Joanna Nowicki

professeur en sciences de l'information et communication à l'université de Cergy-Pontoise

Joanna Nowicki est née en 1958 en Pologne. Elle est professeur d'université.

L'identité de l'Europe, 2010

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En 1983 Milan Kundera a lancé un cri de désespoir intitulé « l’Occident kidnappé ou la tragédie de l’Europe centrale » pour attirer l’attention des intellectuels occidentaux, et plus particulièrement français, sur la mort lente de la spiritualité européenne. Sa conclusion était sans pardon pour l’Occident : « Le problème de l’Europe centrale n’est pas la Russie, mais l’Europe. » Or, nous étions en pleine guerre froide et l’on aurait pu imaginer que pour cet écrivain tchèque réfugié à Paris le problème aurait pu être davantage l’occupant soviétique que l’Europe. Pourquoi disait-il cela ? Parce qu’il était désagréablement frappé en observant que l’Occident faisait preuve d’un désintérêt croissant pour les questions spirituelles qui étaient pour lui la culture, au profit de considérations matérielles et pratiques, autrement dit économiques et politiciennes.


L’Europe cadette ne connaît en effet pas la légèreté de l’esprit de sa sœur aînée, elle a le sens du tragique, ce que l’on voit surtout le plus chez les écrivains hongrois. Le catastrophisme centre-européen vient de la conscience très forte que les civilisations sont mortelles, et tout Centre-Européen le sait, « La Pologne n’est pas morte tant que nous vivons », dit l’hymne national polonais ; les Hongrois, dans la prière qu’est leur hymne, supplient Dieu de ne plus les mettre à l’épreuve, car ils ont assez souffert ainsi.


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