Hubert Aquin

écrivain canadien

Hubert Aquin (Montréal, 24 octobre 1929 - Montréal, 15 mars 1977) est un écrivain, cinéaste et intellectuel québécois.

Hubert Aquin, 1976
Hubert Aquin, 1976

Journal, 1992

modifier
L'entêtement est la déviation malheureuse d'une force qui se sent faible.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 54


Ne dire que les paroles indispensables.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 56


L'amour qu'on ne réussit pas à faire naître par l'affection docile, une certaine violence peut parfois le faire jaillir.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 57


Il y a en moi un empire de résignation lucide que ne franchissent aucune peine, aucune joie me venant du monde.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 59


L'esprit anéantit son propre lyrisme.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 60


Les trop vites résignés ont des mentalités de déserteurs : ils ont peur de la ligne de feu. On accepte si facilement la lâcheté des autres que pour excuser celle que l'on a.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 63


Le propre de l'art est de surprendre l'homme en flagrant délit ; même celui qui s'attend à tout, garde toujours un secret effroyable ou grandiose.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 65


Les tragédies soutenues sont un luxe, leur épanouissement tient à une certaine disponibilité dans l'existence.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 66


La vie nous oblige à insister grossièrement sur des choses qui ne mériteraient que l'effleurement le plus léger.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 71


L'attente rend fanatique.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 75


Il ne faut pas exiger de chaque détail la plénitude de sens que doit donner l'ensemble.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 76


Le bonheur nous noie, le malheur nous concentre sur nous-mêmes.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 80


Le défaitiste se console de l'avenir dans le présent.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 87


Une femme veut qu'on ait pas besoin d'elle, pour lui laisser le bonheur immense d'avoir besoin de nous.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 100


On ne résiste pas par le refus, mais par l'affirmation fanatique de soi.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 102


Même sincère, notre langage est voilé, plein de signes et de mensonges.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 142


Le fantastique n'est fantastique que par rapport à une réalité normale : sa force est de contraste et d'invraisemblance. Mais pour que l'invraisemblable ait du relief, il doit se détacher d'un contexte vraisemblable.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 144


La distraction est, par essence, confiscation du recueillement.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 151


La passion est, dans toute la force du mot, une excentricité.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 152


Le désespoir est l'invention des paresseux.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 154


C'est toujours le même remords que l'on traîne toute sa vie qui s'empare de la conscience à la moindre occasion et lui gâte son plaisir. C'est une maladie sournoise qui laisse des répits trompeurs, mais qui ne quitte jamais l'organisme.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 164


L'exil correspond à un distancement schizoïde de la réalité. Choisir l'exil, c'est briser un lien relativement intolérable aves des gens, soi, le réel.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 190


Le problème de la distance est l'envers de toutes les relations avec le réel. Tout s'évalue en distance.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 193


C'est dans la régression, vécue symboliquement, que le schizophrène reprend contact avec le réel redouté, et renaît.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 199


Le malheur est l'état normal de l'artiste ; et comme le malheur est relatif à la sensibilité, il est improbable qu'un grand artiste se contente d'un petit malheur.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 206


La désocialisation limite est le suicide : en réciproque, le suicide est latent dans tout processus de désocialisation.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 211


La civilisation n'est pas affaire de morale ! Le guerrier aux flèches empoisonnées n'est pas plus barbare que l'homme de la rue à Paris ou Moscou ! Il est peut-être plus franc, moins refoulé.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 234


Le châtiment ne peut ne peut être qu'endogène et produit en même temps que le crime.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 240


N'est-il pas normal que l'histoire d'un échec soit un échec ?
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 251


Tuer ou se faire tuer, voilà bien ce problème premier qui, par son insertion violente dans la vie courante, confère à celle-ci le statut, ce tonus sans quoi elle se résume à une reptation asthénique et une interminable expérimentation de l'ennui.
  • Journal, Hubert Aquin, éd. Bibliothèque Québécoise, 1992, p. 261