Jacques Roubaud

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Jacques Roubaud, né en 1932 à Caluire-et-Cuire (Rhône) et mort le 5 décembre 2024 à Paris, est un poète, écrivain (romans, essais) et mathématicien français.

Jacques Roubaud (2010).

Citations

Quelque chose noir, 1986

Le regard humain a le pouvoir de donner de la valeur aux êtres cela les rend plus coûteux.

• Méditation du 12/05/85

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-070694-X), I, p. 12 (lire en ligne)

• Citation choisie pour le 31 décembre 2024.

Gouffre pur de l’amour.
S’endormir comme tout le monde. ce que je veux.
Je t’aime jusque là.

• Je voulais détourner son regard à jamais

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-070694-X), I, p. 15 (lire en ligne)

Le soir quand la lumière se concentre, et avance, en oblique, parfois portant du soleil, parfois pas, jusqu'à mes pieds, je m'assieds sur cette même chaise, face à l'image.

J'y reste jusqu'à la nuit.

Pas pour regarder, j'ai déjà vu, pas pour attendre, quand rien ne viendra, juste par un geste, de continuité.

• Jusqu’à la nuit

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-070694-X), II, p. 31-32 (lire en ligne)

Je peux réellement affronter ton image, ta « semblance », comme on disait autrefois, difficilement, mais je le peux.
Dispersée entre les lumières, tes ombres.
Comptée de lieu en lieu: murs, tiroirs, ce livre :
Images de toi, ces mots.

• Je peux affronter ton image

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-070694-X), II, p. 34 (lire en ligne)

Te nommer c'est faire briller la présence d'un être antérieur à la disparition.

• Apatride

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, coll. « Poésie/Gallimard », 1986  (ISBN 2-07-042081-7), V, p. 87 (lire en ligne)

• Citation choisie pour le 24 décembre 2024.

Je ne peux pas écrire de toi plus véridiquement que toi-même.
Ce n'est pas que j'en sois incapable par nature, mais la vérité de toi, tu l'as écrite.
Et parce que tu écrivais pour n'être lue que morte, parce que je l'ai lue, toi morte, et faite mienne, cette vérité est la plus forte de toutes.

• Je ne peux pas écrire de toi

• Quelque chose noir, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 1986  (ISBN 2-07-070694-X), VIII, p. 121 (lire en ligne)

La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains

Derrière sa vitre bien propre
la Joconde a l'air contente
elle me regarde
elle sourit
pas la moindre condescendance
pas un atome de mystère
placidité
calme
belle

La Joconde, quoi !

• « La Joconde », dans La forme d'une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains, Jacques Roubaud, éd. Gallimard, 2006  (ISBN 2-07-033695-6), partie État des lieux, p. 33

Le Grand Incendie de Londres

Que je nage, que je marche, donc, je compte: je suis un compteur. […] Compter est le mètre de ma vie, comme l'alexandrin compte la poésie traditionnelle. C'est ma vérité métronomique.

• Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-099689-1), partie La Destruction, chap. IV. Portrait de l’artiste absent. § 48, Compteur, p. 125

En ces années, je vivais sous la contrainte : contrainte d’apprentissage du calcul, des formes poétiques, de leur mise en pratique simultanée. Mais aussi contraintes de la vie même : la règle de Paul Klee, « nulla dies sine linea », pas de jour sans avancer d’une ligne, suscitait simultanément de sévères exigences d’horaires, où se jouait sans cesse ma passion du dénombrement. La souplesse mentale indispensable pour les sauts perpétuels de la lecture à l’absorption des concepts de la théorie des catégories ou de l’algèbre commutative, l’effort d’immersion dans les langues lointaines des traditions poétiques voulues par le projet, n’étaient pas imaginables sans une rigidité concomitante de l’emploi de mon temps. Je me suis fait un devoir de solitude. De loin en loin je revenais à l’imagination du projet.

• Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-099689-1), partie La Destruction, chap. V. Rêve, décision, Projet, p. 142

Dans un roman, on est porté par le récit. Le roman est situé dans le temps d'une lecture. Un poème est toujours « maintenant ». La chose la plus importante à dire d'un poème, c'est : « apprenez-le ».

• Macha Séry, « La chose la plus importante à dire d'un poème, c'est : apprenez-le », Le Monde de l’éducation, n^o288, janvier 2001 .

• Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud, éd. Seuil, 2009  (ISBN 978-2-02-099689-1), partie Poésie, chap. Articles de presse, p. 1741

• Citation choisie pour le 13 décembre 2024.