Mathieu de Montreuil

poète français

Mathieu de Montreuil, dit aussi Mathieu de Montereuil, né à Paris en 1620 et mort à Aix-en-Provence le 21 août 1691, est un poète français.

Stances modifier

Je ne l'eusse pas cru, mais je m'en aperçois,
Ce quartier m'est fatal depuis que j'y demeure :
Il m'était assez doux de vous voir quelquefois,
Mais il ne m'est pas sain de vous voir à toute heure.

Je n'en sais pas fort bien la cause,
Mais j'ai déjà pour vous un peu trop d'amitié
Et j'aurai peur enfin d'avoir quelqu'autre chose,
Qui me ferait du mal sans vous faire pitié.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 7


REMONTRANCE A UNE JEUNE DEMOISELLE RICHE Et qui n'a ni père ni mère

(…)
Hélas que deviendront tant de souris charmants ?
Ce teint brillant, ces bras, ces lèvres et ces dents,
Tout cela n'est-il fait que pour votre famille ?
Je veux vous en montrer un usage plus doux :
Sachez, trop innocente fille,
Que tout cela n'est fait que pour quelqu'un de nous.
(…)
Rennes est, de toutes les villes,
Celle où le dieu d'amour est le plus triomphant ;
Toutes, dès quatorze ans, y font les grandes filles,
Et vous seule après seize y vivez en enfant.
(…)
Vous vous verrez bientôt à l'âge de vingt ans,
Et vous n'aurez plus, en ce temps,
Pas un de vos jours qui n'emporte
Quelque peu de la fleur de vos jeunes beautés ;
Employés ou perdus, n'importe,
Ils ne laisseront pas de vous être comptés.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 16-18


Mille appas, mille attraits parent votre personne ;
Si j'en suis donc épris, si j'en suis amoureux,
Faut-il qu'on s'en étonne ?
Le ciel vous a fait belle, et m'a donné des yeux.

Qu'à Rennes l'on est charitable !
J'avais résolu de mourir
Plutôt que de me découvrir ;
Mais un chacun m'est favorable.
J'ai juré vainement de souffrir vos rigueurs ;
J'ai vainement juré de taire mes langueurs ;
Mon serment désormais n'est plus en ma puissance :
De quoi vous servirait que je fusse discret,
Si malgré mon silence,
Tout le monde aujourd'hui vous a dit mon secret ?

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 27


Epigrammes modifier

Il est vrai, je le sais fort bien,

Depuis que vous m'avez, je ne vous sers de rien,
Ni dans les champs, ni dans la ville ;
Mais toutefois c'est moi qui vous fait plus d'honneur ;
N'avoir pas un homme inutile,

Ce n'est pas vivre en grand Seigneur.
  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 11


Ne vous fiez point à Colin.
C'est bien l'homme le plus malin
Que le ciel ait jamais vu naître ;
(…)
Enfin, si son père mourait,
Je le tiens si fourbe et si traître,
Que je crois qu'il en pleurerait.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 13


Dans un coin, sans flambeau, sans témoins, et sans bruit,
Nous venons de passer la nuit
Avec deux femmes fort jolies ;
Il n'est point ici bas de plaisir bien parfait :
Nous avons dit mille folies,
Mais, las, nous n'en avons point fait.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 19


Madrigaux modifier

Pour Madame la Marquise de Sévigny En jouant à Colin-maillard.

De toutes les façons vous avez droit de plaire,
Mais surtout vous savez nous charmer en ce jour :
Voyant vos yeux bandés, on vous prend pour l'amour ;
Les voyant découverts, on vous prend pour sa mère.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 23


Philis, voulant se corriger
De mille mots Bretons qui me font enrager,
Et qui l'enragent elle-même,
Me demandoit tantôt s'il faut dire en français,
Je vous haïs, ou je vous hais.
Evitez l'un et l'autre avec un soin extrême,
Lui répondis-je alors, tous deux sont fort mauvais ;
Gardez-vous devant moi de les dire jamais ;
Dites seulement, je vous aime.

  • Annales poétiques, ou almanach des muses. Tome XXIV., Mathieu de Montreuil, éd. Mérigot, 1783, p. 37


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