Maxime Rodinson

orientaliste et historien marxiste français spécialiste de l'islam (1915–2004)

Maxime Rodinson est un historien, sociologue, marxiste et orientaliste autodidacte né le 26 janvier 1915 et mort le 23 mai 2004.

Maxime Rodinson (1970).

Citations

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Mahomet (en arabe Muhammad) est, parmi les fondateurs des grandes religions universalistes, celui que nous connaissons le mieux [...]. Homme génial, issu d'une société en marge des grandes civilisations de l'époque, il sut forger une synthèse idéologique impressionnante, capable de séduire d'abord son pays natal, puis de s'imposer dans une vaste zone du globe. Il sut aussi employer des dons remarquables de chef politique et militaire à acquérir le contrôle de l'Arabie. Mystique (incomplet), profondément religieux, mais non pas pur homme de sainteté comme le Christ et le Bouddha, les faiblesses humaines de cette impressionnante personnalité ne font que rendre sa biographie plus attachante. [...] Si le développement postérieur de l'islam est dû aux circonstances (pour ceux qui n'y voient pas la main de Dieu), une part importante de son succès vient néanmoins du génie de Muhammad. On peut le créditer d'une grande intelligence, d'une habileté et d'une ténacité remarquables, d'un sens très fin des hommes et des situations. [...] Il faut tenir compte des mœurs du temps et de son pays pour juger certains de ses actes, atroces ou quelque peu hypocrites [...]. Il montra, en bien des cas, de la clémence, de la longanimité, de la largeur de vues et fut souvent exigeant envers lui-même. Ses lois furent sages, libérales (notamment vis-à-vis des femmes), progressives par rapport à son milieu.
  • Maxime Rodinson, 1961, dans Article Mahomet, paru l'Encyclopédia Universalis V10, 2004, Maxime Rodinson.


Je crois avoir démontré dans les lignes qui précèdent que la formation de l’État d’Israël sur la terre palestinienne est l’aboutissement d’un processus qui s’insère parfaitement dans le grand mouvement d’expansion européo-américain des XIXe et XXe siècles pour peupler ou dominer économiquement et politiquement les autres terres. Il s’agit d’ailleurs d’un diagnostic évident et je n’ai employé tant de mots pour l’énoncer que par la faute des efforts désespérés qu’on a multipliés pour le dissimuler. Il s’agit là de faits. Pour ce qui est des termes, il me semble que celui de processus colonial convient fort bien, étant donné le parallélisme évident avec les phénomènes qu’on s’accorde à nommer ainsi.
  • « Israël, fait colonial ? », Maxime Rodinson, Les Temps Modernes, nº 253 bis, 1967, p. 83


Les colons et colonisateurs ne sont pas des monstres à face humaine. au comportement stupéfiant, comme on le croirait souvent à lire les intellectuels de gauche. Je suis anti-colonialiste et anti-raciste, mais ne puis renoncer pour cela à expliquer le colonialisme et le racisme par des facteurs sociaux et psychologique des plus répandues et des plus banaux, auxquels nul ne devrait jurer qu’il est inaccessible. Le fait d’appartenir à un groupe colonisateur n’est pas le crime indicible et irrémissible qu’on imagine dans les cafés des boulevards Saint-Germain et Saint-Michel. Qui en est innocent ? Seul le temps passé depuis l’usurpation varie.
  • « Israël, fait colonial ? », Maxime Rodinson, Les Temps Modernes, nº 253 bis, 1967, p. 85


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