John Dickie
John Dickie est un historien britannique, spécialiste de la société et de la culture italienne.
Citations
modifierCosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, 2004
modifier- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Introduction, p. 30
En dépit des ravages causés par les bombardements des bourdoniens, Palerme dans les années 1860 présentait de nombreux attraits pour ses habitants et ses visiteurs ; le plus célèbre d'entre eux était le front de mer. Durant les étés interminables, quand l'impitoyable touffeur de la journée s'était dissipée, la grande bourgeoisie palermitaine se promenait en attelage au clair de lune le long de la marina où les arbres en fleurs embaumaient ; elle dégustait glaces et sorbets en flânant au son des airs d'opéra joués par des orchestres de rues.
Plus loin, à l'écart, dans les ruelles tortueuses et étroites, les palais aristocratiques disputaient l'espace aux marchés, échoppes d'artisans, taudis et aux cent quatre-vingt-quatorze lieux de culte. Les touristes de l'époque furent frappés par le nombre important de nonnes et de moines qu'ils croisaient dans les rues. Palerme semblait aussi former un palimpseste de cultures remontant à plusieurs siècles. Comme le reste de la Sicile, elle était parsemée de vestiges laissés par ses innombrables envahisseurs ; depuis les anciens Grecs, presque toutes les puissances européennes, des Romains jusqu'aux Bourbons, s'étaient approprié l'île. La Sicile, aux yeux de certains, était une vitrine fabuleuse où s'exposaient amphithéâtres et temples grecs, villas romaines, mosquées et jardin arabes, cathédrales romanes, palais de la Renaissance ou églises baroques.
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Les deux couleurs de la Sicile, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 50
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Les deux couleurs de la Sicile, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 50
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Les deux couleurs de la Sicile, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 52
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Le Dr Galati et le verger d'agrumes, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 53
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Le Dr Galati et le verger d'agrumes, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 54
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Initiation, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 62
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Initiation, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 65
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Initiation, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 65
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie L'industrie de la violence, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 77
Le capitalisme fonctionne grâce à l'investissement ; le non-respect de la loi met celui-ci en danger. Personne ne veut acheter du matériel agricole ou valoriser une plantation quand le risque est grand que machines ou récoltes soient volées ou vandalisées par des concurrents. En supplantant le féodalisme, l'État moderne était supposé avoir le monopole de la violence, c'est-à-dire le pouvoir de faire la guerre et de punir ceux qui enfreignaient les lois. Quand l'État moderne s'approprie la violence, il favorise la mise en place de conditions permettant au commerce de se développer. Les milices privées précaires et indisciplinées des barons étaient donc amenées à disparaître.
Franchetti explique que le développement de la Mafia en Sicile tient au fait que l'État italien était loin d'avoir atteint cet idéal. Il n'était pas digne de confiance parce que, après 1812, il avait échoué à s'approprier l'usage de la violence. Le pouvoir des barons était tel que les cours de justice et la police subissaient des pressions qui les contraignaient à se soumettre au potentat local. En outre, les barons n'étaient pas les seuls à croire qu'ils avaient le droit d'utiliser la force : la violence se « démocratisait », selon les termes de Franchetti. Avec le déclin du féodalisme, beaucoup saisirent l'occasion de se faire une place, à coups de pistolet et de couteau, dans une économie en développement. Certains des hommes de main des seigneurs agissaient désormais pour leur propre compte, bandes de malfrats écumant les campagnes, protégés par des propriétaires terriens effrayés ou complices.
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie L'industrie de la violence, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 79
Dans le dialecte palermitain, l'adjectif « mafioso » signifiait autrefois « beau, hardi, sûr de soi ». Tout homme méritant ce qualificatif possédait donc un petit quelque chose de spécial, un attribut appelé « mafia ». Dans la langue contemporaine, « classe » serait peut-être le sens le plus proche ; un mafioso était quelqu'un qui s'aimait bien.
Le mot commença à prendre une connotation criminelle après la représentation d'une pièce de théâtre écrite en dialecte sicilien, qui obtint un énorme succès en 1863, I mafiusi di la Vicaria (Les mafiosi de la prison Vicaria).
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie «Ce que l'on appelle Mafia» : comment la Mafia prit son nom, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 83
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie «Ce que l'on appelle Mafia» : comment la Mafia prit son nom, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 84
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Primitifs, chap. 2 — La Mafia entre dans le système italien 1876-1890, p. 117
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Primitifs, chap. 2 — La Mafia entre dans le système italien 1876-1890, p. 117
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Le meurtre de Notarbartolo, chap. 3 — Coruption en haut lieu 1890-1904, p. 171
Cesare Mori se targuait de savoir beaucoup de choses, en particulier de connaître la mentalité sicilienne, connaissance fondée sur ses années d'expériences acquises dans la région de Trapani. Elémentaire, dogmatique et grossière, sa théorie servirait de base à sa croisade contre la Mafia : « J'ai pénétré l'esprit du peuple sicilien et j'ai découvert, sous les douloureuses cicatrices laissées par des siècles de tyrannie et d'oppression, une âme enfantine, simple et bonne, apte à tout colorer de sentiments généreux, toujours encline à se faire des illusions, à espérer et à croire, et prête à déposer tout son savoir, son affection et sa coopération aux pieds de celui qui montre un désir de réaliser son rêve légitime de justice et de rédemption. »
La clé du succès de la Mafia, affirmait-il, était sa capacité à profiter de la vulnérabilité et de la crédulité nichées au cœur du caractère sicilien.
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie, éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie L'homme au cœur poilu, chap. 4 — Socialisme, fascisme, Mafia 1893-1943, p. 171
- Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie, éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007 (ISBN 978-2-262-02727-8), partie L'Amérique de Cola Gentile, chap. 5 — La Mafia s'installe en Amérique 1900-1941, p. 247