Guy Hocquenghem

écrivain français

Guy Hocquenghem (1946 — 28 août 1988) est un essayiste, romancier et militant homosexuel.

Guy Hocquenghem
Guy Hocquenghem

Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, 1986 modifier

Cher ex-contestataires, le retour de la droite ne vous rendra pas votre jeunesse. Mais c’est bien la gauche au pouvoir qui vous l’a fait perdre. Définitivement. Ce fut sous Mitterrand que vous vous êtes « normalisés » ; et sous Fabius que vous avez viré votre cuti. Pour devenir les néo-bourgeois des années 1980, les maos-gauchos-contestos crachant sur leur passé ont profité de l’hypocrisie nationale que fut le pouvoir socialiste. Sous lui, ils s’installèrent dans tous les fromages. Plus que personne, ils s’en goinfrèrent. Deux reniements ainsi se sont alliés : celui des « ex » de Mai 68 devenus conseillers ministériels, patrons de choc ou nouveau guerriers en chambre, et celui du socialisme passé plus à droite que la droite. Votre apostasie servit d’aiguillon à celle de la gauche officielle.


Sous des étiquettes opposées, sache reconnaître la même pensée, et sous des étiquettes semblables des conduites opposées.
  • Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem, éd. Agone, 2003  (ISBN 2-7489-0005-7), chap. Incidente : tirade à un jeune homme naïf ou ni droite ni gauche, Histoire d'un ralliement par mouvement tournant, p. 65 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


La gauche et la droite, ça a toujours marché ensemble, pas l'une contre l'autre. Ce n'est pas la droite, c'est le gauchisme qui a tué le communisme, et discrédité la gauche pendant 10 ans après Mai 68, par un long travail de sape.
  • Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem, éd. Agone, 2003  (ISBN 2-7489-0005-7), chap. Incidente : tirade à un jeune homme naïf ou ni droite ni gauche, Histoire d'un ralliement par mouvement tournant, p. 66 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Droite et gauche, tout le monde est pro-bombe. Tout le monde est néolibéral.
  • Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem, éd. Agone, 2003  (ISBN 2-7489-0005-7), chap. Incidente : tirade à un jeune homme naïf ou ni droite ni gauche, Histoire d'un ralliement par mouvement tournant, p. 71 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Consensus = non pas ni gauche ni droite mais le concentré du pis des deux.
  • Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, Guy Hocquenghem, éd. Agone, 2003  (ISBN 2-7489-0005-7), chap. Incidente : tirade à un jeune homme naïf ou ni droite ni gauche, Histoire d'un ralliement par mouvement tournant, p. 72 (voir la fiche de référence de l'œuvre)


Ma génération n'a connu qu'un seul type d'intello : l'intello flatteur du Prince.


Je suis oiseau, voyez mes ailes ; je suis souris vivent les rats. Je suis de gauche, et donc fidèle, je suis de droite vivent les rénégats.


Les gens croient, et tu leur fais croire, que l'important est de courir plus vite, d'être en avance sur l'événement. Erreur. L'essentiel, c'est d'être juste ce qu'il faut en retard, pour coïncider avec la réaction générale.
  • L'auteur s'adresse à Serge July.


Tout comme, dit-on, on ne croit pas en Dieu au Vatican, l'endroit de France où l'on croit le moins à l'art est ce monde des artistes stipendiés, politiciens souvent refoulés, issus de Mai 68, qui ne croient qu'au Pouvoir, jamais à l'Imagination.


Tout, chez toi [BHL], est imaginaire. Le supposé ex-gauchiste, première hypostase, ce personnage de révolutionnaire d’opérette que tu t’es inventé rétrospectivement de toutes pièces, comme faire-valoir de ton reniement, même toi tu sembles douter qu’il ait jamais existé. « Ce fameux « émoi de Mai », auquel la légende veut que j’ai participé depuis ma chambre, entre un transistor et une carte d’état-major » (légende et état-major par toi inventé), écris-tu en préface à la réédition des Indes rouges. Et encore : « il y a beaucoup de faux, certes, dans la légende. Mais il y a un peu de vrai aussi. Et la vérité c’est que je n’ai pas été, en effet, un acteur majeur du mouvement… » Très curieux, ce vague, cette incertitude sur soi-même. Dites-moi ce que j’ai vécu, demandes-tu, car tu ne sembles pas le savoir toi-même. Brummell, devant les lacs italiens, demandait à son valet de chambre : « Est-ce ce paysage que j’aime ? ». Ta seconde hypostase est aussi incertaine, falote. Le néo-philosophe concocté sous Giscard pour rallier la droite s’est retrouvé socialo sous Mitterrand. La troisième, l’artiste insondable au regard hanté, le Radiguet trop vieux, le romancier truqueur, a la même indécision, la même artificialité. Comme si tu avais, au lieu d’une biographie, un fantôme de biographie, fait de morceaux empruntés, de clichés volés à trois vies différentes et célèbres du passé.


Et cette inexistence est inscrite en tes initiales, BHL. Tu n'as même pas de nom à toi, rien qu'un sigle, comme RATP, ou SNCF.


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