Louis Lachenal
alpiniste français
Louis Lachenal (1921-1955) est un alpiniste français, premier vainqueur, en 1950, avec notamment Gaston Rébuffat et Maurice Herzog, de l'un des sommets de plus de huit mille mètres, l’Annapurna (8 091 m).
Citations
modifierDes pierres, heureusement de calibre moyen, tombent sans arrêt, et nous montons dans un perpétuel sifflement. Terray a des crampons à longues pointes qui conviennent mieux et part en tête. Nous cramponnons, assurant chacune de nos longueurs de corde à la broche de glace. La traversée de ces pentes de glace nous prend beaucoup de temps. Je reprends la tête pour franchir un passage rocheux assez difficile qui nous permet d'atteindre le névé supérieur. Il est 13 heures 30 lorsque nous arrivons au point où Sedlmaier et Mehringer trouvèrent la mort. Leurs pitons sont encore là, fixés dans la paroi. L'endroit étant propice, nous nous y arrêtons pour nous restaurer et nous reposer.
- Louis Lachenal, Carnets de vertige, éd. Guérin, 1996, p. 151-2
C'est avec André Contamine qu'il part, mais les circonstances vont bouleverser leur programme. Ils gravissent les deux voies les plus difficiles, Caïman, Crocodile, et sont pris dans un violent orage tandis qu'ils s'apprêtent à attaquer la voie Ryan. Il redescendent au refuge, où ils parviennent à quatorze heures. Ils avaient largement le temps de réussir l'exploit. Une cordée plus lente aurait été victime de l'orage dans le haut d'une des voies.
- Louis Lachenal, Carnets de vertige, éd. Guérin, 1996, p. 175
(Samedi 3 juin 1950)… Un couloir nous mène vers quelque chose qui, d'où nous sommes, nous paraît un sommet. Nous nous y élevons. Le sommet du couloir n'est qu'une sorte de selle d'où part, vers la gauche, une sorte d'arête qui encore une fois nous paraît mener au sommet. Que c'est long !
Enfin nous y sommes. Une arête de neige ourlée de corniches avec trois sommets, l'un plus haut que les autres. C'est le sommet de l'Anna Purna.
En dessous versant Nord une banquette de rochers nous reçoit pour que nous fassions les quelques photos officielles que nous avons à faire…
Enfin nous y sommes. Une arête de neige ourlée de corniches avec trois sommets, l'un plus haut que les autres. C'est le sommet de l'Anna Purna.
En dessous versant Nord une banquette de rochers nous reçoit pour que nous fassions les quelques photos officielles que nous avons à faire…
- Louis Lachenal, Carnets de vertige, éd. Guérin, 1996, p. 254
Le 6 juillet fut particulièrement horrible. Nous étions dans le train et Oudot allait me quitter pour faire le détour de Kathmandu. Aussi opérait-il en série. Voici ce que j'écrivis ce soir-là :
Entre les gares je défais les pansements, aux arrêts dans les gares. Oudot s'empare de ses ciseaux et de ses pinces. Ainsi pour moi, à la gare avant Goratpur, deux de mes orteils tombent au pied droit. A l'arrêt de Goratpur, trois au pied droit.
Entre les gares je défais les pansements, aux arrêts dans les gares. Oudot s'empare de ses ciseaux et de ses pinces. Ainsi pour moi, à la gare avant Goratpur, deux de mes orteils tombent au pied droit. A l'arrêt de Goratpur, trois au pied droit.
- Louis Lachenal, Carnets de vertige, éd. Guérin, 1996, p. 294
Citations le concernant
modifierC'était un homme juste, droit, franc, généreux : n'a-t-il pas réduit à néant son avenir et sa carrière en demeurant avec son compagnon jusqu'au sommet de l'Annapurna, pleinement conscient des risques qu'il prenait pour lui-même, vu la progression implacable des effets du gel ? Il pensait en effet que le laisser poursuivre seul l'ascension finale le condamnait à ne plus pouvoir revenir. Il était minutieux, perfectionniste. Tout comme Lionel Terray, il se montrait ambitieux pour les résultats et pas pour les honneurs : il laissait ça à d'autres... Ce n'était pas un matérialiste. Il voulait seulement vivre de la montagne et faire vivre assez bien sa famille. Je terminerai en disant simplement que, s'il y a un homme qui doit être un modèle pour tous, c'est bien lui.
- Almanach des Pays de Savoie 2010, Bruno Heckmann, éd. Arthéma, 5 décembre 2009, p. 54
Je peux contribuer, pour une modeste part à perpétuer le souvenir de celui qui fut le compagnon merveilleux des heures les plus ardentes de ma jeunesse et dont je ne crains pas de dire qu'il fut l'un des plus remarquables alpinistes de tous les temps. Comment évoquer avec des mots son regard perçant, empreint de la plus dure franchise, mais que venait à tout instant éclairer la flamme, parfois un peu malicieuse, d'une joie rayonnante ? Comment faire revivre avec de l'encre et du papier celui qui fut la vie même, tant il débordait de dynamisme, d'enthousiasme et de passion, et aussi d'une exubérance qui allait jusqu'à friser l'excentricité ?
- Revue Jeunesse et Montagne N° 28, Lionel Terray, éd. Coquard, 1956, p. 7