Les Bons Vivants

film de Georges Lautner et Gilles Grangier, sorti en 1965
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Les Bons Vivants est un film français de Gilles Grangier et Georges Lautner sorti sur les écrans en 1965. Les dialogues sont signés Michel Audiard.

Citations

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Y'a des jours où on sait même pas l'goût qu'pourraient avoir les choses... On voudrait s'dissoudre... Plus penser... C'est le drame de l'homme, ça, pas pouvoir s'arrêter d'penser...
  • Bernard Blier, Les Bons Vivants (1965), écrit par Michel Audiard


L'autorité conduit souvent à l'isolement, qui conduit les empereurs sur les rochers et les célibataires dans les cuisines.


Le poulet tutoyant, je déteste ça.


Dialogues

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Charles Labergerie : Oh, ben, dis donc ! C'est pas mon jour : Le toubib m'a regardé l'blanc d'l'œil... Il a eu l'traczir ... J'ai la maladie des chefs d'entreprises ! Y m'ordonne l'arrêt complet !
Madame Blanche : Ben, d'toute façon, qu'on ferme sur décret ou sur ordonnance...
Charles Labergerie : J'admire la gaieté d'madame !
Madame Blanche : Oh, te vexe pas, Gros. C'est pas avec ta santé que j'plaisante, c'est avec les rêveries des cavettes. Tu sais pas la dernière ?... Tu sais pas c'que Solange et Mauricette m'ont annoncé ?...
Charles Labergerie : Ah, m'pose pas d'devinettes, c'matin j'arrive pas à émerger !
Madame Blanche : Ben, ces dames s'exportent ! Elles visent la carrière américaine !
Charles Labergerie : Bravo, mes mignonnes... Vous avez du cœur... Et on peut savoir quelle Amérique vous risquez ?
Une pensionnaire : Du Sud, Monsieur Charles !
Charles Labergerie : Alors-là, j'dirais même que vous avez d'la santé !
Madame Blanche : Elles marchent au mirage du peso ! Du bolivar, du cruzeiro et du cordoba !
Charles Labergerie : J'dis pas qu'c'est pas des monnaies agréables à changer ! Mais avant, faut les faire venir... Et si vous parler pas l'espingo ou le portugais, j'vous vois pas gagnantes !
Une autre pensionnaire : On fait une heure d' Assimil tous les soirs.
Charles Labergerie : D' Assimil...
Madame Blanche : Oooh !... Mais c'est pas dans l' Assimil que t'apprendras à reconnaître un va-nu-pieds d'un client ! Là-bas, y s'ressemblent à s'y tromper ! Tu peux, facile, virer un planteur et faire bon accueil à un désespérado !


Charles Labergerie : Ben, messieurs, tout ça, c'est du passé ! De l'imagerie ancienne !... La joie n'est plus d'ce monde !... La maison est fermée, et j'doute que vous en trouviez une d'ouverte !
Un client suisse : Ah, mais alors ?... À quoi ça va servir, maintenant, le Salon de l'Auto ?
Charles Labergerie :Ben, faudra l'faire à Abidjan !... Ou à Hong Kong !... Parce que c'est là-bas qu'le touriste ira porter ses devises, maintenant ! Et encore, j'parle du connaisseur... De l'homme de goût. Parce que le vacancier style plein air, le genre romano, alors-là, on facilite, hein... On flatte tous ses vices ... La pêche sous-marine, les châteaux d'sable, Honolulu à La Varennes, toutes les conneries, quoi !... Au pays d'Descartes !... J'vous laisse juge !...


Marcel Froment : Quand une patrie vous traite comme elle nous traite, éh ben, y'a pas à insister... Y'a pas à s'attarder, ni à espérer des jours meilleurs... Faut aller s'défendre hors des frontières...
Une pensionnaire : Vous z'avez p't-êt' raison, M'sieur Marcel.
Charles Labergerie :Y'a pas d'peut-être ! C'est une certitude ! Hum... Tahiti, tu connais ? Hum... Les palmiers... Le lagon... Tra-ou-la-ou-la. Ah, dis donc, mais une mignonne comme toi, là-bas, mais c'est la ruine du micheton !... Et attention !... Quand j'dis micheton, faut s'entendre !... Rien qu'de l'atomiste et du haut fonctionnaire ! Tiens, un pronostic : on s'barre tous les deux, hum... T'amènes Clara, ta pote, puisque t'as l'air de pas pouvoir t'en séparer... Éh ben, dans deux piges, t'es taulière et elle sous-maq' ! C'est pas un programme chatoyant ? Hein ?


Charles Labergerie : Vingt-cinq années d'labeur, M'sieur le Président !... De jour, comme de nuit !... Entre quatre murs, comme à la trappe !... Toujours sur la brèche... Et l'œil à tout !... L'espérance d'une vieillesse tranquille. Et puis, tout d'un coup... Le trait de plume !... Le décret scélérat qui abolit la propriété ! Et une fois à la rue, qu'est-ce qu'y devient le pauvre homme, hein ?... Une proie ! Tous les cannibales qui lui secouent son carbure. Ah, entre les chacals de la Bourse, les vautours de l'immobilier et les requins du placement industriel, c'est le grand régal ! Elles ont beau spiel, les éconocroques ! Vous voyez d'ici l'carnage, M'sieur l'Président... L'homme à terre, piétiné, qu'on achève... Et encore... L'homme est taillé pour la lutte... Mais la pauvre femme !... Hein ?... La pauvre femme !... La mienne, c'est bien simple, elle s'est mise à s'momifier, M'sieur le Président !... À s'momifier ! Jour après jour... Un chagrin pire qu'un cancer...
Lucette : Madame se meurt ?
Charles Labergerie : Madame est morte !
Lucette : Oooooh !...
Le Président du tribunal : Ils ont de la culture.
Charles Labergerie : Tenez ! Madame est morte !... Vous qui l'avez connue les filles, vous pouvez dire si c'était pas une méritante !... Y m'l'ont butée, ma P'tite Reine...


Eloïse : Il nous suit !
Léon Haudepin : Ça va se terminer par des atémis, un cinquième de hanche, et des prises au sol, car je suis ceinture bleue !
Eloïse : Avec vos yeux gris, ça doit bien vous allez...


Eloïse : Papa buvait... Maman buvait... Y s'tabassaient terrible... La maison était un enfer, vous n'pouvez pas savoir c'que c'est.
Léon Haudepin : J'ai lu Zola...
Eloïse : En quarante-trois, papa a été fusillé par les Allemands...
Léon Haudepin : Aaah...
Eloïse : Il avait déserté d'la L.V.F....
Léon Haudepin : Ah, oui, c'est...
Eloïse : En quarante-cinq, maman a été tondue et jetée en prison... Je m'suis retrouvée seule pour élever mes trois p'tits frères... J'avais douze ans et j'ai commencé à connaître les hommes...
Léon Haudepin : Oh la-la-la-la-la-la...
Eloïse : Je n'sais pas si votre Monsieur Zola parle de ça...
Léon Haudepin : Lui, peu. Mais alors, Eugène Sue, énormément... Non, c'est... Non, mais, ça fait rien, continuez...
Eloïse : Une aventure malheureuse... Un grand amour déçu... La poupée qu'on jette... Puis la pente fatale... La noce, quoi... J'ai un peu improvisé jusqu'au jour où j'ai rencontré Marcelo. Ah, lui, c'était un perfectionniste... Y m'a fait faire mes classes... Le Palais Oriental à Brest, le Panier Fleuri à Toulon, le Topol d'abord, puis la Madeleine. Si j'avais la santé, à l'heure qu'il est, j's'rais p't-êt' aux Champs-Élysées ! Mais un soir qu'il neigeait et que j'faisais des grâces devant la Brasserie Weber...
Léon Haudepin : Oui, attendez... Un jeune homme est sorti... Il vous a glissé une boule de neige dans l'dos... Et vous avez attrapé une fluxion de poitrine...
Eloïse : Comment vous l'savez ?
Léon Haudepin : Victor Hugo !


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