Dominique de Villepin
Dominique de Villepin, né le 14 novembre 1953 à Rabat (Maroc), est un écrivain, diplomate et homme politique français, Premier ministre français du 31 mai 2005 au 15 mai 2007. Il est président de son propre mouvement politique République Solidaire.
Guerre en Irak
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- Discours contre la guerre en Irak, 14 février 2003, New York, Conseil de sécurité des Nations unies, dans texte intégral sur Wikisource, Dominique de Villepin.
- Discours contre la guerre en Irak, 14 février 2003, New York, Conseil de sécurité des Nations unies, dans texte intégral sur Wikisource, Dominique de Villepin.
- Citation choisie pour le 28 novembre 2010.
- Discours contre la guerre en Irak, 14 février 2003, New York, Conseil de sécurité des Nations unies, dans texte intégral sur Wikisource, Dominique de Villepin.
Le soleil noir de la puissance, 1796-1807
modifierLorsqu'une déplorable faiblesse se manifeste dans les conseils du pouvoir, une inquiétude vague se répand dans la société, elle semble chercher un homme qui puisse la sauver. Le génie tutélaire, une nation nombreuse le renferme toujours dans son sein ; mais quelquefois il tarde à paraître. En effet, il ne suffit pas qu'il existe, il faut qu'il soit connu ; il faut qu'il se connaisse lui-même... Mais que ce sauveur impatiemment attendu donne tout à coup un signe d'existence, l'instinct national le devine et l'appelle, les obstacles s'aplanissent devant lui, et tout un grand peuple, volant sur son passage, semble dire : le voilà !
- Propos repris du Mémorial de Sainte-Hélène
- Le soleil noir de la puissance, Dominique de Villepin, éd. Perrin, 2007 (ISBN 978-2-262-02713-1), p. 123
Après l'hérédité monarchique et le nivellement égalitaire jacobin, il invente une troisième voie : la méritocratie, seule à même de faire cohabiter l'indispensable égalité et la non moins indispensable existence d'une élite. Après le « à chacun selon sa naissance et son rang », après « l'égalité ou la mort », son « à chacun selon ses talents » s'incarne dans la création de la Légion d'honneur, la fondation qui porte le plus sa signature car elle traduit par le haut l'égalité des chances et sert d'antidote à l'esprit bourgeois dont le nouveau César méprise l’égoïsme et redoute la prolifération.
- Le soleil noir de la puissance, Dominique de Villepin, éd. Perrin, 2007 (ISBN 978-2-262-02713-1), p. 180
L'honneur comme antidote à l’égoïsme de la bourgeoisie, l'honneur comme pilier moral d'un régime qui donne à nouveau un sens et un avenir. Si une partie de son œuvre a consisté à calmer les passions en rétablissant l'ordre, le clergé et la propriété, l'autre versant, celui du mouvement, obéit à la religion de la gloire qui élève en faisant appel à la conjugaison du sacrifice et de la transcendance. Alchimie effervescente qui se confond avec la personnalité du chef de l'État et explique sa force d'attraction sur les contemporains et la postérité.
- Le soleil noir de la puissance, Dominique de Villepin, éd. Perrin, 2007 (ISBN 978-2-262-02713-1), p. 236
Soudée par la conviction d'appartenir à une famille et de servir la grandeur de la France, cette Grande Armée avale des étapes infernales avec le sourire, combat avec un courage qui assure sa réputation dans l'armée entière. « Il y avait, dans cette armée d'élite, un esprit de corps admirable. Il ne s'agissait pas d'arriver le premier, mais d'arriver ensemble. La valeur y était compacte, indivisible », s'enthousiasme Norvins avant de conclure : « Qu'il était beau alors d'être Français ! »
- Le soleil noir de la puissance, Dominique de Villepin, éd. Perrin, 2007 (ISBN 978-2-262-02713-1), p. 390
L'émotion atteint son paroxysme quand Napoléon découvre les restes du 14e de ligne, perdu au milieu des lignes russes et massacré au terme d'une résistance héroïque : « La mort n'avait rien dérangé de l'ordre où se tenait ce glorieux corps [...] témoigne Billon. Officiers, sous-officiers et soldats morts, chacun gardait la place qu'il occupait vivant. La neige autour d'eux et sous eux était rouge de sang. » L'Empereur se recueille en silence. « J'entendis le maréchal Bessières s'écrier tout haut : Ils sont rangés comme des moutons. — Dites comme des lions, répondit l'Empereur ; cette demi-brigade, sur le plateau de Rivoli, je l'avais surnommée La Brave ; à Eylau elle a mis le comble à son illustration. »
- Le soleil noir de la puissance, Dominique de Villepin, éd. Perrin, 2007 (ISBN 978-2-262-02713-1), p. 453
La chute ou l’Empire de la solitude, 1807-1814
modifierDe la domination impériale, les peuples ne retiennent donc que le prix à payer d'emblée, le bénéfice des réformes allant à leurs descendants. Ce n'est logiquement qu'après sa chute qu'on comprendra les bienfaits qu'il a inoculés. Ce décalage explique pour l'essentiel le triomphe de la légende et a contrario l'échec immédiat. Ecart dramatique entre le temps de l'action et celui du résultat, qui explique pour beaucoup la difficulté du politique à réformer.
- La chute ou l’Empire de la solitude, Dominique de Villepin, éd. Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2008 (ISBN 978-2-262-02768-1), p. 92
La France de la Révolution, âme des armées impériales, se dissout dans ces armées cosmopolites ; La France se noie dans sa conquête. Les causes de l'élévation posent les causes de la chute. Napoléon, par le jeu même de son génie, devient l'instrument de la catastrophe, comme il l'a été de la grandeur. En cela, véritablement, il est l'homme du destin.
- La chute ou l’Empire de la solitude, Dominique de Villepin, éd. Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2008 (ISBN 978-2-262-02768-1), p. 98
En quelques instants, les doigts et les pieds gèlent. Les chevaux, en dépit des supplications de Caulaincourt, n'ont pas été ferrés à glace. En conséquence, ils glissent, tombent et meurent, entraînant dans leur chute canons et fourgons, voitures de civils, femmes et blessés, bientôt laissés à l'agonie faute de pouvoir les transporter. On assiste à une catastrophe en chaîne. Affamé, meurtri par le gel, le combattant n'existe plus, l'homme régresse en bête sauvage n'hésitant pas à assassiner ces chevaux qui seuls pourtant peuvent le sauver.
- La chute ou l’Empire de la solitude, Dominique de Villepin, éd. Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2008 (ISBN 978-2-262-02768-1), p. 272
Vient bientôt l’agonie. Avec un talent littéraire rare chez un officier de l’époque, Montesquiou raconte le dernier acte, le plus souvent vécu comme une délivrance : « Tous périssaient de même, c’est-à-dire brusquement et sans s’y attendre. L’engourdissement les prenait debout ; ils continuaient cependant à faire quelques pas, puis ils trébuchaient et tombaient en avant. Une fois à terre, ils ne remuaient plus. Mais un moment encore quelquefois, on entendait leur plainte étouffée. La tête était un peu contractée et baissée, le visage était devenu bleu et les poings fermés se réunissaient violemment vers le creux de l’estomac ; tout le corps avait acquis une invincible raideur. C’était donc ainsi que l’on mourait. »
- La chute ou l’Empire de la solitude, Dominique de Villepin, éd. Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2008 (ISBN 978-2-262-02768-1), p. 274
Encore faut-il savoir parler aux âmes. De ce point de vue, le dernier discours marque une apogée, le triomphe de l’esprit sur le sabre, de la condition politique sur l’instant militaire, frappant victoires et défaites du même sceau de la précarité. En moins de dix phrases, Napoléon sait tour à tour exprimer sa gratitude puis expliquer pourquoi il part avant de lancer un adieu que chacun croit alors éternel : « Soldats de ma vieille garde je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans, je vous ai trouvés constamment sur le chemin de l’honneur et de la gloire. Dans ces derniers temps, comme dans ceux de notre prospérité, vous n’avez cessé d’être des modèles de bravoure et de fidélité. Avec des hommes tels que vous, notre cause n’était pas perdue ; mais la guerre était interminable ; c’eût été la guerre civile et la France n’en serait devenue que plus malheureuse. J’ai donc sacrifié tous nos intérêts à ceux de la patrie ; je pars : vous mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée ; il sera toujours l’objet de mes vœux. Ne plaignez pas mon sort ; si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore votre gloire. Je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble !... Adieu, mes enfants ! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur ; que j’embrasse au moins votre drapeau ! »
- La chute ou l’Empire de la solitude, Dominique de Villepin, éd. Perrin, coll. « Pour l’histoire », 2008 (ISBN 978-2-262-02768-1), p. 477
- Mémoire de paix pour temps de guerre, Dominique de Villepin, éd. Grasset & Fasquelle, 2016 (ISBN 978-2-246-85971-0), partie Introduction, p. 11
- Mémoire de paix pour temps de guerre, Dominique de Villepin, éd. Grasset & Fasquelle, 2016 (ISBN 978-2-246-85971-0), partie 3, chap. 1, p. 264