Erwin Schrödinger
Erwin Schrödinger, né à Vienne, en Autriche, en 1887 et mort en 1961 à Vienne, est un physicien, mathématicien, essayiste, philosophe et professeur autrichien.
Citations
modifierScience et humanisme, 1951
modifier- « Science et humanisme. La physique de notre temps » (1951), dans Physique quantique et représentation du monde, Erwin Schrödinger (trad. Jean Ladrière), éd. Seuil, coll. « Points », 1992 (ISBN 9782020133197), p. 25
L’Esprit et la matière, 1958
modifier- A. S. Eddington, The Nature of the Physical World, 1928
- L'esprit et la matière, précédé de L'Elision, par Michel Bitbol, Erwin Schrödinger, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-7578-2496-2), partie L'esprit et la matière, chap. 3. Le principe d’objectivation, p. 237
- Citation choisie pour le 6 juin 2021.
- C. S. Sherrington, Man on his Nature , 1940
- L'esprit et la matière, précédé de L'Elision, par Michel Bitbol, Erwin Schrödinger, éd. Seuil, 2011 (ISBN 978-2-7578-2496-2), partie L'esprit et la matière, chap. 3. Le principe d’objectivation, p. 238
- Citation choisie pour le 2 juin 2021.
Qu'est-ce que la vie ? (What is life), 1967
modifier- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. 6. Les lois de la physique sont basées sur la statistique atomique et ne sont par conséquent qu'approchées., p. 43
- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. 10. La règle de
√n, p. 53
- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. 63. Sommaire de la situation physique., p. 138-139
- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. 65. Deux méthodes de production de l'ordre., p. 140-141
(1) Mon corps fonctionne comme un pur mécanisme, suivant les lois de la nature.
(2) Pourtant je sais par l'expérience directe non controversable que je dirige ses mouvements dont je prévois les effets, qui peuvent être marquants et de la plus grande importance, auquel cas j'en accepte entièrement la responsabilité entière.
La seule déduction possible de ces deux faits est je pense, que c'est moi - ce moi étant pris dans son acception la plus large, c'est-à-dire celui de tout esprit conscient qui a jamais senti son moi - qui suis la personne, s'il en est une, qui contrôle le « mouvement des atomes » suivant les lois de la nature. Dans un milieu culturel (Kulturkreis) où certaines conceptions, qui eurent autrefois ou ont encore actuellement une signification plus large chez d'autres peuples, ont été limitées et spécialisées, il est osé de donner à cette conclusion l'expression simple qu'elle requiert. Dans la terminologie chrétienne, dire : « Donc, je suis le Bon Dieu », paraît à la fois blasphématoire et fou. Mais veuillez négliger ces connatations pour le moment et considérer si la déduction ci-dessus n'est pas la plus approchée qu'un biologiste puisse obtenir pour prouver d'un seul coup l'existence de Dieu et de l'immortalité.
En lui-même ce concept n'est pas neuf. La tradition en remonte, à ma connaissance, à quelque 2 500 ans ou plus. Depuis les grands Upanishads l'admission ATHMAN-BRAHMAN (le moi personnel égale le moi omniprésent, omniscient et éternel), loin d'être considérée comme blasphématoire, représentait dans la pensée des Hindous la quintessence de la clairvoyance, la plus profonde intelligence des événements du monde. Tous les disciples de Vedanta, après avoir appris à prononcer avec leurs lèvres, s'efforçaient d'assimiler avec leur esprit cette pensée, la plus grande de toutes.
D'autre part les mystiques au cours de nombreux siècles, en toute indépendance et pourtant en parfaite harmonie l'un avec l'autre (plus ou moins comme les particules d'un gaz idéal) ont, chacun en particulier, décrit l'expérience unique de leur vie en termes qui peuvent être condensés dans la phrase : DEUS FACTUS SUM (Je suis devenu Dieu).- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. Épilogue, p. 150-151
Si vous l'analysez de près vous trouverez, je pense, que c'est juste un petit peu plus qu'une collection de données isolées (expériences et souvenirs), notamment la toile sur laquelle elles sont rassemblées. Et vous trouverez par une introspection attentive que ce que vous entendez réellement par votre « moi », c'est le « substratum » sur lequel ces données sont fixées. Imaginez que vous vous déplaciez vers un pays lointain, que vous perdiez de vue tous vos amis, que vous arriviez presque à les oublier ; vous vous faites de nouveaux amis, vous partagez leur vie aussi intensément que vous l'avez jamais fait avec les anciens. Le fait que, tout en vivant votre nouvelle vie, vous vous souveniez encore de l'ancienne, deviendrait de moins en moins important. Vous pourriez arriver à parler du « jeune homme que j'étais », à la troisième personne ; le héros du roman que vous seriez en train de lire serait probablement plus proche de votre cœur et certainement plus intensément vivant et mieux connu de vous. Et pourtant il n'y aurait eu aucune solution de continuité, ni mort. Et même si un hypnotiseur habile réussissait à vous affranchir entièrement de toutes vos réminiscences antérieures, vous ne penseriez pas qu'il vous aurait tué. En aucun cas, il n'y aurait eu à déplorer la perte d'une existence personnelle.
Et il n'y en aura jamais.- Qu'est-ce que la vie ? (1967), Erwin Schrödinger (trad. Léon Keffler), éd. Christian Bourgeois Éditeur, coll. « Folio/essais », 1986 (ISBN 978-2-02-020223-7), chap. Épilogue, p. 153-154