Étienne Klein

physicien et philosophe des sciences français
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Étienne Klein, né le , est un physicien, un philosophe des sciences et producteur de radio français.

Étienne Klein (2011)

Citations

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Allons nous liquider la science? Galilée et les indiens

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Comprendre, sentir la portée d'une idée ou d'un concept, percevoir sa beauté, découvrir la clé d'un raisonnement ou d'une découverte, cela vous déplace, vous transforme subitement en quelqu'un d'autre. Le réel soudain vous répond. Se crée alors un contact intime, serré, avec lui, contact qui procure une joie sans équivalent. On peut littéralement se faire plaisir avec la science, vibrer grâce à elle, c'est d'ailleurs pourquoi elle ne manque pas d'amants: comprendre aide à mieux ressentir.


Nous vivons tous dans un océan de préjugés et les scientifiques n'échappent pas à la règle. S'ils parviennent à se défaire de certains a priori dans leur domaine de compétence, ce n'est donc pas en se purifiant l'esprit par une cure de désintéressement. C'est plutôt en adoptant une méthode critique qui permet de résoudre les problèmes grâce à de multiples conjonctures et tentatives de réfutation, au sein d'un environnement institutionnel qui favorise ce que Karl Popper appelait la "coopération amicalement hostile des citoyens de la communauté du savoir". Si consensus il finit par y avoir, celui-ci n'est donc jamais atteint qu'à la suite d'un débat contradictoire ouvert. Ce consensus n'est pas lui même un critère absolu de vérité, mais le constat de ce qui est, à un moment donné de l'histoire, accepté par la majorité d'une communauté comme une théorie susceptible d’être vraie.


La recherche a certes besoin d'une politique,mais elle ne se pilote pas comme une automobile, encore moins comme un train. Si on veut qu'elle soit féconde, il faut surtout lui accorder de la liberté: ce n'est pas en perfectionnant les bougies qu'on a inventé l'électricité. Les grandes ruptures, difficilement programmables, viennent rarement d'une démarche d'amélioration.


Les grands médias concourent sans nul doute à ce travail de brouillage. A force de fabriquer de la fugacité, puis de la renouveler sans cesse, à force de promouvoir une immédiateté sans passé ni avenir, sans règles, sans héritages, ils deviennent victimes et promoteurs d'une sorte de maléfice qui leur est consubstantiel: ils appauvrissent tout ce qu'ils touchent. S'il leur arrive de croiser quelque chose d'important ou d'essentiel - une œuvre, une personne, une image, une idée-, par le fait même de l'installer dans l'actualité ils le placent en état d'inconsistance.


Et comment ne pas soupçonner qu'en ces temps où seul le court termes est privilégié, la science - mais peut être aussi la philosophie, tout aussi exigeante en termes d'investissement personnel - est devenue la première victime d'une "crise de la patience" qui touche tous les secteurs de la vie sociale? L'esprit de recherche s’accommode mal de la perte de croyance dans l'avenir. Quant à l'intelligence, elle a besoin de la durée pour se dire, pour se faire voir, pour se développer: sans propédeutique, pas de plaisir,pas non plus d'excitation durable de la curiosité. Or, l'heure est au culte de l'intensité de l'instant, à la valorisation de la satisfaction immédiate des désirs, à la promotion de l'individualité. La transmission des connaissances n'a, elle, que lenteur, travail et exigence à proposer.


La vocation de la science n'étant pas de tout résorber, nous ne devons pas céder aux dérives utopiques qui nous entrainerait si loin du problème qu'elle finiraient par nous faire croire qu'il sera résolu à coup de business as usual. Simple affaire de cohérence: on ne peut pas demander aux principes intellectuels et matériels qui ont servi à façonner notre monde, et qui servent maintenant à établir le diagnostic, de préconiser aussi les remèdes. Il ne s'agit pas de décroire dans la science, mais de reconnaitre qu'elle ne fournira pas seule la solution aux problèmes que ses retombées ont contribué à faire naitre.
Dans les années qui viennent, chacun de nous va donc devoir intégrer la nouvelle donne, la nouvelle donnée, d'abord intellectuellement, puis dans sa façon vivre.


Anagrammes renversantes ou le sens caché du monde, 2011

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La vérité

Nul ne peut dire sans se contredire qu'il est absolument vrai que la vérité est

relative.
  • Anagrammes renversantes ou le sens caché du monde, Étienne Klein, Jacques Perry-Salkow, éd. Flammarion, 2011  (ISBN 978-2-0812-7221-7), p. 12


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