Marek Halter

écrivain français

Marek Halter (né en 1936) est un écrivain français.

Marek Halter (2010).

La Mémoire d'Abraham (1983) modifier

   La lumière montait comme une mer, vague après vague, déposant tour à tour des couleurs tendres et des éclats de quartz, allumant l'ocre des remparts, l'argent bleu des oliviers, la blancheur des terrasses.


   Alors seulement Abraham le scribe se levait, heureux comme après une prière.


Les Mystères de Jérusalem (1999) modifier

   Elle rit. Son rire soulevait sa poitrine, peut-être pas innocemment, et plissait ses yeux clairs, ses iris brillants d'excitation.


   Calimani possédait au plus haut point ce mélange extraordinaire de sans-gène et d'affectueuse convivialité qui fait que certaines personnes peuvent ainsi s'inviter à leur guise dans toutes les maisons d'un village, sans souci de l'intimité des habitants et sans subir aucun reproche, tant leur inconscience de la sphère privée d'autrui semble naturelle.


   -- Ah, mon cher Tom ! fit Calimani en lui posant la main sur l'avant-bras. Si la vie, à mon âge, ne m'avait pas appris ces choses-là, que m'aurait-elle donc enseigné ?


   Le rabbin resta silencieux... Soudain, il déclara d'une voix lente et grave : -- Le serpent l'avait prédit : celui qui mangera le fruit de l'arbre de la Connaissance devient « comme » Dieu. Mais voilà : être « comme Dieu » ne signifie pas être Dieu. Or, depuis qu'il a été chassé du paradis, l'homme ne cesse d'entretenir cette confusion et de se prendre pour l'Éternel !


   Orit était assise à côté de lui, silencieuse, ses doigts jouant avec ses cheveux dénoués sur ses reins. Bien qu'il ne vît pas son visage car elle tournait la tête, avide du spectacle de la rue, il sut qu'elle souriait. Il respirait son parfum d'ambre, et il passsait quelque chose de ce sourire dans ce parfum. Peut-être n'était-ce rien d'autre que cela, être amoureux ? Savoir que l'on porte en soi la chair de l'autre, pouvoir respirer son parfum avant même d'affronter la folie permanente du monde ?


   Les joues de Mme Adjashlivi tremblèrent. Si fort qu'elle pressa son visage entre ses mains comme s'il menaçait d'éclaiter. Orit fit rapidement le tour du comptoir et la prit dans ses bras. Les sanglots, cette fois, étouffaient la mère d'Aaron. Sa force, trop longtemps mise à l'épreuve, l'abandonnait.


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