Pierre Louÿs

poète et romancier français

Pierre Louÿs (Gand, 10 décembre 1870Paris, 6 juin 1925), est un écrivain et poète français.

Portrait de Pierre Louÿs vers la fin du XIXe siècle.

Citations propres à l'auteur

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Les Aventures du Roi Pausole, 1900

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Pausole ne pouvait ni marcher, ni s'asseoir, ni lever la tête sans toucher une dormeuse nue. Un divan seul en portait quinze. Un filet suspendu en réunissait deux et les pressait l'une contre l'autre. Celles qui souffraient de la chaleur s'étaient couchées dans le bassin plat, et, la tête sur le bord de marbre, elles allongeaient leurs jambes sous l'eau jusqu'à la sirène centrale, pistil de la tulipe ouverte que formaient leurs corps rayonnants.
  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. Flammarion, coll. « GF », 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre premier, IV. Comment le roi Pausole rentra dans son palais et ce qu'il jugea bon d'y faire, p. 79


Un énorme figuier faisait retomber comme un tapis par-dessus la balustrade ses branches cachées par les feuilles plates et ses fruits poudrés de lilas. Vers la gauche, le parc se massait, avec ses magnolias déjà défleuris, ses eucalyptus frissonnants, ses palmiers trapus du Japon, ses magnifiques sagoutiers lunaires. Une défense d'aloès ourlait le jardin sombre et la plaine s'étendait au-delà jusqu'aux étoiles.
  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. Flammarion, coll. « GF », 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre premier, VI. Comment Diane à la Houppe et le roi Pausole virent entrer quelqu'un qu'ils n'attendaient pas, p. 95


L'eau, d'une gueule de satyre aux oreilles foliesques, tombait dans une cuve naturelle de terre rouge et d'herbes vertes où s'enracinaient des lauriers-roses en touffes compactes. Ce n'était point la vasque moisie et lépreuse de nos jardins où la source inutile vient inonder une terre déjà molle de pluie. C'était une naissance de fleurs dans le sol pourpré du Midi, une fontaine de sève, une urne génitrice d'où la vie ruisselait en verdures mouvantes, et le vieux satyre, fils de Pan, regardait la jeunesse des bois descendre éternellement de ses lèvres.
Au-dessous du mascaron cornu, que la blanche Aline prenait pour le diable, deux nymphes de marbre s'enlaçaient, debout et penchées sur le bassin obscur. A la fin de chaque hiver l'amandier les couvrait de ses petites églantines. L'été, elles prenaient sous le soleil toutes les couleurs de la chair. La nuit elles redevenaient déesses.

  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. Flammarion, coll. « GF », 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre deuxième, III. Comment le miroir des nymphes devint celui des jeunes filles, p. 131


– Je me résume, dir M. Lebirbe. En combattant la licence des intérieurs, en répandant le discrédit sur les pavillons clandestins et sur les vieillards abjects qui ne dénigrent la nudité que pour la retrouver moins fade entre le corset et les bas noirs, nous faisons effort passionnément dans le sens du nu antique et pur, nous favorisons la vie au grand jour, la franchise des mœurs, l'exemple et l'enseignement direct de l'étreinte, en un mot l'expansion de la volupté publique sur le territoire de Tryphême [...].
[...] scandant ses premiers mots avec des coups de poing abaissés dans le vide, Pausole articula lentement :
– Monsieur, l'homme demande qu'on lui fiche la paix ! Chacun est maître de soi-même, de ses opinions, de sa tenue et de ses actes, dans la limite de l'inoffensif. Les citoyens de l'Europe sont las de sentir à toute heure sur leur épaule la main d'une autorité qui se rend insupportable à force d'être toujours présente. Ils tolèrent encore que la loi leur parle au nom de l'intérêt public, mais lorsqu'elle entend prendre la défense de l'individu malgré lui et contre lui, lorsqu'elle régente sa vie intime, son mariage, son divorce, ses volontés dernières, ses lectures, ses spectacles, ses jeux et son costume, l'individu a le droit de demander à la loi pourquoi elle entre chez lui sans que personne l'ait invitée.
– Sire...
– Jamais je ne mettrai mes sujets dans le cas de me faire un tel reproche. Je leur donne des conseils, c'est mon devoir. Certains ne les suivent pas, c'est leur droit. Et tant que l'un d'eux n'avance pas la main pour dérober une bourse ou pour donner une nasarde, je n'ai pas à intervenir dans la vie d'un citoyen libre. Votre œuvre est bonne, monsieur Lebirbe, faites qu'elle se répande et s'impose, mais n'attendez pas de moi que je vous prête des gendarmes pour jeter dans les fers ceux qui ne pensent pas comme nous.

  • Les Aventures du Roi Pausole (1900), Pierre Louÿs, éd. Flammarion, coll. « GF », 2008  (ISBN 978-2-0807-1214-1), partie Livre troisième, VI. Où M. Lebirbe et le roi Pausole s'aperçoivent avec surprise qu'ils ne s'entendent pas sur tous les points, p. 226


Ne vous mettez pas au balcon pour cracher sur les passants ; surtout si vous avez du foutre dans la bouche.


Si vous branlez votre voisin dans sa serviette, faites-le si discrètement que nul ne s'en aperçoive.


Si vous faites de l'équitation auprès d'un beau cavalier et si la selle vous provoque tout à coup une émotion débordante, vous pouvez soupirer : « Ah !... Ah !... » pourvu que vous ajoutiez tout de suite : « C'est pour vous que je le fais, monsieur ».


N'offrez jamais de godemiché à une femme mariée, à moins qu'elle ne vous ait fait elle-même la confidence de ses infortunes.


Au bain, ne demandez pas aux personnes présentes la permission de faire pipi. Faites-le sans autorisation.


Pendant que vous priez à genoux, si quelqu'un profite de cette position pour essayer de vous enculer, ne vous prêtez pas à cette inconvenance.


Ne dites pas : « Je vais me branler ». Dites : « Je vais revenir ».


Ne dites pas : « Quand on le suce, il décharge tout de suite ». Dites : « Il est primesautier ».


Ne dites pas : « Sa pine est trop grosse pour ma bouche ». Dites : « Je me sens bien petite fille quand je cause avec lui ».


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