Jean Eustache
réalisateur français
Jean Eustache (1938-1981) est un cinéaste français.
Citations de Jean Eustache
modifierÀ propos de La Maman et la Putain
modifierAvant de tourner ce film, j’étais dans une passe difficile. Tout le monde aimait mes films. […] J’avais de très bonnes critiques et aucun de mes films n’était déficitaire. Mais personne ne voulait me donner de l’argent pour en produire un nouveau. Cette situation contradictoire me mettait en rage. Et c’est cette rage qui m’a permis d’écrire les dialogues de La Maman et la Putain.
- La Maman et la Putain, Jean Eustache, éd. Cahiers du Cinéma, 2001, p. 7
À propos de Jean Eustache
modifierJe revois le sourire éclatant sous les flashs à Cannes au palais, Jeanne d'Arc-Ingrid Bergman remettant le trophée à Jean de France, l'ajusteur électricien… Car s'il se voyait en cloche, nul, ruiné… il aurait, je pense, aimé être cloche nulle ruinée dans un palace « Au Carlyle, t'sais ! Sur Madison Av… Le Russian Tea Room t'sais ! »
Ce n'était pas un caractère… fuyant… pas net… lâche… recherchant l'inconsistance… c'est pas facile… Était-il même cinéaste ? ! Je n'ose qu'à peine écrire ce mot, il ne lui convient pas. Il me fait sourire, si chargé d'importance, de prestige prométhéen… Il a fait des films, oui… mais… Je lui avais suggéré : « Tu devrais avoir une boutique avec sur la plaque : Jean Eustache, cinéaste pour Noces et Banquets »…
- « “Jean Eustache aimait le rien” », Jean-Jacques Schuhl, Libération, 13 décembre 2006 (lire en ligne)
J’allai voir Jean Eustache qui habitait chez sa grand-mère, […]. Je me souviens que dans l’annuaire téléphonique, il figurait comme « assistant metteur en scène ». Quand je le rencontrai, il me fit l’effet d’être très timide et très vrai. Un jour, je le revis dans le bus 63 en revenant du Palais de Chaillot, avec ses longs cheveux raides tombant sur ses épaules et ses fines lunettes à monture dorée, l’air ailleurs. Je lui dis que j’avais le sentiment que la préoccupation de l’argent — du manque d’argent — était au cœur de ses films […] Son visage, en entendant mes paroles, montra de l’effroi. J’en fus peiné mais je n’eus pas le temps de préciser ma pensée et nous descendîmes tous les deux à Maubert, où je le vis s’engouffrer dans le café Le Ronsard […]
Jean Eustache était un grand solitaire dont le malheur fut de n’avoir pas su s’accommoder du crétinisme ambiant de son époque (critiques, producteurs, etc.). Plus d’une fois, dans ces béates années 1970, j’entendis cet anathème qui le désignait « de droite ».
- « Godard, Socialisme et vuvuzela blues », Samuel Brussell, Le blog littéraire de Samuel Brussell, 30 juin 2010 (lire en ligne)