La Farce de Maître Pathelin
La Farce de Maître Pathelin est une farce anonyme médiévale ayant acquis une renommée immédiate qui dure encore aujourd’hui. Elle est à l’origine écrite en moyen français.
Personnages
modifier- Personnage :
- Maître Pierre Pathelin : avocat véreux.
- Guillemette Pathelin : femme de Pierre, tout autant fourbe que son mari avec lequel elle est complice.
- Guillaume Joceaulme : drapier malhonnête. Son prénom fait référence au nom commun guillaume qui signifie « sot ».
- Thibaud L’Agnelet : berger des moutons et brebis de Guillaume. Son nom de famille fait référence à son métier.
- Le Juge : juge expéditif en charge de l’affaire entre Guillaume et Thibaud.
Citations extraites
modifierPathelin — […] Si je décide d’employer mon savoir-faire, on ne trouvera pas mon pareil.
Guillemette — Non, par saint Jacques ! Pas s’il s’agit de tromper. Vous êtes un maître en la matière !
Pathelin — Par le Dieu qui me fit naître, dites plutôt maître en l’art de plaider !
Guillemette — Ma foi, non ! Maître en l’art de tromper ! Pour sûr ! Je le sais bien, puisqu’en vérité, sans instruction et sans le moindre bon sens, vous passez pour l’un des hommes les plus habiles de la paroisse.
- (frm)
Pathelin — […] Car, s’il convient que je m’applicque
A bouter avant ma praticque,
On ne sçaura trouver mon per.
Guillemette — Par saint Jacques ! non, de tromper ;
Vous en estes un fin droict maistre.
Pathelin — Par celuy Dieu qui me fit naistre !
Mais de droite avocasserie…
Guillemette — Par ma foy ! mais de tromperie :
Combien vrayement je m’en advise,
Quant, à vray dire, sans clergise,
Et de sens naturel, vous estes
Tenu l’une des saiges testes
Qui soit en toute la paroisse.
- La Farce de Maître Pathelin (1457), Anonyme (trad. Fanny Marin), éd. Hachette, avril 2007, scène 1, p. 9 (texte intégral sur Wikisource)
Pathelin, en partant — Votre or ! Allons donc ! Votre or ! Je n’ai jamais manqué de parole ! À part. Non mais ! Son or ! Puisse-t-il être pendu ! Hum ! Diable, il ne m’a pas vendu son drap à mon prix, mais au sien. Cependant, c’est au mien qu’il sera payé ! Il veut de l’or ? On va lui en fabriquer ! Dieu fasse qu’il coure sans s’arrêter jusqu’au règlement complet de sa vente ! Par saint Jean, il ferait plus de chemin qu’il n’y en a d’ici à Pampelune !
Le drapier, resté seul — De toute l’année, ils ne verront ni le soleil ni la lune, ces écus qu’il va me donner, à moins qu’on me les vole. Ainsi, il n’est si habile acheteur qui ne trouve vendeur plus habile encore ! Le trompeur que voilà est bien sot d’avoir acheté vingt-quatre sous l’aune un tissu qui n’en vaut pas vingt.
- (frm)
Pathelin, seul dans la rue.
Or ? et quoy doncques ?
Or ! dyable ! je n’y failly oncques !
Non. Or ! Qu’il puist estre pendu !
Endea, il ne m’a pas vendu,
A mon mot ; ce a esté au sien ;
Mais il sera payé au mien.
Il luy fault or ? On le luy fourre !
Pleust à Dieu qu’il ne fist que courre,
Sans cesser, jusques à fin de paye !
Sainct Jehan ! il feroit plus de voye,
Qu’il n’y a jusque à Pampelune.
(Il rentre chez lui)
Le drapier, dans sa boutique.
Ilz ne verront soleil ny lune,
Les escuz qu’il me baillera,
De l’an, qui ne les m’emblera.
Or, n’est-il si fort entendeur,
Qui ne trouve plus fort vendeur :
Ce trompeur-là est bien bec jaune,
Quand, pour vingt et quatre solz l’aulne,
A prins drap qui n’en vaut pas vingt !
- La Farce de Maître Pathelin (1457), Anonyme (trad. Fanny Marin), éd. Hachette, avril 2007, scène 2, p. 24 (texte intégral sur Wikisource)
- La Farce de Maître Pathelin (1457), Anonyme (trad. Fanny Marin), éd. Hachette, avril 2007, scène 5, p. 41 (texte intégral sur Wikisource)
- (frm) Le juge — Suz, revenons à ces moutons […].
- Le drapier confond l’affaire des draps impayés par Me Pathelin et celle des moutons mangés par le berger Thibaud L’Agnelet, ce qui excède le juge. Cette réplique donnera la célèbre expression « Revenons à nos moutons ».
- La Farce de Maître Pathelin (1457), Anonyme (trad. Fanny Marin), éd. Hachette, avril 2007, scène 8, p. 77 (texte intégral sur Wikisource)
Pathelin — Ah, oui ! Bée ? Que je sois pendu si je ne vais appeler un bon sergent ! Malheur à lui s’il ne te met pas en prison !
Berger, s’enfuyant — S’il me trouve, je lui pardonne !
- (frm)
Pathelin
[H]eu, Bée ! L’en me puisse pendre,
Se je ne voys faire venir
Ung bon sergent ! Mesa[d]venir
Luy puisse il s’il ne t’enprisonne !
Le bergier, s’enfuyant.
S’il me treuve, je luy pardonne !CY FINE PATHELIN
- La Farce de Maître Pathelin (1457), Anonyme (trad. Fanny Marin), éd. Hachette, avril 2007, scène 10, p. 94 (texte intégral sur Wikisource)
Citation à propos
modifier- Histoire de la littérature française (1894), Gustave Lanson puis Paul Tuffrau, éd. Hachette, 1953, partie Le Moyen Age, chap. II — Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550)., Livre II — Littérature dramatique, p. 219 (texte intégral sur Wikisource)