Lutte des classes

tensions dans une société hiérarchisée et divisée en classes sociales

La lutte des classes est un concept socio-historique mettant en lumière un conflit immanent et dialectique entre deux sphères sociologiques antagonistes. Ce concept emprunté aux penseurs du libéralisme a été théorisé et popularisé par Karl Marx dont l'enjeu politique chez lui est l'abolition de la lutte des classes. Il est moult fois vidé et caricaturé de gauche à droite au cours du XXe et du XXIe siècle.

Marx a importé dans l'histoire humaine la théorie des milieux; mais ne croyez pas que le matérialisme de Marx et d'Engels soit une de ces vulgaires adaptations de théories naturalistes à la science sociale dont dernièrement les Darwiniens d'Allemagne, d'Angleterre et de France ont été si prodigues. Non, Marx est le premier en date. Alors que la théorie des milieux dormait de son lourd sommeil, qui commença en 1832, Marx formulait sa théorie de la lutte des classes dans la Misère de la Philosophie, publié en français en 1847 et, l'année suivante, en 1848, Marx et Engels exposaient, dans le Manifeste du parti communiste, la théorie des transformations sociales imposées par les transformations du milieu économique.


- Vous fomentez la haine de classes, dis-je à Ernest. Je trouve que c'est une erreur et un crime de faire appel à tout ce qu'il y a d'étroit et de brutal dans la classe ouvrière. La haine de classes est antisociale, et il me semble antisocialiste.
- Je plaide non coupable, répondit-il. Il n'y a de haine de classe ni dans la lettre ni dans l'esprit d'aucune de mes œuvres.
- Oh! m'écriai-je d'un air de reproche.
Je saisis son livre et l'ouvris.
Il buvait son thé, tranquille et souriant, pendant que je le feuilletais.
- Page 132 - je lus à haute voix : « Ainsi la lutte des classes se produit, au stade actuel du développement social, entre la classe qui paie des salaires et les classes qui en reçoivent.»
Je le regardai d'un air triomphant.
- Il n'est pas question de haine de classes là-dedans, me dit-il en souriant.
- Mais vous dites « lutte des classes »
- Ce n'est pas du tout la même chose. Et, croyez-moi, nous ne fomentons pas la haine. Nous disons que la lutte de classes est une loi du développement social. Nous n'en sommes pas responsables. Ce n'est pas nous qui la faisons. Nous nous contentons de l'expliquer, comme Newton expliquant la gravitation. Nous analysons la nature du conflit d'intérêts qui produit la lutte de classes.
- Mais, il ne devrait pas y avoir de conflit d'intérêts, m'écriai-je.
- Je suis tout à fait de votre avis, répondit-il. Et, c'est précisément l'abolition de ce conflit d'intérêts que nous essayons de provoquer, nous autres socialistes. Pardon, laissez-moi vous lire un autre passage - il prit le livre et tourna quelque feuillets. Page 126 : « Le cycle des luttes des classes, qui a commencé avec la dissolution du communisme primitif de la tribu et de la naissance de la propriété individuelle, se terminera avec la suppression de l'appropriation individuelle des moyens d'existence sociale ».
  • Le talon de fer (1908), Jack London (trad. Louis Positif), éd. Libretto, 2003, p. 43-44