Pierre Guichard
historien français (1939-2021)
Pierre Guichard (né en 1939) est un historien français spécialiste de l’Espagne musulmane.
Articles
modifierLes Arabes ont bien envahi l’Espagne, 1974
modifierDans un livre qui a trouvé en France un certain écho, Ignacio Olagüe a présenté récemment une thèse insoutenable, résumée dans un titre fracassant qu'il faut prendre au pied de la lettre : « Les Arabes n'ont jamais envahi l'Espagne ».
- « Les Arabes ont bien envahi l’Espagne : les structures sociales de l’Espagne musulmane », Pierre Guichard, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, nº 6, Novembre-Décembre 1974, p. 1483 (lire en ligne)
Toute une école d'érudits répugne à admettre non pas certes que la conquête ait eu lieu, mais qu'elle ait eu pour conséquence la profonde arabisation et orientalisation de la péninsule qu'acceptaient les anciennes chroniques et qu'admet la tradition populaire. Ils s'attachent à mettre en évidence les faits qui révèlent une continuité entre l'Espagne préislamique et l'Espagne musulmane bien plus que ceux qui traduisent un changement. La position d'Ignacio Olagüe est originale en ce sens qu'il nie la conquête tout en acceptant l'orientalisation. Mais on retrouve chez lui le même souci de minimiser l'importance du premier de ces faits — jusqu'à le faire disparaître complètement — pour présenter une histoire sans rupture, où la civilisation hispano-musulmane apparaît comme le fruit d'une évolution interne bien plus que comme un phénomène imposé de l'extérieur, dans le cadre d'une histoire « nationale » d'où serait éliminé dans la mesure du possible le scandale que représente le « viol » de l'Espagne par les guerriers de Târiq et de Mûsâ.
- « Les Arabes ont bien envahi l’Espagne : les structures sociales de l’Espagne musulmane », Pierre Guichard, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, nº 6, Novembre-Décembre 1974, p. 1484-1485 (lire en ligne)
Une esthétique une et plurielle, 1991
modifierLa brillante civilisation qui se développe dans l’Espagne musulmane principalement à partir [du Xe siècle] est en partie le résultat d’un contact spontané entre les cultures et les traditions des trois religions monothéistes qui coexistent alors sur le sol de la péninsule Ibérique. Mais les échanges nés des rapports entre l’islam, le christianisme et le judaïsme ne s’y produisent pas dans le cadre d’un syncrétisme égalitaire. Le caractère officiel de l’impulsion ne fait guère de doute. Les influences qui contribuent à la formation de la civilisation andalouse sont d’abord orientales — abbassides mais aussi byzantines. L’État omeyyade se veut pour sa part strictement musulman et arabe.
- « Une esthétique une et plurielle », Pierre Guichard, Le Courrier de l’UNESCO (ISSN 0304-3118), nº 12, décembre 1991, p. 30-31