Marjane Satrapi
autrice de bande dessinée, peintre et réalisatrice française et iranienne d'expression francophone
Marjane Satrapi (en persan : مرجان ساتراپی, Marjāne Sātrāpi), née le 22 novembre 1969 à Rasht (Iran), est une artiste franco-iranienne d'expression francophone surtout connue comme autrice de bande dessinée et réalisatrice. Elle a dessiné et scénarisé Persepolis (2000-2003), bande dessinée autobiographique sur sa jeunesse en Iran, en Allemagne et en France, puis Broderies (2003) et Poulet aux prunes (2004). Elle passe ensuite à la réalisation de films : l'adaptation de Persepolis en film d'animation (2007), celle de Poulet aux prunes en prise de vues réelles (2011), puis La Bande des Jotas, The Voices, Radioactive.
Films
modifierPersepolis (film, 2007)
modifier- Voir le recueil de citations : Persépolis (film)
Citations en interviews
modifierMes copains de l'atelier me poussaient à dessiner et j'ai commencé à imaginer une histoire autour de l'Iran et des idées fausses qui circulaient. J'entendais des choses très négatives sur ce pays et, même en sachant que ce n'était pas forcément faux, j'ai voulu adopter un point de vue différent. Dire l'autre partie de la réalité. Je ne suis ni sociologue ni historienne, et, pour éviter le manifeste politique, il n'y avait qu'une seule solution : me raconter. Moi qui voulais être illustratrice, je me suis plongée dans un boulot obsessionnel et long. Une série de quatre albums comme autant de périodes importantes de ma vie: la révolution, la guerre, l'exil, le retour.
- Au sujet de l'élaboration de sa bande dessinée Persepolis
- « Marjane Satrapi - Je me bats surtout contre les idées reçues », Marjane Satrapi (propos recueillis par Eric Libiot), L'Express, 20 février 2008 (lire en ligne)
Les Iraniens ne sont pas tous des fous de Dieu. Cette division du monde m'a toujours paru idiote. Quel est le point commun entre un fanatique iranien et moi ? Il n'y a en a pas. Quel est le point commun entre un catholique intégriste français et vous ? Aucun. Mais il y a en beaucoup, j'imagine, entre vous et moi. S'il y a un partage du monde à faire, c'est entre les cons et ceux qui ne le sont pas. Entre les fanatiques et les démocrates. Pour la majorité des gens, l'Iran c'est soit Schéhérazade, soit les terroristes. Entre les deux il n'y a rien. Eh bien, si. Et c'est ce que je voulais montrer.
- « Marjane Satrapi - Je me bats surtout contre les idées reçues », Marjane Satrapi (propos recueillis par Eric Libiot), L'Express, 20 février 2008 (lire en ligne)
Une idée tenace perdure: dessin égale Rembrandt. Ce qu'il faisait est évidemment magnifique mais l'art du XXe siècle a montré que le dessin n'est pas qu'une reproduction de la nature. C'est une réinterprétation.
- « Marjane Satrapi - Je me bats surtout contre les idées reçues », Marjane Satrapi (propos recueillis par Eric Libiot), L'Express, 20 février 2008 (lire en ligne)
L'éducation, l'égalité entre les hommes et les femmes, le droit à la parole: ce sont des choses que je défendrai jusqu'à mon dernier souffle. Mais je me bats surtout contre les idées reçues. Il m'est toujours difficile de donner un avis affirmé sur un sujet. Le voile, par exemple. Beaucoup m'ont demandé de me prononcer. Je l'ai porté en Iran, je n'aime pas ça et on attendait donc de moi que je condamne toute personne voilée. Désolée, mais il m'est impossible d'interdire à quelqu'un de faire quelque chose. Il faut peut-être d'abord se demander pourquoi, en France, des jeunes filles se voilent, alors que leurs mères, non. À l'époque de la polémique, j'ai rencontré une femme qui me disait que son problème, à elle, en Iran, c'était le chômage, pas le voile. J'ai alors décidé de me taire. Qu'on demande plutôt aux experts du CNRS de s'exprimer.
- « Marjane Satrapi - Je me bats surtout contre les idées reçues », Marjane Satrapi (propos recueillis par Eric Libiot), L'Express, 20 février 2008 (lire en ligne)
Une Iranienne, en France, m'a dit : «Depuis que le film est sorti, je me sens moins étrangère ici.» Cette phrase m'a beaucoup touchée. En Iran, il y a des versions DVD pirates qui circulent et qui se vendent sur le même marché où je me rendais pour acheter des films interdits. Cela m'amuse.
- « Marjane Satrapi - Je me bats surtout contre les idées reçues », Marjane Satrapi (propos recueillis par Eric Libiot), L'Express, 20 février 2008 (lire en ligne)