Nicolás Gómez Dávila

écrivain et moraliste colombien

Nicolás Gómez Dávila, né à Bogotá le 18 mai 1913 et mort dans cette même ville le 17 mai 1994, était un moraliste colombien.

Nicolás Gómez Dávila (1930).

Citations

modifier

Le Réactionnaire authentique

modifier
Les nations actuelles ne sont pas des peuples, mais des sécessions victorieuses de la plèbe.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 37


Tolérer ne doit pas consister à oublier que ce qu'on tolère ne mérite que de la tolérance.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 56


L'intégration croissante de l'humanité ne fait que lui faciliter le partage des mêmes vices.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 64


Ce n'est pas livré au plein vent de l'univers que l'homme meurt de froid, c'est dans le palais de concepts que bâtit son intellect.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 67


Le pur réactionnaire n'est pas un nostalgique qui rêve de passés abolis, mais le traqueur des ombres sacrées sur les collines éternelles.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 81


Si l'on n'aspire qu'à doter d'un nombre croissant d'articles un nombre croissant d'individus, sans se soucier de la qualité des individus, ni de celle des articles, le capitalisme est la solution parfaite.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 81


L'acte libre est insurrection ou obéissance. L'homme fonde là-dessus son orgueil déiforme, ou son humilité de créature.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 82


Se rebeller contre l'inévitable et se résigner à l'évidence : c'est ce qui caractérise l'homme moderne.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 85


A partir du moment où plus rien ne mérite le respect dans notre société, nous devons nous forger dans la solitude de nouvelles loyautés silencieuses.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 111


La liberté à laquelle aspire l'homme moderne n'est pas celle de l'homme libre, mais celle de l'esclave un jour de fête.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 119


Les générations actuelles sont particulièrement ennuyeuses: en effet, comme elles croient avoir inventé la violence et le sexe, elle copulent doctrinairement et doctrinairement massacrent.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 134


La liberté est un rêve d'esclaves.
  • Le Réactionnaire authentique, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2005  (ISBN 2-268-05300-8), p. 153


Carnets d'un vaincu

modifier

Rien ne peut être édifié sur la bonté de l'homme, mais rien ne peut être édifié sans elle.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 31


La prospérité économique d'un individu ne démoralise pas la société tant qu'elle n'implique pas nécessairement l'ascension sociale de celui-ci.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 78


N'est étranger que l'homme moyen d'un autre pays.
L'homme intelligent, même si nous sommes bêtes, nous fait l'effet d'un compatriote.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 87


Le libéralisme s'avère défavorable à la liberté car il ignore les restrictions que la liberté doit s'imposer afin de ne pas se détruire elle-même.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 93


Avouons franchement à notre adversaire que nous ne partageons pas ses idées car nous les comprenons et que lui ne partage pas les nôtres car il ne les comprend pas.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 105


Considérer comme étant égales toutes les professions n'est pas moins contraire à la réalité que l'égalitarisme individuel.
La civilisation exige que les professions soient rangées socialement par ordre hiérarchique.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 108


Croire que la science suffit est la plus ingénue des superstitions.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 112


Le moderne appelle « changement » le fait de cheminer plus rapidement sur le même chemin et dans la même direction.
Le monde, au cours des trois cents dernières années, n'a guère changé que dans ce sens.
La simple proposition d'un véritable changement scandalise et atterre le moderne.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 116


L'art pour l'art, la science pour la science, l'éthique pour l'éthique, la religion pour la religion.
Toute attitude autre finit par falsifier.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 122


Les Évangiles et le Manifeste communiste pâlissent ; le futur du monde est aux mains du coca-cola et de la pornographie.

  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila (trad. Alexandra Templier), éd. L'Arche, 2008  (ISBN 978-2-85181-697-9), p. 135


La sécularisation d’une société consiste en la perte du sens de la dépendance.
  • Carnets d'un vaincu, Nicolás Gómez Dávila, éd. L'Arche, 2009  (ISBN 2-85181-697-7), p. 62


Le récit intelligent de la défaite est la subtile victoire du vaincu.
  • Notas, Nicolás Gómez Dávila, éd. México, 1954, p. 117


Les Horreurs de la démocratie

modifier
Les vérités ne se trouvent pas à la circonférence d'un cercle dont le centre serait l'homme. Les vérités se dressent dans un paysage tourmenté que l'homme parcourt en suivant les méandres d'un sentier sinueux qui les découvre, les cache, et finalement les expose en pleine vue ou les fait disparaître.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 25


Après avoir discrédité la vertu, ce siècle a réussi à discréditer les vices. Les perversions sont devenues des parcs d'attractions que fréquentent en famille les foules du dimanche.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 30


La religion n'est pas née d'un besoin urgent d'assurer la solidarité sociale, pas plus que les cathédrales n'ont été construites dans le dessein de favoriser le tourisme.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 33


Qui ne tourne pas le dos au monde actuel se déshonore.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 39


Le monde moderne est un soulèvement contre Platon.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 129


La décadence d'une littérature commence quand ses lecteurs ne savent pas écrire.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 143


La religion n'est pas un ensemble de solutions à des problèmes connus, mais une nouvelle dimension de l'univers. L'homme religieux vit parmi des réalités que le profane ignore, mais il ne possède pas la clef de l'énigme. La paix religieuse n'est pas la paix du problème résolu, mais celle de l'amour accepté.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 143


Les concessions sont les marches vers l'échafaud.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 234


La cité disparaît, tandis que le monde entier s'urbanise. La cité occidentale était une personne. Aujourd'hui, l'hypertrophie urbaine et le centralisme étatique la désintègent en un simple entassement de gîtes sans âme.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 240


La loyauté à une idée culmine en catastrophe ou dégénère en acrobatie sémantique. Nous ne devons jurer une loyauté sans limites qu'à des personnes.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 301


La vulgarité n'est pas un produit populaire mais un sous-produit de la prospérité bourgeoise.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 344


Ne pas sentir la putréfaction du monde moderne est un signe de contamination.
  • Les Horreurs de la démocratie, Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. Le Rocher, coll. « Anatolia », 2003  (ISBN 2-268-04467-X), p. 344


Un cœur révolté

modifier
L’homme est un animal perdu, sans être un animal abandonné. L’homme ne sait pas vers où aller, tout en ayant l’obligation d’arriver. Une voix impossible à entendre le dirige. L’homme ne sait s’il a fait ce qu’il devait qu’après avoir affronté l’échec.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 27


La liberté est notre risque, le noble privilège de ne pas remplir notre devoir. L’animal avance, imperturbable, jusqu’à la plénitude de son essence ; et la matière la réalise avec sa seule existence. L’homme tremble et vacille au bord de lui-même. Jamais il n’est cible où vibre la flèche plantée, mais flèche aiguë dans le vent.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 28


La liberté ne se dresse pas comme une plateforme sidérale pour permettre à l'homme de se tracer à partir d'elle une route arbitraire entre les astres. La liberté n'est pas le pouvoir de se fixer des buts, mais le pouvoir de les manquer.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 28


Suffira-t-il alors, de décrire l’homme comme la somme de ses purs appétits ? – comme une faim de possession, vorace et cruelle ? Suffira-t-il de le considérer comme un noyau opaque d’énergies déchargées sur le monde ?
En vérité, je ne le crois pas.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 31, 32


Dans la société communiste, la doctrine démocratique dévoile son ambition. Son but n’est pas l’humble bonheur de l’humanité actuelle, mais la création d’un homme dont la souveraineté assumera la gestion de l’univers. L’homme communiste est un dieu qui piétine la poussière du sol.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 92


C’est ainsi que nous apprenons que seule la catastrophe que l’homme accepte, la mort qu’il accueille, le désastre qu’il assume, le libèrent de cette horrible patience de condamné oublié en un exil sans fin.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 96


Les instants propices à la possession d’évidences sont des pauses parmi les occupations serviles.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 99


Pour que le monde, dans l’immobile clarté de la conscience, assume sa plénitude intelligible et entreprenne sa divine ascension, il faut que des brises venues d’ailleurs balaient les déchets quotidiens, il faut que l’homme, à grand-peine réchappé du turbulent scandale où il gîte, restaure sa dignité perdue et fasse sa demeure de la nuit immaculée.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 99


Supposer, en effet, que nous sommes capables de nous planter devant le monde avec une simplicité sans préjugés, c’est l’aberration de quiconque oublie notre commune soumission à des diktats extérieurs. Ce qui nous émeut est en général subordonné à une autorisation de nous émouvoir ; et aussi bien nos sentiments spontanés que nos ratiocinations les plus alambiquées sont le fruit d’élaborations collectives. Des mains immémoriales guident les hésitations de notre main.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 126


Le poids d’événements lointains infléchit la trajectoire de nos actes actuels, et le passé le plus éloigné coule dans les veines du présent. L’histoire est le proscenium de notre misère et de notre gloire, le territoire plat où se tapit le destin.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 127


Esclave assigné à la glèbe de son indélébile condition, l’homme végète dans la confuse forêt de l’histoire. Toute évidence germe dans la putréfaction de générations passées. Toute vérité émet l’aigre odeur d’un terreau.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 127


La mort ne se contente pas d'indiquer une direction à nos pas, elle rythme aussi leur fastidieuse cadence. La mort n'est pas seulement l'étrangère qui nous guette au bord du chemin, mais aussi l'hôtesse que notre être héberge.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 158, 159


Arbre qui offre au soleil du matin les cristaux de la pluie nocturne ; paisible éclat de la mer entre les troncs noueux, silence où se complait notre ferveur dénudée.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 167


Large horizon de collines sous la verdure opaque des chênes ; vallon qui cache dans ses ombres un jaillissement de sources éparses.
  • Un cœur révolté (1959), Nicolás Gómez Dávila (trad. Michel Bibard), éd. éditions Hérodios, 2024  (ISBN 978-2-940666-64-5), p. 167


Liens Externes

modifier

Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :