Mathieu Bock-Côté

sociologue, enseignant, essayiste et chroniqueur canadien

Mathieu Bock-Côté, né en 1980 à Lorraine au Québec, est un diplômé de sociologie, enseignant, essayiste et chroniqueur québécois.

Mathieu Bock-Côté (2012).

Citations modifier

C'est une leçon qui devrait être facilement retenue, mais elle ne l'est pas : une société n'est pas qu'un ensemble de règles juridiques appelées à traduire politiquement la logique des droits de l'homme. On ne saurait définir la citoyenneté en termes strictement universalistes. Un pays est un corps politique, qui doit nécessairement incarner un substrat historique. Et la culture n'est pas un ensemble de coutumes dont l'homme peut se délivrer à loisir, pour en embrasser aisément une autre. Car l'homme participe immédiatement à sa culture nationale, et c'est par elle seulement qu'il peut s'ouvrir à l'universel.

  • « Québec, les paradoxes d'une identité », Matthieu Bock-Côté, Boussole, nº 3, Hiver 2015, p. 99


À défaut d'être d'un pays, on devient une société modèle, représentant le laboratoire idéal du progressisme mondialisé. On surplombe l'histoire en en sortant une fois pour toutes. Et il n'est pas interdit de penser que les sociétés européennes découvrent aujourd'hui cette forme d'autodéfense mentale pour ne pas s'avouer en déclin, magnifié à travers un étrange lyrisme libertaire. On se croit d'autant plus beau qu'on est faible. On apprend à détester le passé, et on s'enorgueillit de ne plus rien lui devoir. On chante son émancipation de toutes les contraintes traditionnelles, et on se prend pour le laboratoire du nouvel homme nouveau, qu'on présente comme l'homme sans préjugés — qui prend, trop souvent, le visage de l'homme déculturé.

  • « Québec, les paradoxes d'une identité », Matthieu Bock-Côté, Boussole, nº 3, Hiver 2015, p. 100


On répondra qu'avec la mondialisation, chaque nation se redécouvre à la manière d'une petite nation et se découvre plus fragile qu'elle ne le croyait. La France, par exemple, ne saurait se définir exclusivement par les valeurs de la République, qui ne diffèrent pas fondamentalement de celles partagées par les autres démocraties libérales. Elle est appelée à redécouvrir ce qui est spécifiquement français et au même moment, à constater que ce patrimoine de civilisation, étant moins solide qu'on ne le croyait, doit être transmis sous peine d'être perdu. En un mot, en assumant la singularité de l'identité française, elle fait l'expérience de sa fragilité. c'est ce qu'on pourrait étrangement appeler le destin québécois de la France.

  • « La sagesse des petites nations », Matthieu Bock-Côté, Revue Limite, nº 2, Janvier 2016, p. 65