Pitié
sentiment qui rend sensible aux souffrances, au malheur d'autrui
Littérature
modifierÉcrit intime
modifierEn pensant à la dépendance où ils se sont mis de moi pour me tenir dans la leur ils me font une pitié réelle. Si je ne suis malheureux ils le sont eux-mêmes, et chaque fois que je rentre en moi je les trouve à plaindre.
- Rêveries du promeneur solitaire (1782), Jean-Jacques Rousseau, éd. Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 2001 (ISBN 978-2-253-160991), Sixième Promenade, p. 125
Essai
modifierG.K. Chesterton, Petites choses formidables, 2018
modifierLa pitié ne consiste pas à n'être pas cruel et épargner aux gens la vengeance ou la punition. Elle est une chose positive, à part entière, comme l'est le soleil : certains le voient, d'autres non.
- Petites choses formidables, G.K. Chesterton (trad. Hubert Darbon), éd. Desclée de Brouwer, 2018 (ISBN 978-2-220-09210-2), p. 18
Roman
modifierFrançois Cheng, Quand reviennent les âmes errantes, 2012
modifierDans mon désarroi, je lève un instant la tête vers toi. Ciel. Si tu me vois, aie pitié de moi. Aie pitié de l’homme pressé par l’urgence. Avant d’affronter l’effroyable, cette frénésie, cette folie… Aie pitié aussi, toi, Jian-li, si tu peux m’entendre. Nous t’avons offensé ; cela ne vient pas de notre volonté. Je ne doute pas, moi, qu’en fin de compte tu nous auras protégés, préservés.
- Quand reviennent les âmes errantes (2012), François Cheng, éd. Albin Michel, 2020 (ISBN 978-2-226-45131-6), p. 76, 77
Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, 1948
modifierAinsi de ma pitié. Te voilà qui déclames sur les tortures d'enfants et tu me surprends à bailler. Mais tu ne m'as conduit nulle part. Tu me dis : « Tel naufrage a noyé dix enfants... », mais je ne comprends rien à l'arithmétique et ne pleurerai pas deux fois plus fort si le nombre est de deux fois plus grand. D'ailleurs, bien qu'ils soient morts par centaines de millier depuis l'origine de l'empire, il t'arrive de goûter la vie et d'être heureux.
Mais je pleurerai sur tel si tu peux me conduire à lui par le sentier particulier, et, de même qu'à travers telle fleur j'accède aux fleurs, il se trouve qu'à travers lui je retrouverai tous les enfants, pleurerai et non seulement sur tous les enfants mais sur tous les hommes.
- Citadelle, Antoine de Saint-Exupéry, éd. Gallimard, coll. « La Pléiade », 1953, chap. CXCIX, p. 934-935