Martin Gibert
philosophe franco-québécois
Martin Gibert, né le 7 août 1974, est un philosophe, écrivain et chercheur canadien travaillant pour l'Université de Montréal. Il est spécialisé dans l'éthique de l'intelligence artificielle et les droits des animaux.
Citations
modifierVoir son steak comme un animal mort (2015)
modifierLe véganisme n'est pas un régime alimentaire. C'est un mouvement social qui mérite d'être mieux connu. C'est un mouvement de résistance à l'oppression dont sont victimes les animaux que nous exploitons pour leur viande, leur lait ou leur fourrure.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 10
Chaque minute dans le monde, 5 chevaux, 22 chiens, 400 veaux et vaches, 700 moutons, 930 dindes, 1 700 cochons, 3 000 canards et plus de 60 000 poulets sont abattus pour la consommation humaine. Et durant cette même minute, ce sont aussi plus de 120 000 animaux marins qui vont périr dans des filets, le plus souvent par asphyxie.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 11
En effet, on pourrait soutenir qu'abattre un animal ne lui cause pas vraiment de souffrance et qu'il doit bien mourir de quelque chose. Où est le problème s'il a bien vécu jusqu'à cette mise à mort prématurée ? (En fait, la question ne se pose pas uniquement au sujet des animaux : qu'est-ce qu'un conséquentialiste doit répliquer à celui qui voudrait tuer un enfant dans son sommeil?). […] En effet, on pourra sans doute montrer que les animaux souffrent moins dans une petite ferme quitte veut respectueuse de leurs intérêts ; mais comment montrer qu'il est nécessaire de les consommer ?
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 43
La chasse n'est ni une abstraction, ni un sport. Un sport cherche la symétrie entre les compétiteurs tandis que le chasseur impose ses règle et son objectif (tuer). L'animal, lui, ne joue pas ; il cherche très concrètement à fuir pour sauver sa peau.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 60
Nous aimons les animaux et nous aimons manger leurs cadavres. Nous blâmons la cruauté et nous encourageons l'élevage industriel. Nous éprouvons de l'empathie pour les chiens et les chats et nous exploitons les vaches et les cochons. Voilà la dissonance. […]
« Je sais que les animaux souffrent... mais j'aime mon steak ». […]
En un sens, les véganes ont tous résolu cette dissonance. Ils l'ont résolue par la première option : en changeant leur comportement. De ce point de vue, la question n'est pas de savoir « comment peut-on être végane ? ». Un végane est juste une personne qui ajuste son comportement à ses valeurs, en limitant, autant que possible, son impact sur la souffrance animale.- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 62-63
Derrière le consensus en éthique animale, il y a aussi un consensus scientifique : la plupart des animaux que nous exploitons, tuons et consommons ont des émotions, des préférences, des intérêts. Ils ont une vie qui leur importe. Il serait temps de prendre la mesure de nos responsabilités morales.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 63
La production, le transport, la préparation et le gaspillage de nourriture sont des sources d'émissions importantes de GES. Or, les produits d'origine animale sont, de loin, les plus problématiques. Dans un rapport publié en 2013, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que l'élevage est responsable de 14,5% de nos émissions globales de GES. C'est beaucoup pour un seul secteur - et c'est sans compter l'industrie de la pêche. En fait, c'est un peu plus que les émissions dues à l'ensemble des transports (voiture, camion, avion, train et bateau).
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 83
Et quand on y songe un peu, qu'est-ce qui fait tant rire la vache qui rit ? Son veau à l'abattoir ?
Fort heureusement, on peut voir la viande autrement. On peut ne plus être dupe du carnisme ambiant. On peut lire, s'informer, regarder des documentaires. Alors quand le vernis se craquelle, lorsque l'imagination et la réflexion s'engagent, c'est notre perception morale qui s'approfondit. L'écran carniste se brise. On se met à voir son steak comme un animal mort.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 157-158
Il faut arrêter de penser l'histoire de la domestication comme un conte de fée mutuellement avantageux. C'est d'abord l'histoire d'une espèce qui en asservit d'autres et qui le fait avec violence. […] Au cours des siècles, l'homme a donc asservi toujours plus d'animaux et de façon toujours plus coercitive. Cette oppression a non seulement concerné les animaux domestiques, mais aussi la faune sauvage qui vu son habitat et ses conditions de vie se détériorer. Aujourd'hui il ne reste que 250 000 chimpanzés et 80 000 girafes tandis que 60 milliards d'animaux sont envoyés chaque année à l'abattoir.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 179
Après avoir rappelé la fameuse phrase d'Adorno selon laquelle : Auschwitz commence lorsque quelqu'un regarde un abattoir et pense : ce ne sont que des animaux.
- Voir son steak comme un animal mort, Martin Gibert, éd. Lux, 2015 (ISBN 9782895962014), p. 211