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Littérature

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Écrit intime

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Paul Klee, Journal, 1957

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7-12-1901. Deux lettres et deux cartes sont en route vers le Nord qui ne supposent point de réponse. Je veux savoir rompus la plupart des fils qui me rattachent à naguère. Peut-être est-ce là l'indice d'une commençante maîtrise. Je me sépare de ceux qui m'avaient enseigné. Ingratitude de l'élève ! Que me reste-t-il alors ? Rien que l'avenir. Je m'y apprête avec violence. Je n'avais pas beaucoup d'amis et dès que j'exige de l'amitié intellectuelle je suis à peu près abandonné.


Nouvelle

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Charles Bukowski, Nouveaux contes de la folie ordinaire, 1967

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La couverture

Une nuit, je me suis réveillé à côté d'elle (ou j'ai rêvé que je me réveillais), j'ai jeté un œil dans la chambre et j'ai vu trente ou quarante petits bonshommes en train de nous ficeler sur le lit, avec un espèce de fil d'argent, et ils nous ficelaient et ils nous ficelaient. Ma chérie a dû sentir ma nervosité. j'ai vu ses yeux s'ouvrir.
« Silence ! j'ai dit. Ne bouge pas ! Ils veulent nous électrocuter !
— QUI VEUT NOUS ELECTROCUTER ?
— Bon dieu, je t'ai dit de te taire ! Ne bouge plus ! »
Je les ai laissés faire un moment, en faisant semblant de dormir. Puis, rassemblant toutes mes forces, je me suis redressé et j'ai cassé le fil. Ils ne s'attendaient pas à ça. J'ai voulu en assomer un mais je l'ai loupé. Je ne sais pas où ils ont filé, mais je ne les ai plus revus.


Prose poétique

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Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

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Travaux du poète

Je passai une rue puis une autre, grelottant, lorsque tout à coup je sentis — non, je ne la sentis point : elle me croisa, impétueuse : la Parole. Cette rencontre inattendue me paralysa un moment — assez pour lui donner le temps de retourner à la nuit. Remis, je réussis quand même à la saisir par sa chevelure flottante. Et je tirai désespérément ces fibres qui s'allongeaient à l'infini, fils télégraphiques qui s'éloignaient avec le paysage entrevu, note qui monte, s'amenuise, s'étire, s'étire... Et je me retrouvai seul au milieu de la rue, une plume rouge dans mes mains violacées.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — III, p. 48