Jules Vallès
journaliste, écrivain et homme politique français
Jules Vallès (nom de plume de Louis Jules Vallez), né au Puy-en-Velay le 11 juin 1832, mort à Paris le 14 février 1885 est un journaliste, écrivain et homme politique français d'extrême gauche.
Fondateur du journal Le Cri du Peuple, il fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871. Condamné à mort, il doit s'exiler à Londres de 1871 à 1880.
Le Bachelier, 1881
modifierL'Insurgé, 1886
modifierÉléments d'analyse d'une insurrection populaire :
Des femmes partout. — Grand signe ! Quand les femmes s’en mêlent, quand la ménagère pousse son homme, quand elle arrache le drapeau noir qui flotte sur la marmite pour le planter entre deux pavés, c’est que le soleil se lèvera sur une ville en révolte.
- L'Insurgé (1886), Jules Vallès, éd. Gallimard, 1964, chap. XV, p. 185 (texte intégral sur Wikisource)
Mais croient-ils donc, ceux qui m’entourent, que parce qu’ils ne diront rien, les troupes ou la police les ménageront ? Ils peuvent mettre leur langue dans leur poche, on leur cassera la gueule tout de même, si le pouvoir se sent encore assez solide pour se payer ça. Hurler « Vive la République ! », camarades, mais c’est plutôt sauvegarder sa peau ! Quand une émeute a un cri de ralliement, un drapeau qui a vu le feu, elle est à mi-chemin du triomphe. Chaque fois que les fusils se trouvent en face d’une idée, ils tremblent dans la main des soldats, qui voient bien que les officiers hésitent avant de lever leur épée pour commander le massacre. C’est qu’ils sentent, les porte-épaulettes, que l’Histoire a les yeux sur eux.
- L'Insurgé (1886), Jules Vallès, éd. Gallimard, 1964, chap. XVII, p. 230 (texte intégral sur Wikisource)
Ah ! ceux qui croient que les chefs mènent les insurrections sont de grands innocents ! Émietté, dispersé, déchiré, noyé, ce qu’on appelle l’état-major dans le tumulte des vagues humaines ! Tout au plus, la tête d’un de ces chefs peut-elle émerger, à un moment, comme les bustes de femmes peintes, sculptés à la proue des navires, et qui paraissent et disparaissent à la grâce de la tempête, au hasard du roulis !
- L'Insurgé (1886), Jules Vallès, éd. Gallimard, 1964, chap. XXI, p. 267 (texte intégral sur Wikisource)