Mission (film, 1986)

film de Roland Joffé, sorti en 1986

Mission (The Mission) est un film britannique réalisé par Roland Joffé en 1986.

Citations

modifier

Son Éminence (narration / lettre à Sa Sainteté)

modifier
Son Éminence : Votre Sainteté, le règlement des petits embarras que j’avais à démêler loin de vos lumières est accompli dans son entier. Et les Indiens sont de nouveau libres et feront de bons esclaves pour les Espagnols et les Portugais de la région.

Non, ce ne serait pas le ton juste. Changeons…

Votre Sainteté, je vous écris en cette année 1758 de Notre Seigneur des confins du continent américain, et plus précisément de la ville d’Asunción, province de La Plata, à deux semaines de marche de la grande mission de San Miguel. Lesdites missions ont offert aux Indiens un refuge contre les pires des prédations des colons, s’attachant ainsi de tenaces rancunes. Les nobles âmes de ces Indiens les portent vers la musique, et plus d’un violon que l’on entend sonner jusque dans les académies de Rome même est d’ailleurs sorti de leurs mains adroites. Ce fut à partir de ces missions que les pères jésuites portèrent la parole de Dieu jusqu’aux hauteurs inexplorées du plateau qu’habitent les Indiens demeurés en état de nature, dont ils reçurent en échange le martyr.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : La mort de ce prêtre forma le premier maillon de la chaîne dont je me trouve désormais faire partie à mon tour. Il est ainsi assuré que Votre Sainteté sait que peu de choses en ce bas monde adviennent selon nos prédictions. Et comment ces Indiens eussent-ils pu supposer que la mort de ce prêtre obscur allait amener parmi eux un homme dont la vie se mêlerait inextricablement à la leur ?
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Avec un orchestre, les Jésuites eussent soumis tout le continent. Ainsi advint-il enfin que les Indiens guaranis purent faire connaissance avec l’infinie miséricorde de Notre Seigneur… et la bien précaire charité des hommes.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Cette quête de la création d’un paradis sur terre heurte bien des susceptibilités. Votre Sainteté elle-même s’en est offusquée parce qu’elle risque de distraire du vrai paradis qui n’est pas de ce monde. Leurs majestés d’Espagne et du Portugal en sont courroucées parce que le paradis des pauvres est rarement du goût de ceux qui ont mandat de la gouverner, et nos colons d’ici s’en inquiètent pour la même raison. Tel fut donc le fardeau que je dus emporter en Amérique. Il me fallait satisfaire les Portugais qui désirent agrandir leur empire, satisfaire les Espagnols qui souhaitent n’en point pâtir, et assurer Votre Sainteté que lesdits monarques d’Espagne et du Portugal cesseront de menacer la puissance de la Sainte Église. Et il me faut enfin vous assurer à tous que les jésuites d’ici ne sont plus en mesure de vous refuser ces satisfactions.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Ainsi avais-je débarqué en Amérique, la tête pleine des affaires d’Europe. Mais j’entrevis bientôt, pour la première fois, toute l’étrangeté du monde que l’on m’envoyait juger…
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : S’il est vrai, Votre Sainteté, qu’un chirurgien doit parfois se résigner à sacrifier un membre pour sauver le corps entier, rien, en vérité, ne m’avait préparé à la beauté et à la puissance du membre qu’il allait me falloir trancher.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Et si je savais que partout en Europe, les états s’attaquaient à l’autorité de notre Sainte-Mère l’église, et si je savais mieux encore que pour se protéger là-bas, l’église devait faire montre de son autorité sur les jésuites d’ici, je ne pouvais pourtant m’empêcher de me demander si ces Indiens n’eussent pas préféré que les vents de la mer n’aient permis à nul d’entre nous d’aborder leurs rivages.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Et donc, Votre Sainteté, vos prêtres sont morts. Et moi, vivant… Mais à la vérité, c’est moi qui suis mort, tandis qu’ils sont vivants. Car il en va toujours ainsi, Votre Sainteté. L’esprit des morts survit dans la mémoire des vivants.
  • (en) Altamirano : So, your Holiness, now your priests are dead, and I am left alive. But in truth it is I who am dead, and they who live. For as always, your Holiness, the spirit of the dead will survive in the memory of the living.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Dialogues

modifier

Son Éminence : Don Cabeza, un animal pourrait-il nous séduire d’une telle façon ?
Don Cabeza : Les perroquets chantent aussi, Votre Éminence.
Son Éminence : Certes ; mais chantent-ils des mélodies aussi jolies ?
Don Cabeza : Votre Éminence, c’est un rejeton de la jungle. Un animal doué d’une belle voix. S’il était humain, il aurait horreur de ses propres vices. Ces créatures sauvages et luxurieuses, il faudra les subjuguer par la force et les mettre au travail à grands coups de fouet ; voilà le vrai. Tout le reste est billevesée.

  • Ray McAnally, Chuck Low, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Don Cabeza : Dans les territoires gouvernés par l’Espagne, il n’y a pas d’esclavage. Mais il est vrai que cette institution prévaut sur les territoires de nos excellents voisins les Portugais. Selon moi, elle est d’ailleurs fort mal comprise. Mais ici, en territoire espagnol, nous dirigeons nos plantations selon le stricte observance des lois espagnoles et des préceptes de l’Église.
Mendoza : Vous mentez. Vous mentez !

  • Chuck Low, Robert De Niro, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : Je vous assure, père Gabriel, que les cours de notre Europe sont une jungle en comparaison de laquelle votre jungle est un jardin à la française.
  • Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Mendoza : Votre Éminence, par l’effet de mon vœu d’obéissance, je demande humblement et sans réserve à Don Cabeza de pardonner ma… présomption et mon insolence.
Don Cabeza : Eh bien… Dans ce cas… J’accepte. Que diable. Comme je l’ai déjà dit, je ne pouvais relever le défi d’un prêtre !
Mendoza : Il est vrai, ce qui rend mon insolence d’autant plus insolente… Et votre pardon plus gracieux encore… Votre Éminence, je demande aussi votre pardon. Je demande pardon à cette assemblée. Je demande pardon à mes frères. Et je vous demande pardon. Pour avoir outragé Son Excellence.
Son Éminence : Il suffit, nous vous avons entendu !

  • Robert De Niro, Chuck Low, Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Son Éminence : La cour du Portugal prévaut l’athéisme, mais vous et moi sommes chrétiens et catholiques ; et vous, faut-il le dire, servez un roi chrétien.
Hontar : Comme vous y allez, Éminence ; je sers moi aussi un roi catholique !
Son Éminence : En vérité, vous êtes au service du marquis de Pombal qui voue une hostilité forcenée à l’église et dont votre roi s’est entiché.

  • Ray McAnally, Ronald Pickup, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Hontar (en remettant une lettre à Son Éminence) : J’apporte de bien mauvaises nouvelles du marquis de Pombal. De vous à moi, je tiens à vous en exprimer mes profonds regrets. Il est plus que jamais décidé à détruire la puissance de l’église. Et votre communauté des bons chrétiens est commercialement redoutable.
Son Éminence : Oui, elle est fort prospère. N’est-ce précisément pourquoi vous souhaitez vous l’approprier ?
Hontar : Ma foi, il vous eut fallu une noble faillite si vous souhaitiez l’approbation de l’État. Rien ne nous réjouit plus qu’une noble faillite. Rien n’est plus rassurant aux yeux d’une nation de commerçants… Vous ne la lirez pas ?
Son Éminence : À quoi bon la lire si j’en connais la teneur ?

  • Ronald Pickup, Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Hontar : Vous n’aviez pas le choix, Votre Éminence. Il nous faut agir en ce monde. Le monde est ainsi !
Son Éminence : Non, seigneur Hontar… Il est tel que nous le bâtissons. Tel que je l’ai bâti.
  • (en) Hontar : We must work in the world, your eminence. The world is thus.
    Altamirano : No, Señor Hontar. Thus have we made the world… thus have I made it.
  • Ronald Pickup, Ray McAnally, Mission (1986), écrit par Robert Bolt


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :