Hope Mirrlees
Helen Hope Mirrlees (née le et morte le ) est une poétesse, romancière et traductrice britannique. Elle est connue principalement pour son roman Lud-en-Brume (1926), un roman de fantasy, et pour son poème moderniste Paris: A Poem (1919).
Lud-en-Brume (1926)
modifierPour les rêveurs dont l'imagination bouillonne, c'est toujours une véritable aventure que d'arpenter un sentier ombragé. On y entre assez audacieusement, puis on ne tarde pas à le regretter, car ce n'est pas de l'air mais du silence que l'on y respire, le silence palpable des arbres. Et cette percée ténue, loin devant, est-ce là l'unique sortie ? Mais comment diable peut-on se glisser là-dedans ! Il faut faire demi-tour… trop tard ! Le gigantesque portail par lequel vous êtes entré n'est plus, lui aussi, qu'une petite ouverture.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 1, p. 19
- Citation choisie pour le 23 décembre 2021.
On devrait considérer chaque rencontre avec un ami comme une sorte de séance où l'on réalise son portrait et qui, à l'heure de notre mort ou de la sienne, restera inachevé.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 1, p. 19
Cette nostalgie pour ce qui existait toujours semblait trouver un écho dans le chant du coq qui rythmait le labour du champ, l'odeur de la campagne et l'agitation tranquille de la ferme. Il avait beau savoir que tout cela se passait maintenant, en même temps, cela ne l'empêchait pas de les regretter tout à la fois, comme s'ils étaient évanouis depuis des siècles.
- À propos de la personnalité de Maître Nathaniel Chanteclerc, maire de Lud-en-Brume.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 1, p. 23
Aux yeux de la loi, la Faërie et ses produits n'existaient pas. Mais comme le disait Maître Josiah, la loi elle-même prend des libertés avec la réalité, à tel point qu'en fin de compte, personne n'a véritablement confiance en elle.
- À propos des lois imposées par les riches marchands de Lud-en-Brume, qui nient l'existence même de la Faërie et de tout ce qui y a trait.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 3, p. 54
Il avait l'impression insensée que la réalité n'avait rien de tangible et que les faits n'étaient que des jouets en plastique ; ou plutôt qu'il s'agissait de plantes vénéneuses, que rien ne vous obligeait à arracher. D'ailleurs, si vous décidiez de le faire, rien ne vous empêchait de les jeter au loin et de les laisser faner à même le sol.
- À propos de Nathaniel Chanteclerc.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 4, p. 59
Tout ce que nous connaissons a, sous un certain angle, un aspect féerique. Prenons, par exemple, la Pommelée ou l'Alénée [les deux rivières de Lud-en-Brume], qui semblent porter le coucher du soleil à l'est. Prenons un bois d'automne, ou une aubépine au mois de mai. Une aubépine au mois de mai, en voilà un miracle ! Qui aurait pu imaginer que ces vieux arbres noueux soient capables de se transformer ainsi ? Voyez, ces choses-là sont familières, mais imaginez que quelqu'un vous en fasse une description alors que vous n'en avez jamais vu. Une rivière dorée, des arbres enflammés ! Des arbres qui se couvrent soudain de fleurs !
- Le docteur Endymion Lalorgne, à Nathaniel Chanteclerc.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 4, p. 74
L'affection dont vous souffrez est, je crois, celle que j'ai coutume de nommer le « mal de la vie ». Vous êtes un mauvais marin, et le balancement de l'existence vous rend malade. Là, sous vos pieds, tout autour de vous, surgit, enfle, reflue et coule cet élément magnifique, indomptable et impitoyable que nous appelons la vie. Et son mouvement fait bouillir votre sang, vous monte à la tête. Reprenez-vous, retrouvez votre pied marin, Maître Nathaniel ! Mais attention, je ne vous demande pas de ne plus sentir le rythme des vagues… non, surtout pas, je vous dis d'apprendre à l'apprécier, ou du moins, à le supporter sans plus flancher ni perdre l'esprit.
- Le docteur Endymion Lalorgne, à Nathaniel Chanteclerc.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 4, p. 74-75
Ebeneezor incarnait un modèle de dignité et de respectabilité, et l'on avait coutume de dire à Lud que vous ne pouviez être sûr de votre statut social avant qu'il ne vienne lui-même remonter vos pendules, plutôt que d'envoyer un de ses apprentis.
- Lud-en-Brume (1926), Hope Mirrlees (trad. Julie Petonnet-Vincent), éd. Callidor, 2015, chap. 9, p. 140-141