Elie Wiesel

écrivain et militant rescapé de la Shoah, prix Nobel de la paix

Elie (Eliezer) Wiesel, né à Sighet (Roumanie) le 30 septembre 1928 et mort à New York le 2 juillet 2016, est un écrivain américain de langue française, hébraïque, yiddish et anglaise. Il est Prix Nobel de la paix et consacre une partie de son œuvre à l'étude de la Shoah dont il est rescapé.

Elie Wiesel (2008)
Madame Schächter s'était tue d'elle-même. Elle était redevenue muette, indifférente, absente et avait regagné son coin.

Nous regardions les flammes dans la nuit. Une odeur abominable flottait dans l'air. Soudain, nos portes s'ouvrirent. De curieux personnages, vêtus de vestes rayées, de pantalons noirs, sautèrent dans le wagon. Dans leurs mains, une lampe électrique et un bâton. Ils se mirent à frapper à droite et à gauche, avant de crier :
— Tout le monde descend ! Laissez tout dans le wagon ! Vite !

Nous sautâmes dehors. Je jetai un dernier regard vers madame Schächter. Son petit garçon lui tenait la main. Devant nous, ces flammes. Dans l'air, cette odeur de chair brûlée. Il devait être minuit. Nous étions arrivés. A Birkenau.
  • La nuit, Elie Wiesel, éd. les éditions de minuit, 2005  (ISBN 2-7073-0407-7), p. 49


— Réveille-toi, lui murmurai-je à l'oreille.

Il sursauta. Il s'assit stupéfait. Le regard d'un orphelin. Il jeta un regard circulaire sur tout ce qui se trouvait autour de lui comme s'il avait d'un coup décidé de dresser l'inventaire de son univers, de savoir où il se trouvait, dans quel endroit, comment et pourquoi. Puis il sourit. Je me souviendrai toujours de ce sourire. De quel monde venait-il ?

La neige continuait de tomber en flocons épais sur les cadavres.
  • La nuit, Elie Wiesel, éd. les éditions de minuit, 2005  (ISBN 2-7073-0407-7), p. 139


Je ne pourrais jamais oublier Juliek. Comment pourrais-je oublier ce concert donné à un public d'agonisants et de morts ! Aujourd'hui encore, lorsque j'entends jouer du Beethoven, mes yeux se ferment et, de l'obscurité, surgit le visage pâle et triste de mon camarade polonais faisant au violon ses adieux à un auditoire de mourants.
Je ne sais combien de temps il joua. Le sommeil m'a vaincu. Quand je m'éveillai, à la clarté du jour, j'aperçus Juliek, en face de moi, recroquevillé sur lui-même, mort. Près de lui gisait son violon, piétiné, écrasé, petit cadavre insolite et bouleversant.
  • La nuit, Elie Wiesel, éd. les éditions de minuit, 2005  (ISBN 2-7073-0407-7), p. 147


Citations

modifier
J'ai juré de ne jamais me taire quand des être humains endurent la souffrance et l'humiliation, où que ce soit. Nous devons toujours prendre parti. La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime. Le silence encourage le persécuteur, jamais le persécuté.


Quatre sages sont entrés un jour dans le verger de la connaissance interdite. L'un a regardé où il ne fallait pas, et il a perdu la raison. L'autre a regardé, et a perdu la vie. Le troisième a regardé, et a perdu la foi. Il n'y a q'un seul, Rabbi Aquiva, qui est entré et sorti en paix...
  • Question Le Point : Pensez vous que la folie de vos amis était liée à la Kabbale ?
  • « Elie Wiesel : "J'étudie le Talmud tous les jours" », Catherine Golliau, Le Point (hors série : Les textes fondamentaux de la pensée juive) (ISSN 0242-6005), nº 16, janvier-février 2008, p. 13


Il y a un État, et il est différent de tous les autres. Il est juif, et pour cela il est plus humain que n’importe quel autre.
  • Discours à Kansas City en 1970.
  • « L'Industrie de l'Holocauste », Rony Brauman, La fabrique éditions, 2001, p. 145


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :