Konrad Lorenz

biologiste et zoologiste autrichien

Konrad Zacharias Lorenz, né le 7 novembre 1903 et mort le 27 février 1989, est un biologiste et zoologiste autrichien titulaire du prix Nobel.

Konrad Lorenz.

L'agression : une histoire naturelle du mal, 1969 modifier

Mon livre traite de l'agressivité, c'est-à-dire l'instinct de combat de l'animal et de l'homme, dirigé contre son propre congénère.
  • Préface.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 5


Le mot "lutte pour l'existence" est souvent mal interprété ; il fait penser à une lutte entre espèces différentes. Mais en vérité, la "lutte" à laquelle pensait Darwin est en premier lieu une concurrence entre proches parents. Ce qui fait disparaitre une espèce en sa forme actuelle, c'est l'invention" avantageuse qui dans le jeu éternel des modifications héréditaires, favorise, par hasard, un ou plusieurs individus. Les descendants de cet heureux gagnant prennent aussitôt le dessus sur tous leurs congénères, jusqu'à ce que l'espèce se compose uniquement d'individus en possession de la nouvelle "invention".
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 30


Tout ce que l'homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue, mais n'est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture [...] Si les normes sociales et les coutumes ne développaient pas leur vie et leur pouvoir autonomes particuliers, si elles n'étaient pas haussées à la valeur de fins sacrées en soi, il n'y aurait pas de vie commune basée sur la confiance, pas de foi, pas de loi.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 87


La voie dans laquelle se développent les gestes inhibiteurs de combat, est ici parfaitement tracée : l'animal qui désire la paix doit détourner son arme de l'adversaire. Cependant l'arme ne sert presque jamais uniquement à l'attaque, elle sert aussi à la défense et à la parade. Cette forme de mouvement d'apaisement présente donc le grand inconvénient que l'animal qui s'y livre, renonce d'une manière très dangereuse à sa propre défense et offre même souvent à l'agresseur potentiel les endroits les plus vulnérables de son corps. Cela n'empêche point cette forme de soumission d'être très répandue.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 132


On comprend donc que chez ces singes : "Je suis ta femme" équivaille facilement à "Je suis ton esclave".
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 134


La lutte collective d'une communauté contre une autre [...] existe lorsqu'elles comportent trop d'individus pour que ceux-ci puissent se connaitre tous individuellement. Aussi, l'appartenance à la même société se manifeste-t-elle ici par une odeur caractéristique, propre à tous ses membres. On sait depuis longtemps que les grandes communautés d'insectes sociaux, qui comptent parfois des milliers ou des millions d'individus, sont des familles se composant des descendants d'une seule femelle ou même d'un seul couple [...] on a appris seulement en 1950 qu'il existe chez les mammifères des superfamilles qui se comportent de façon analogue. F. Steiniger et I. Eibl-Eibesfeldt ont fait cette si importante découverte, l'un sur les surmulots, l'autre sur la souris domestique.
  • Cet ordre social d'agression intraspécifique fournit un modèle apte à rendre visibles certains dangers qui menacent notre espèce humaine.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 157


Une chose est sûre : les luttes tribales ne remplissent point ces fonctions dans l'intérêt de l'espèce (...) la sélection décerne un prix aux plus grandes super-familles, car, du fait que les membres d'une famille s'assistent mutuellement contre les étrangers, un petit peuple est, au combat, toujours désavantagé par rapport à un grand (...) Ceux qui survivent s'agrandiront et deviendront de plus en plus sanguinaires, puisqu'il y a un prix de la sélection sur l'augmentation de l'agressivité haineuse. Finalement, toutes les petites tribus succomberont.
  • Ces combats ne servent pas à l'affectation des individus dans l'espace. Il ne sélectionne pas non plus des défenseurs valeureux de la famille - car chez les rats, ceux-ci sont rarement les pères de la génération suivante.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 160 et 161


Et puis arrive la chose qui m'a incité à écrire ce livre : le mâle, ne perdant pas de temps sinon quelques secondes à menacer la femelle se lance effectivement à l'attaque, mais pas du tout contre sa femme. En l'évitant de justesse, il la dépasse et fonce contre un autre congénère qui est toujours son voisin de territoire !
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 168


Ce qui nous frappa immédiatement, ce fut la grande ressemblance entre les gestes de menace et le "salut".
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), p. 170


L'homme n'aime que trop à s'imaginer au centre de l'univers, ne faisant pas partie du reste de la nature, mais s'opposant à elle comme un être d'essence différente et supérieure.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 213


Le premier obstacle est la ressemblance primitive du chimpanzé avec l'homme (...) le second obstacle qui s'oppose la connaissance de nous-même est une certaine aversion sentimentale à admettre que nos propres faits et gestes puissent être causés par les lois de la nature. C'est ce que Bernhard Hassenstein appelle le "jugement de valeur anticausal" qui provient sans doute d'un besoin justifié de pouvoir vouloir librement et du désir de sentir que nos actes ne sont pas déterminés par des causes accidentelles, mais par des buts supérieurs (...) Un troisième grand obstacle à la connaissance de soi-même est l'héritage de la philosophie idéaliste : il provient d'une division du monde en un monde extérieur des choses, par principe de valeur neutre pour la pensée idéaliste, et en un monde intérieur de la pensée et de la raison humaine, le seul auquel soient attribuées des valeurs (...) Dans la pensée occidentale, il est devenu courant de considérer comme étranger au monde des valeurs tout ce qui peut être expliqué par les lois de la nature. Être scientifiquement explicable équivaut à une dévalorisation.
  • Sur les obstacles au fameux : "connais-toi toi-même", attribué à Socrate, mais prononcé en vérité par Chilon.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 214 à 215


La certitude de la théorie de l'évolution est mille fois plus grande que la certitude touchant notre savoir historique ; tout ce que nous savons s'y intègre sans contrainte ; rien ne s'y oppose, et elle possède toutes les valeurs que l'on peut attribuer à une théorie de la création.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 217


Le principe de l'indifférence de la science face aux valeurs ne doit pas nous faire croire que l'évolution, le plus merveilleux enchaînement de processus explicable par des causes naturelles, ne serait pas capable de produire des valeurs nouvelles. La naissance d'une forme supérieure de vie à partir d'un ancêtre plus simple signifie pour nous un gain de valeur.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 219


Un misanthrope sentimental a forgé cet aphorisme qu'on répète souvent machinalement : "Depuis que je connais les hommes, j'aime les animaux." J'affirme l'inverse : celui qui connait vraiment les animaux est capable de comprendre le caractère unique de l'homme (...) Si je croyais l'homme l'image définitive de Dieu, je désespérerais de Dieu. Au contraire, en considérant que nos ancêtres étaient encore à une époque récente de simples singes étroitement apparentés au chimpanzé, je garde un faible espoir. Car il ne faut pas trop d'optimisme pour supposer qu'à partir de nous autres humains, pourrait se développer un jour un être meilleur et supérieur.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 221


La plus grande et la plus précieuse liberté de l'homme s'identifie avec la loi morale qui est en lui.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 224


Il faut plutôt déplorer que l'homme ne possède pas de mentalité de carnivore. Tout le malheur vient précisément du fait qu'il est au fond une créature inoffensive et omnivore, ne possédant pas d'arme pour tuer ses grandes proies et, par conséquent, dépourvu de ces verrous de sécurité qui empêchent les carnivores "professionnels" de tuer leurs camarades de même espèce [...] Tous les carnivores bien armés possèdent des inhibitions fonctionnant avec une sécurité suffisante pour empêcher l'autodestruction de l'espèce.
  • avec des mécanismes de comportement fonctionnellement analogues à la morale
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XII, p. 232 et 233


Aucun homme normal n'irait jamais à la chasse aux lapins pour son plaisir, s'il devait tuer le gibier avec ses dents et ses ongles et atteignait ainsi à la réalisation émotionnelle complète de ce qu'il fait en réalité.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XIII, p. 234


Agir contre la raison n'est pas seulement immoral, mais c'est souvent aussi extrêmement drôle. "Tu ne te tromperas pas toi-même" devrait être le premier de tous les commandements [...] l'humour devient rapidement plus efficace, plus pénétrant et plus subtil dans la détection de la malhonnêteté [...] Je crois que l'humour exerce sur le comportement social de l'homme une influence qui est absolument analogue à celle de la responsabilité morale : il tend à faire de notre monde un lieu plus honnête et donc meilleur.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XIV, p. 282


Bref, je crois en l'ultime victoire de la vérité. Je dirai même que je la considère inévitable, sauf si l'humanité se suicide dans un proche avenir, ce qui est également possible [...]. La conclusion évidente est que l'amour et l'amitié doivent comprendre l'humanité toute entière et que nous devons aimer nos frères humains sans discrimination. Ce commandement n'est point nouveau [...] Et pourtant, tels que nous sommes faits, nous sommes incapables de lui obéir [...] Je crois que ceci donnera à nos descendants, dans un avenir pas trop éloigné, la possibilité d'obéir au plus grand et au plus beau de tous les commandements.
  • Tu ne te tromperas pas toi-même.
  • (fr) L'agression : une histoire naturelle du mal (1969), Konrad Lorenz (trad. Vilma Fritsch), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1983  (ISBN 978-2-0812-3498-7), chap. XIV, p. 282 à 285


L'envers du miroir, 1973 modifier

Ce processus phylogénétique est un processus de connaissance ; en effet, toute "adaptation à" une certaine donnée extérieure révèle qu'une certaine quantité "d'information sur" cette réalité a été assimilée par le système organique.
  • (fr) L'envers du miroir (1973), Konrad Lorenz (trad. Jeanne Etoré), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1975, p. 326


Je crois percevoir les symptômes infaillibles de la naissance d'une auto-analyse de l'homme civilisé fondée sur des connaissances biologiques (...) Certes, l'humanité est aujourd'hui dans une position plus dangereuse que jamais. Mais par la réflexion que lui permet les sciences naturelles, notre civilisation a la possibilité d'échapper à l'effondrement dont toutes les grandes civilisations ont jusqu'à présent été victimes. C'est la première fois dans l'histoire du monde qu'il en est ainsi.
  • (fr) L'envers du miroir (1973), Konrad Lorenz (trad. Jeanne Etoré), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1975, p. 326


Propos rapportés modifier

Pour la préservation de la race, il faudrait être attentif à une élimination des êtres moralement inférieurs encore plus sévère qu'elle ne l'est aujourd'hui [...] Nous devons nous fier aux meilleurs d'entre nous et les charger de faire la sélection qui déterminera la prospérité ou l'anéantissement de notre peuple.
  • Phrases écrites par Konrad Lorenz en 1940.
  • Éloge de la différence, Albert Jacquard, éd. Points sciences, 1978, p. 124


Konrad Lorenz avait montré que s'il était le seul être vivant présent au moment de l'éclosion des œufs, les oies qui en sortaient le considéraient comme leur mère et resteraient à jamais attachées à lui.
  • Transposé à l'espèce humaine, ce concept d'empreinte a été rebaptisé "imprégnation" par la suite.
  • La lettre perdue, Martin Hirsch, éd. Éditions Stock, 2012, p. 17


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