Joël de Rosnay

scientifique français

Joël de Rosnay (né le 12 juin 1937 à Curepipe, île Maurice) est un scientifique, prospectiviste, conférencier et écrivain français.

Joël de Rosnay
Mais aujourd'hui, par rapport à la société, c'est nous qui sommes ces particules. Cette fois, notre regard doit se porter sur les systèmes qui nous englobent, pour mieux les comprendre avant qu'ils ne nous détruisent. Les rôles sont inversés : ce n'est plus le biologiste qui observe au microscope une cellule vivante ; c'est la cellule elle-même qui regarde au macroscope l'organisme qui l'abrite.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 10


Cette approche transdisciplinaire s'appelle l'approche systémique. C'est elle que je symbolise dans ce livre par le concept du macroscope. Il ne faut pas la considérer comme une « science », une « théorie » ou une « discipline », mais comme une nouvelle méthodologie, permettant de rassembler et d'organiser les connaissances en vue d'une plus grande efficacité de l'action.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 83


Sans être exhaustif, ce tableau a l'avantage de situer deux approches complémentaires [approche analytique et approche systémique], mais dont l'une (approche analytique) a été favorisée de manière presque disproportionnée dans tout notre enseignement.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 108


Il vaut mieux chercher à comprendre la dynamique interne du système et à prévoir les délais de réponse. Entraînement qui s'acquiert bien souvent dans la conduite des grandes organisations; les Anglo-Saxons l'appellent le sens du timing : savoir déclencher une action, ni trop tôt, ni trop tard, mais au moment où le système est prêt à réagir spontanément dans un sens ou dans l'autre. Le sens du timing permet de tirer parti au maximum de l'énergie interne d'un système complexe. Au lieu de lui imposer, de l'extérieur, des directives contre lesquelles il se mobilise.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 125


La hiérarchie des disciplines établie au XIXe siècle, des sciences les plus « nobles » aux sciences les moins « nobles » (mathématiques et physique au sommet; sciences de l'homme ou de la société au bas de l'échelle), continue à peser lourdement sur notre approche de la nature et sur notre vision du monde.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 126


L'image de la mort inexorable de l'univers, que suggère le deuxième principe, a profondément influencé notre philosophie, notre morale, notre vision du monde et même notre art. L'idée qu'en raison de la nature même des choses, le seul futur possible et ultime pour l'homme soit l'annihilation, s'est infiltrée comme une paralysie à travers toute notre culture. Ce qui a conduit Léon Brillouin à se demander : « Comment est-il possible de comprendre la vie quand le monde entier est dirigé par une loi telle que le deuxième principe de la thermodynamique, qui pointe vers la mort et l'annihilation ? ».
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 138


Pour libérer la puissance, il faut paradoxalement une très faible quantité d'énergie : l'énergie de commande, ou information. Cette capacité à libérer de grandes quantités d'énergie grâce à la propriété d'amplification de l'information, est appelée communément le pouvoir. Le pouvoir est donc le contrôle de la puissance.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 138


De manière générale, les équations établissent que, dans tous les processus couplés, la puissance maximum est bien obtenue quand le rapport des forces est égal à 1/2. Cela signifie que l'homme (comme d'ailleurs les plantes ou les animaux) préfère sacrifier le rendement à la puissance.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 141


La leçon qu'il convient de tirer de la loi des rendements décroissants est sévère : dans de nombreuses organisations, entreprises, équipes de travail, on a atteint depuis longtemps, et sans s'en apercevoir, la limite des rendements. On continue pourtant dans le but d'améliorer ces rendements à dépenser des prodiges d'ingéniosité, des quantités élevées d'énergies, ou d'importantes ressources en hommes et en matériel, alors que le facteur limitant reste totalement inaperçu.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 142


Le prix des biens et des services dans un marché est le support d'une sorte de vote permanent, représenté par les multitudes de transactions simultanées entre vendeur et acheteur. Par son achat, un consommateur traduit un choix, comme dans un vote.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 191


Les deux entités fondamentales que l'on retrouve au terme de cette réflexion, comme les deux faces d'une unique réalité, sont l'énergie et l'esprit. Leurs aspects intermédiaires peuvent être la matière et la forme (ou l'information). Mais tout apparaît comme s'il n'existant dans l'univers que de l'énergie informée (la matière), substrat de la connaissance; et de l' esprit matérialisé (l'information), support de l'action créatrice.
S'il y a conservation du temps, la liberté serait totalement contenue dans l'instant présent. L'univers apparaît ainsi comme une conscience qui se crée en prenant conscience d'elle-même. La trace qu'elle laisse et que nous observons, ce serait le phénomène de l'évolution.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 228


On confond en effet la croissance zéro avec un arrêt du progrès technique et intellectuel de l'humanité. Ou avec un équilibre statique. Or natalité et production industrielle sont des flux. L'objet de l'économie stationnaire devait être le maintien de la richesse à un niveau désiré, grâce à la régulation de ces flux à leur début minimum. S'efforcer de les accroître comme s'ils représentaient en eux-mêmes une richesse est absurde.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 238


L'approche systémique en éducation consiste au contraire à revenir plusieurs fois, mais à des niveaux différents, sur ce qui doit être compris et assimilé. Elle aborde la matière à enseigner par touches successives. En suivant un trajet en forme de spirale : on fait un premier tour de l'ensemble du sujet afin de le délimiter, d'évaluer les difficultés et les territoires inconnus. Puis on y revient plus en détail au risque de se répéter.
  • Le Macroscope, Joël de Rosnay, éd. Le Seuil, 1975, p. 266


Questions d'avenir

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Une nuance : à un excès d'information, je préfère un surcroît de sagesse. Nous devons apprendre à nous débrancher. Le grand luxe sera de se libérer de la connexion.
  • (fr) « Le chemin d'une humanité entre machines et réseaux », Joël de Rosnay, dans Questions d'avenir, Michel Aguet, Anne-Françoise Allaz, Vinton Cerf, George Church, Thubault Damour, Amory Lovins, Julia Marton-Lefèvre, Helga Nowotny, Joël de Rosnay et Louis Shlapbach, éd. Georg et Le Temps, 2009  (ISBN 978-2-8257-0963-4), chap. chapitre 3, p. 48


La prévention n’est pas la privation. C’est une attitude positive qui donne du plaisir.
  • (fr) « Joël de Rosnay : « J'ai envie de vivre jusqu'à 110 ans » », Michel Guillaume, Le temps (ISSN 1423-3967), 9 octobre 2018 (lire en ligne)