Mario Puzo
écrivain américain
Mario Puzo (1920-1999) est un écrivain et scénariste américain.
Le Parrain (The Godfather), 1969
modifierUn avocat habile vole bien plus d’argent avec son porte-documents qu’un millier de brigands avec leurs pistolets et leurs cagoules.
- Le Parrain (1969), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Edito-Service S.A., s.d., partie Livre troisième, chap. 14, p. 246
- Citation choisie pour le 11 octobre 2016.
"Je le raisonnerai." Cette formule devint légendaire par la suite. Elle servit d'avertissement avant les règlements de compte mortels. Quand Vito devint un Don, et offrit à ses interlocuteurs de "raisonner", ils comprirent qu'il leur offrait ainsi de régler l'affaire sans assassinat ni même violence.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 14, p. 227-228
Des années d'observation silencieuse l'avaient convaincu qu'il était plus intelligent et plus courageux que les autres quoiqu'il n'eût encore jamais eu l'occasion de manifester son intelligence et son courage.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 14, p. 229
A quelle sorte d'homme fallait-il appartenir pour ordonner le massacre d'une bête valant six cent mille dollars? Sans un mot d'avertissement. Sans tenter une dernière démarche, une dernière négociation. Tant de sauvagerie, tant de mépris pour les valeurs admises, c'était la signature d'un homme qui ne connaissait pas d'autre loi que la sienne, d'un dément qui se considérait lui-même comme son propre Dieu. Ce monstre mettait au sevice de sa volonté assez de puissance et d'astuce pour neutraliser l'équipe de surveillance qui montait la garde nuit et jour autour des écuries du grand Woltz.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 2, p. 79
Il est dans les affaires, dit le Don, d'un ton débonnaire. Je lui ferai une offre qu'il ne pourra pas refuser.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 1, p. 45
A cette époque le Don conçut une idée: il gouvernait son petit monde beaucoup mieux que ne le faisaient ses ennemis, ceux qui administraient la société tout entière, à laquelle il se heurtait à chaque pas. Les pauvres gens du voisinage qui, à tout instant, lui demandaient son aide le confirmèrent dans cette idée.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 14, p. 241
Tous étaient habitués à écouter attentivement et patiemment. Ils avaient encore une autre trait commun: ils avaient refusé d'accepter les règles de la société organisée, de se laisser dominer par d'autres hommes, ce qui est rare chez l'être humain. Aucune force, aucun mortel n'étaient capables d'infléchir leur volonté dans un sens qui leur déplût. Ils étaient tous décidés à préserver leur liberté d'action par tous les moyens y compris le meurtre. Seule la mort pouvait abattre leur détermination ou bien une raison absolument évidente.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 20, p. 313
Le flic respecte la loi mais avec une curieuse naïveté. Il lui attache plus d'importance que le public en général car la loi, après tout, est à la source de son pouvoir. Or, tout individu tient à préserver son pouvoir personnel. D'autre part, le flic est au service du public et nourrit des rancoeurs envers celui qui l'emploie. Le public est à la fois son patron et sa proie. En tant que patron, il est ingrat et en demande trop. En tant que proie, il est dangereux, prefide, fuyant. Dès que l'agent ou le détective met en route le mécanisme que la société lui confie pour défendre le public, ce dernier mobilise toutes ses ressources pour le priver de sa victoire. Il y a des politiciens corrompus et des juges qui appliquent la peine minimum et accordent le sursis aux pires fripouilles. Les gouverneurs d'Etat et le président des Etats-Unis lui-même signent la grâce de ceux que les meilleurs avocats n'ont pas pu faire acquitter.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 17, p. 276
Mon père est un homme d'affaires qui s'ingénie à pourvoir aux besoins de sa femme, de ses enfant et des amis dont il pourrait avoir besoin un jour, en cas de malheur. Il ne se plie pas aux règles de la société dans laquelle nous vivons parce qu'elles l'auraient condamné à mener une vie indigne d'un homme doué d'une puissance et d'un caractère aussi extraordinaire que les siens. Il te faut comprendre qu'il se considère l'égal des grands hommes commes les présidents, les premiers ministres, les magistrats de la Cour suprême et les gouverneurs d'Etat. Il n'admet pas que leur volonté prime la sienne. Il refuse d'obéir à des règles établies par d'autres et qui le condamneraient à une vie de vaincu. Mais son but ultime, c'est d'entrer dans cette société avec un certain pouvoir, car la société ne protège pas , en réalité ses membres, s'ils ne disposent pas eux-mêmes d'une puissance suffisante. En attendant il obéit à une éthique qu'il juge très supérieure aux structures légales de la société.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 25, p. 398
Accablé par des maîtres sans pitié, le peuple apprit à ne jamais manifester sa colère ou sa haine par crainte de représailles. Il apprit aussi que la moindre menace rend vulnérable parce qu'elle met l'adversaire en garde et provoque des représailles anticipées. La structure sociale leur étant hostile les Siciliens ne s'adressaient jamais à la justice et lorsqu'ils subissaient quelque tort, c'est à la mafia rebelle et clandestine qu'ils portaient leurs doléances.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 23, p. 357
Il existe en ce bas monde des gens qui ne demandent qu'à se faire tuer. Tu dois en avoir remarqué. Ils cherchent querelle dans les salles de jeu, ou bien ils bondissent hors de leur voiture dès que quelqu'un a eu le malheur d'égratigner leur pare-chocs. Ils maltraitent ou cherchent à humilier des individus dont ils ne connaissent pas la puissance ou les réactions possibles. J'ai vu un de ces fous provoquer délibérément la fureur d'un groupe de truands extrêmement dangereux. Bref, ce sont des types qui finissent toujours par trouver quelqu'un qui leur rend ce service. On parle d'eux tous les jours dans les journaux. Ils se font du tort à eux-mêmes, mais aux autres aussi.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 30, p. 461-462
Nous n'avons pas à rendre compte aux gros calibres, aux pezzonovanti qui se permettent de décider ce que nous devrions faire de notre vie, qui déclarent la guerre à leur fantaisie et voudraient que nous combattions pour protéger leurs biens. Qui oserait prétendre que nous devons obéir à des lois faites dans leur intérêt et à notre détriment? A quel titre oseraient-ils nous empêcher de veiller à nos propres intérêts? Sonna cosa nostra. (...) Ce sont nos affaires. Nous régirons notre monde pour nous-mêmes pare que c'est notre monde: cosa nostra. Il importe donc avant tout que nous nous tenions les coudes pour nous défendre contre les intrus. Sinon, ils nous passeront un anneau dans le nez comme ils l'ont fait à des millions de Napolitains et autre Italiens de ce pays.
- Le Parrain (1968), Mario Puzo (trad. Jean Perrier), éd. Robert Laffont, 1970, chap. 30, p. 320