J’espère que j’aurai Chaalis, c’est mon plus vif désir. [...] un lieu de repos et d’activité, cela est bon et sain car je ne suis qu’une pierre roulante.
Lettre adressée à son secrétaire par Nélie Jacquemart, en 1902, quand elle apprend la mise en vente du domaine de Chaalis où elle a passé son enfance.
Je serai si heureuse de reposer à Chaalis que j’ai tant aimé, de reposer dans la chapelle de Chaalis.
Testament du 19 janvier 1912
« L’histoire du dimanche - Nélie Jacquemart, peintre de talent et femme libre, dernière propriétaire de l’abbaye royale de Chaalis », Propos de Jean-Marc Vasseur recueillis par Lena Malval, FR3 Haut-de-France, 30 octobre 2022 (lire en ligne)
Lundi 14 décembre - J'avais fait demander,indirectement, au duc d'Aumale la permission d'étudier pour mon catalogue de Watteau, les "singeries" de Chantilly, le duc m'a répondu par une invitation à déjeuner, et ce matin, je suis à table au milieu de seize personnes que je ne connais pas du tout. Je pourrais tout au plus nommer le comte de Paris, la comtesse de Paris, Mme de Saint-Didier, le vieux duc d'Hérouville, bonhomme étrange, qui déjeune avec une barbe de trois jours, Melle Jacquemart, la peintresse, en amazone et en chapeau de cheval.
Singerie d'Antoine Watteau (vers 1710) - Le singe sculpteur
En léguant ses biens à l'institut de France en 1912, Nélie Jacquemart peintre de qualité et veuve du banquier Édouard André, avait bien conscience que les portes de sa maison, entre-baillées de son vivant pour introduire quelque amateur privilégié seraient désormais largement ouvertes aux visiteurs pour leur permettre de découvrir ce qui avait fait la passion de sa vie et celle de son mari : la réunion de leurs collections d'art, glanées avec obstination à travers le monde dans le but, certes d'orner avec éclat le cadre de leur existence, mais plus encore de bâtir leur œuvre personnelle, une œuvre magistrale, la somme de leurs curiosités, de leurs goûts, de leurs choix.
« Préface », Jean-Pierre Barbelon, L'Objet d'Art (ISSN 1161-3122), nº Hors Série : Le Musée Jacquemart André, 2004, p. 3
Elle a adopté un nouveau parti, par bien des points singulier ; plutôt que de persévérer dans le grand genre et de multiplier les commandes officielles, elle devient portraitiste.
« L'Orient et l'abbaye de Chaalis », Jeanne Faton-Boyancé (Dir.), Marie-Jo Vidalenc (Rédactrice), L'Objet d'Art (ISSN 1161-3122), nº Hors Série : Le Musée Jacquemart André, 2004, p. 10
C'est dans les voyages et dans ce dépaysement programmé qu'elle va chercher à apaiser sa douleur. Le Proche-Orient devient dans un premier temps, ce nouvel objet d'investigation, dont elle va visiter les différentes contrées. Il faut s'arrêter sur le courage étonnant de cette femme seule parcourant déserts et hauts-plateaux pour découvrir les vestiges d'une civilisation disparue. Le collectionisme italien avait quelque chose de mondain ; ici l'aventure est évidente et les périls ne doivent pas être sous-estimés.
Sur les voyages en Asie de Nélie Jacquemart suite au décès de son époux.
« L'Orient et l'abbaye de Chaalis », Jeanne Faton-Boyancé (Dir.), Marie-Jo Vidalenc (Rédactrice), L'Objet d'Art (ISSN 1161-3122), nº Hors Série : Le Musée Jacquemart André, 2004, p. 21
Cette «rolling stone» de l’art, collectionneuse frénétique, farouchement indépendante, dessine sur le bateau qui la ramène des Indes ce que sera sa future chambre dans le palais du XVIIIe siècle qui fait face aux ruines romantiques de l’abbaye cistercienne fondée par Louis VI le Gros.
« À Chaalis, le palais Idéal de Nélie Jacquemart-André », Adrien Goetz, Le Figaro, 31 mai 2020 (lire en ligne)
Portrait d'Edouard André réalisé par Nélie Jacquemart en 1872
Quand les André arrivaient dans une ville, les antiquaires pressaient leurs clients d’acheter, car après, ils étaient dévalisés ! Pour l’Art, ils dépensaient sans compter.
« L’histoire du dimanche - Nélie Jacquemart, peintre de talent et femme libre, dernière propriétaire de l’abbaye royale de Chaalis », Propos de Jean-Marc Vasseur recueillis par Lena Malval, FR3 Haut-de-France, 30 octobre 2022 (lire en ligne)
Quant à sa précieuse collection, c’est à l’Institut de France qu’elle la lègue afin de la rendre accessible à tous, exigeant de respecter la scénographie élaborée avec son mari puis seule, durant trois décennies.
« Nélie Jacquemart : artiste et chercheuse d’art dans le Paris de la Belle Époque », Louis Gevart, BeauxArts, 13 septembre 2023 (lire en ligne)
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