Juifs n’ont aucun problème à dire que Noé n’était pas un super type, que Moïse s’est révélé être un mauvais père et un mauvais mari, que le roi David s’est lui-même trompé en plusieurs occasions… La littérature juive tire de cela un message puissant : c’est parce que ces héros sont faillibles, parce qu’ils se trouvent être peu qualifiés pour le rôle qu’on leur attribue qu’ils peuvent accéder à la fonction… Isaac est aveugle ? Il se retrouve visionnaire ! Jacob boîte ? Il incarnera la verticalité ! La leçon est la suivante : on n’a jamais fini de dire qui on peut être ! Cela brise donc l’obsession de l’identité pure, du retour à l’authenticité à tout prix comme elle est en vogue aujourd’hui…
  • Propos recueillis par Laurent David Samama
  • « Delphine Horvilleur : l’entretien fleuve », Laurent David Samama, La Règle du jeu, 28 février 2019 (lire en ligne)


Réflexions sur la question antisémite, 2019 modifier

La féminisation du Juif ne touche pas que son caractère, de nombreux textes antisémites suggèrent que la virilité fait biologiquement défaut au corps juif, et pas simplement à son esprit. Dès le Moyen Âge, fleurit une littérature antijuive qui affirme que le corps de l'homme juif saigne chaque mois, par l'un ou l'autre de ses organes, le nez ou l'anus, de préférence.
  • Réflexions sur la question antisémite, Delphine Horvilleur, éd. Grasset, 2019  (ISBN 978-2-246-81552-5), p. 87


Tout le paradoxe est là. L'antisémite croit qu'il reproche au juif d'AVOIR quelque chose qu'il n'a pas… mais il reproche aussi au juif de NE PAS AVOIR quelque chose mais plutôt de bien vivre sans. Cachez ce trou que je ne saurais voir ! Non seulement le juif renvoie à l'impossible identité infaillible, non seulement il incarne le vide dont on voudrait se débarrasser, mais en plus il vit avec, et même il « sur-vit » et il en fait le fondement de son infinie renaissance.
  • Réflexions sur la question antisémite, Delphine Horvilleur, éd. Grasset, 2019  (ISBN 978-2-246-81552-5), p. 110


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