psychologue, logicien, biologiste, épistémologue et professeur d'université suisse
Jean William Fritz Piaget, né le 9 août 1896 à Neuchâtel et mort le 16 septembre 1980 à Genève, est un psychologue, biologiste, logicien et épistémologue suisse connu pour ses travaux en psychologie du développement et en épistémologie à travers ce qu'il a appelé l'épistémologie génétique.
Si la pensée du physicien oscille entre l’idéalisme et le réalisme, selon qu’il met l’accent sur les opérations du sujet intervenant dans la prise de possession de l’objet ou sur les modifications de l’objet lui-même, la pensée du biologiste est par contre résolument réaliste. Le biologiste n’en vient jamais à douter de l’existence effective des êtres qu’il étudie ; il ne saurait ainsi s’imaginer qu’un microorganisme dont les actions sont décelables en certaines situations, mais impossibles à détecter
en d’autres, perdrait sa permanence substantielle au cours de ces dernières.
Introduction à l'épistémologie génétique, Jean Piaget, éd. PUF, 1950, t. III, partie 3_ la pensée biologique, p. 5
la pensée biologique est aux antipodes de la pensée mathématique : tandis que le mathématicien le plus convaincu de l’adéquation des êtres abstraits à la réalité physique et même le plus empiriste en son épistémologie personnelle (ce qui arrive parfois) ne peut s’empêcher de considérer les nombres complexes, idéaux, etc., comme des réalités construites par le sujet, le biologiste le plus idéaliste en sa philosophie intime (ce qui arrive aussi parfois) ne peut s’empêcher de croire, p. ex., que les Nummulithes aujourd’hui fossiles ont effectivement vécu indépendamment de la pensée du paléontologiste, et que les êtres actuellement vivants ont un mode d’existence semblable à celui du naturaliste qui les observe
Introduction à l'épistémologie génétique, Jean Piaget, éd. PUF, 1950, t. III, partie 3_ la pensée biologique, p. 5
La pensée biologique est située à l’opposé des mathématiques à un second point de vue également (et corrélatif du précédent) : elle réduit la déduction à son minimum et n’en fait en aucune manière son instrument principal de travail.
Introduction à l'épistémologie génétique, Jean Piaget, éd. PUF, 1950, t. III, partie 3_ la pensée biologique, p. 5
Au point de départ de l'évolution mentale, il n'existe à coup sûr aucune différenciation entre le moi et le monde extérieur [...] la conscience débute par un égocentrisme inconscient et intégral [...] Quatre processus fondamentaux caractérisent les deux premières années de l'existence : ce sont les constructions des catégories de l'objet, de l'espace, de la causalité et du temps.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 23-24
La morale de la petite enfance reste essentiellement hétéronome.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 56
La personnalité débute dès la fin de l'enfance (huit à douze ans), avec l'organisation autonome des règles, des valeurs et l'affirmation de la volonté [...] Il y a personnalité à partir du moment où se forme un "programme de vie" ("Lebensplan"), qui soit à la fois source de discipline pour la volonté et instrument de coopération.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 94-95
De même que l'expérience réconcilie la pensée formelle avec la réalité des choses, le travail professionnel marque définitivement l'accès à l'age adulte.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 99
Depuis les recherches de Tournay, on admet que la coordination entre la vision et la préhension s'effectue vers 4 mois 1/2 avec la myélinisation du faisceau pyramidal.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 158
Si A=B et si B=C, le petit enfant n'est nullement certain que A=C, tandis qu'après 7 à 8 et surtout 11 ou 12 ans, il lui est impossible de ne pas conclure que A=C.
Six études de psychologie, Jean Piaget, éd. Éditions Denoël, 1964, p. 160
... dans la mesure où l'on s'attache à la structure en dévalorisant la genèse, l'histoire et la fonction, quand ce n'est pas l'activité même du sujet, il va de soi que l'on rentre en conflit avec la tendance centrales de la pensée dialectique.
Il est donc naturel, et fort instructif pour nous de voir Lévi-Strauss consacrer presque tout le dernier chapitre de 'La pensée sauvage' à une discussion de la 'Critique de la raison dialectique' de J.-P. Sartre ; un examen de ce débat nous paraît d'autant plus indiqué ici que l'un et l'autre de ses protagonistes nous semblent avoir publié ce fait fondamental que sur le terrain des sciences elles-mêmes le structuralisme a toujours été solidaire d'un constructivisme auquel on ne saurait refuser le caractère dialectique avec ses signes distinctifs de développements historiques, d'opposition des contraires et de "dépassements", sans parler de l'idée de totalité commune aux tendances dialectiques autant que structuralistes.
Le structuralisme., Jean Piaget, éd. PUF, 2015 (1ère éd. 1968), p. 105-106
Gobelier (qui complète de façon remarquable l'analyse d'Althusser de la contradiction chez Marx [et l'écart avec celle d'Hegel et de sa "totalité"]) [...] aboutit à une conclusion qu'il est utile de citer, car elle résume aussi bien nos objections à Lévi-Strauss que les idées générales de ce volume entier :
« Il deviendrait impossible de jeter l'anthropologie en défi à l'histoire ou l'histoire en défi à l'anthropologie, d'opposer stérilement psychologie et sociologie, sociologie et histoire. En définitive la possibilité des "science" de l'homme reposerait sur la possibilité de découvrir des lois de fonctionnement, d'évolution et de correspondance interne des structures sociales... donc de la généralisation de la méthode d'analyse devenue capable d'expliquer les conditions de variation et d'évolution des structures et de leurs fonctions » (p. 864).
Structure et fonction, genèse et histoire, sujet individuel et société deviennent donc indissociables en un structuralisme ainsi entendu, et dans la mesure même où il affine ses instruments d'analyse.
Le structuralisme., Jean Piaget, éd. PUF, 2015 (1ère éd. 1968), p. 111-112
Le jeu est un cas typique de conduites négligées par les écoles traditionnelles, parce que paraissant dénuées de signification fonctionnelle. Pour la pédagogie courante, il n'est qu'un délassement ou que l'abréaction d'un superflu d'énergie. Mais cette vue simpliste n'explique l'importance que les petits attribuent à leur jeu ni surtout la forme constante que revêtent les jeux des enfants, symbolisme ou fiction par exemple
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 210
l'enfant qui joue développe ses perceptions, son intelligence, ses tendances à l'expérimentation, ses instincts sociaux ... etc .
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 210
... le jeu est un levier si puissant de l'apprentissage chez les petits, au point que partout où l'on réussit à transformer en jeu l'initiation à la lecture, au calcul, ou à l'orthographe, on voit les enfants se passionner pour ces occupations ordinaires présentées comme des corvées. [Cependant, cette interprétation ne suffit pas car elle n'est qu'] une simple description fonctionnelle. [Elle a besoin d'être encadré par la] « notion d'assimilation »
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 210
... le jeu est un levier si puissant de l'apprentissage chez les petits, au point que partout où l'on réussit à transformer en jeu l'initiation à la lecture, au calcul, ou à l'orthographe, on voit les enfants se passionner pour ces occupations ordinaires présentées comme des corvées. [Cependant, cette interprétation ne suffit pas car elle n'est qu'] une simple description fonctionnelle. [Elle a besoin d'être encadré par la] « notion d'assimilation »
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 210
En son origine sensori-motrice, le jeu n'est qu'une pure assimilation du réel au moi, au double sens du terme : au sens biologique de l'assimilation fonctionnelle - laquelle explique pourquoi les jeux d'exercices développent réellement les organes et les conduites, et au sens psychologique d'une incorporation des choses à l'activité propre.
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 211
[Même les jeux supérieurs mettant en œuvrent] l'« imagination symbolique » s'explique également par « l'assimilation du réel au moi :il est dans la pensée individuelle sous sa forme la plus pure ; dans son contenu, il est épanouissement du moi et réalisation du désir par opposition à la pensée rationnelle socialisée qui adapte le moi au réel et exprime les vérités communes ; dans sa structure, le symbole joué est à l'individu ce que le signe verbal est à la société.
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 211
Le jeu est donc, sous deux formes essentielles d'exercice sensorimoteur et de symbolisme, une assimilation du réel à l'activité propre, fournissant à celle-ci son alimentation nécessaire et transformant le réel en fonction des besoins multiples du moi.
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 212
C'est pourquoi les méthodes actives d'éducation des petits exigent toutes que l'on fournisse aux enfants un matériel convenable afin qu'en jouant ils parviennent à s'assimiler les réalités intellectuelles qui, sans cela, demeurent extérieures à l'intelligence infantile
Psychologie et pédagogie, Jean Piaget, éd. PUF, 1994 (1ère éd. 1969), p. 213
Une science ne débute qu'avec une délimitation suffisante des problèmes susceptibles de circonscrire un terrain de recherche sur lequel l'accord des esprits est possible.
Épistémologie des sciences de l'homme, Jean Piaget, éd. Éditions Gallimard, coll. Idées, 1970, p. 41
Je ne suis pas positiviste pour deux raisons : premièrement c'est que toutes les frontières qu'on a toujours voulu tracer pour la science ont été violées et que les prophéties des positivistes ne se sont jamais réalisées. [...]. Deuxième raison : la science est ouverte, elle est essentiellement dialectique, elle vit de crises internes imprévues et ensuite de dépassements, par conséquent, il est impossible pour ce qui est du présent déjà, mais surtout pour ce qui est de l'avenir, de classer les problèmes philosophiques. Ce sont les méthodes et non les problèmes qui distinguent les deux catégories de recherche [scientifique et philosophique].
Débat du 5 mai 1966 organisé par l'Union Rationaliste autour du livre de Jean Piaget Sagesse et illusion de la philosophie In Psychologie et marxisme, Jean Piaget, éd. 10/18, 1971, p. 12
Le développement intellectuel est une 'spirale ascendante' où les mêmes problèmes sont affrontés à des niveaux d'âge successifs.
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
Je pense que la grande différence entre un chercheur et un ordinateur réside dans le fait que le chercheur invente des questions.
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
Dans notre travail, le principal souci chaque année chaque année est de trouver de nouveau problème et pas seulement de nouvelles solutions.. L'esprit humain dans sa complexité continue d'évoluer en cours d'utilisation. Il devient encore plus complexe....
Cette idée de la construction du nouveau est ce qu'il y a de plus difficile à faire comprendre... Il faut procéder avec un maximum de liberté, il faut explorer. Si on planifie au départ, on fausse tout..
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
Tout ce qui a vraiment de l'intérêt se situe nécessairement en dehors de tout projet préétabli. C'est parce que je cherche du nouveau que je n'ai pas de schéma expérimental.
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
Pour moi, une expérience réussit lorsqu'elle apporte l'inattendu...
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
A propos de l'induction et de la déduction dans la recherche, je pars d'un minimum d'hypothèses... Toujours, en évitant les hypothèses au départ, j'ai découvert des choses inattendus
Mes Idées, Jean Piaget, éd. Delanoel Gauthier, 1973, p. 72
Les résultats varieront selon le milieu social. Quand à moi, je n'accorde aucun crédit aux mesures fondées sur des quotients intellectuelles ou tout autre mesure de résultats... Il y a des connaissances qualitatives. En psychologie, en logique, tout n'est pas mesurable... .
Conversation libre avec Jean Piaget par J.C. Bringuier, Jean Piaget, éd. Laffont, 1977, p. 31
Il y a une transformation lente. Ce qui est brusque, c'est la compréhension terminale au moment de l'achèvement de la structure... C'est cela qui est brusque , non pas la construction mais la prise de conscience.
Conversation libre avec Jean Piaget par J.C. Bringuier, Jean Piaget, éd. Laffont, 1977, p. 72
« Une science n'est pas du tout étudiée sur un seul plan : vous avez la recherche expérimentale, vous avez le plan des théories, des idées, qu'on tire après coup de la recherche,et vous avez aussi le plan de la réflexion épistémologique propre à cette science, quant aux méthodes qu'elle a utilisée et aux résultats qu'elle a obtenu
Conversation libre avec Jean Piaget par J.C. Bringuier, Jean Piaget, éd. Laffont, 1977, p. 28-29
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