Paul Morand

écrivain et diplomate français

Paul Morand, né le 13 mars 1888 à Paris et mort le 23 juillet 1976, est un écrivain français.

Paul Morand, avant 1925.

Fermé la nuit, 1923

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L'histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète.
  • Fermé la nuit, Paul Morand, éd. Éditions de la «Nouvelle revue française», 1923, p. 156


Rien que la terre, 1928

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On ne saurait aller chercher trop loin l'envie de rentrer chez soi...
  • Rien que la terre, Paul Morand, éd. Bernard Grasset, 1928, p. 31


New York, 1930

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Un mot célèbre disait : « Les Juifs possèdent New York, les Irlandais l'administrent et les nègres en jouissent. »
  • New York, Paul Morand, éd. Flammarion, 1930, p. 273


Champions du monde, 1930

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Le « je voudrais être un homme » qu'elle soupire parfois : pure bravade. Elle est femme dans son royaume. Que d'autres là-bas, dans les banlieues du Bronx ou de Brooklyn, conduisent des camion, s'enrôlent comme détectives, se fassent astronomes, ou que, cuisinières improvisées, elles s'essayent à cuire un poulet sur leur petit fourneau électrique ! Nadine est la promesse de cet âge d'or, où les femmes auront cessé d'être des enfants et renoncé à être des hommes...
  • Champions du monde (1930), Paul Morand, éd. Grasset, coll. « les cahiers rouges », 2013  (ISBN 978-2-246-80742-1), p. 145


Webb souffrait d'être mal jugé. Il était faux de dire qu'il méprisât l'Europe. Bien trop intelligent pour mesurer sa tache d'après les kilomètres ou les quintaux kilométriques, il comprenait qu'à Paris l'expression : « le plus grand du monde » n'a aucun sens.
– U.S.A. c'est immense, et c'est enfantin à administrer, me dit-il quelques jours plus tard. Europe, c'est minuscule, délicat, plein de problèmes extraordinaires, inextricables. Dès qu'on touche quelque chose cela meurt ou tombe en poussière. Il y a partout des épines, j'ai les mains en sang.
  • Champions du monde (1930), Paul Morand, éd. Grasset, coll. « les cahiers rouges », 2013  (ISBN 978-2-246-80742-1), p. 157


Le Flagellant de Séville, 1951

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La Giralda fit entendre douze coups, frappés sur un airain si haut placé et dans un air si mince que les ondes se propagèrent jusqu'au fleuve ; ils retentissaient sur deux tons, comme un battement et sa riposte, de sorte que ce minuit ressembla au ferraillement de deux épées.
Sous cette voûte sonore, pompeux, le Vendredi saint entra. La pleine lune prit en enfilade l'étroit boyau intitulé Calle de los Cruzados, et sa hernie, la petite place aux pavés pointus. Les façades des maisons apparurent, blanches comme des filles en chemise sous la lune. Blanc d'Espagne. Sur ces pages lessivées ne se lisaient que les jambages des grilles et les hauts vides noirs de quelques embrasures. Au-dessus, la nuit verte, cloutée d'étoiles lustrées.
  • Le Flagellant de Séville (1951), Paul Morand, éd. Fayard, 1993  (ISBN 2-213-03-196-7), p. 7


La lune ressemblait à un poisson mort dans l'étang, elle flottait le ventre en l'air. Sa lumière sans pardon éclairait durement des pensées qu'au fond de soi il aurait voulu voir encore assoupies ; il douta de la sécurité de son foyer paisible. Cette lune menaçante annonçait l'éternel changement. Vaguement il se dit que les révolutions humaines doivent être, elles aussi, des marées obéissant à la lune, parfaitement réglées comme celles de l'océan, mais d'une si vaste amplitude que nous n'en apercevons pas la récurrence...
Il continuait à regarder l'astre, ornement blanc d'une nuit blanche. Ce gros pain à cacheter scellait-il un message ?
  • Le Flagellant de Séville (1951), Paul Morand, éd. Fayard, 1993  (ISBN 2-213-03-196-7), p. 80


– Mon frère, dit l'Hermano Mayor, ne regretterez-vous jamais votre décision ?

Une joie intérieure profonde inonda le cœur de don Luis.

– Je suis donc votre frère, dit-il à voix basse. Chaque Vendredi saint, je serai parmi vous pour recevoir les verges. Quand j'aurai assez enduré, je reprendrai ma route. Ainsi seulement pourrai-je attendre la mort.
  • Le Flagellant de Séville (1951), Paul Morand, éd. Fayard, 1993  (ISBN 2-213-03-196-7), p. 350


Journal inutile (1968-1972), 1971

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Le mot Juif, prononcé par quelqu'un qui ne l'est pas, est déjà de l'antisémitisme.
  • Journal inutile 1968-1972 (1971), Paul Morand, éd. Gallimard, 2001, p. 601


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