Pline l'Ancien

homme politique, naturaliste et philosophe romain du Ier siècle

Pline l'Ancien (en latin Gaius Plinius Secundus) est un écrivain et naturaliste romain du Ier siècle, auteur de plusieurs ouvrages dont un seul nous est parvenu : une monumentale encyclopédie, en 37 volumes, intitulée Histoire naturelle.

 
La plus ancienne version illustrée connue de l'Histoire naturelle (1513) présentée à la Foire du livre de Francfort en 2007. À gauche, un volume des discours de Démosthène.

Livre I

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Nous cherchons en général les agréments de l'étude; aussi, les œuvres qui passent pour traiter de choses infiniment ardues demeurent dans l'obscurité et dans l'oubli.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 10, p. n.


De plus, il me faut toucher à tout ce que les Grecs renferment dans le mot d'encyclopédie : et cependant il est des points ou ignorés, ou que la subtilité a rendus incertains; il en est d'autres traités tant de fois, que le dégoût s'y est attaché. Ce n'est pas chose aisée que de donner un air nouveau à ce qui est ancien, de l'autorité à ce qui est nouveau, du brillant à ce qui est terne, de la lumière à ce qui est obscur, de la faveur à ce qui est dédaigné, du crédit à ce qui est douteux, à chaque chose sa nature, et à la nature tout ce qui lui appartient. Aussi, dussé-je manquer le but, il sera beau et glorieux d'avoir voulu y arriver.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 11, p. n.
Pour moi, je pense qu'un intérêt particulier doit s'attacher dans les lettres à ceux qui, vainqueurs des difficultés, ont préféré le mérite d'être utile à l'avantage de plaire.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 12, p. n.


Sans doute j'ai commis, moi aussi, bien des omissions ; je suis homme, mon temps est pris par des fonctions publiques, et je m'occupe de ce travail à mes moments de loisir, c'est-à-dire pendant la nuit.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 13-14, p. n.


Aussi je souhaite bon succès à ceux qui me préviendront comme à ceux qui me suivront, et qui, je le sais, entreront en lice avec nous, ainsi que nous avons fait avec nos devanciers.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 16, p. n.


C'est, en effet, je pense, un acte de bienveillance, et plein d'une candeur honorable, de déclarer quels sont ceux qui nous ont été utiles; à quoi du reste ont manqué la plupart de ceux que j'ai tenus entre les mains.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, I, 16, p. n.


Livre II

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J'ajouterai que le consentement des hommes me touche ; car ce que les Grecs ont appelé κόσμος, d'un mot qui signifie ornement, nous l'appelons monde, d'un mot qui indique une élégance parfaite et suprême.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, II, 3, p. n.


L'homme devient dieu pour l'homme en le secourant; ce chemin est celui de la gloire éternelle.
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1848-1850, II, 5, p. n.


Pour nous tous, l'état après le dernier jour est le même qu'avant le premier. Après la mort le corps & l'âme n'ont pas plus de sentiment qu'avant la naissance. C'est en effet la même vanité qui nous fait imaginer au-delà du tombeau le mensonge d'une vie. Tantôt c'est l'immortalité de l’âme, tantôt c'est la métempsycose; d'autres fois on accorde du sentiment aux ombres des enfers; on honore les mânes & on fait un dieu de celui qui a cessé d’être un homme, comme si la manière de respirer de l'Homme différait en rien de celle des autres animaux! comme si l'on ne trouvait pas dans le monde beaucoup d'êtres plus durables, auxquels personne ne suppose une pareille immortalité!
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Édition & choix d'Hubert Zehnacker folio classique, 1999-2020, VII, 5, p. n.


Il y a auprès du fleuve Indus deux montagnes, dont l’une retient et l’autre repousse toute espèce de fer (XXXVI, 25); de la sorte, si l’on porte des clous aux souliers, dans l’une on ne peut pas retirer son pied, dans l’autre on ne peut pas le poser.

Livre XV

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L'Afrique me revient en mémoire à propos de la figue africaine, ainsi nommée dès le temps de Caton, qui s'en servit pour frapper les esprits. Brûlant d'une haine mortelle contre Carthage, inquiet pour la sécurité à venir des Romains, et répétant, à chaque séance du Sénat, qu'il fallait détruire la rivale de Rome, il apporta un jour au sein de l'Assemblée une figue précoce qui provenait de cette province ; et la montrant aux sénateurs : « Je vous demande, dit-il, quand vous pensez que ce fruit ait été cueilli ? » Tous convenant qu'il était fraîchement cueilli : « Eh bien, répliqua-t-il, sachez qu'il l'a été à Carthage, il y a trois jours, tant l'ennemi est près de nos murs ! »
  • (la) Sed a Catone appellata iam tum Africana admonet Africae ad ingens docimentum usi eo pomo. namque perniciali odio Carthaginis flagrans nepotumque securitatis anxius, cum clamaret omni senatu Carthaginem delendam, adtulit quodam die in curiam praecocem ex ea provincia ficum ostendensque patribus : Interrogo vos, inquit, quando hanc pomum demptam putetis ex arbore. Cum inter omnes recentem esse constaret: Atqui tertium, inquit, ante diem scitote decerptam Carthagine. tam prope a moeris habemus hostem!
  • Origine de la phrase "Carthago delenda est", "Il faut détruire Carthage", qui n'est citée nulle part sous cette forme dans les textes latins, mais seulement au style indirect.
  • (la) Histoire naturelle de Pline avec la traduction en français, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1850, t. 2, partie XV, chap. 20, p. 555-556 (texte intégral sur Wikisource)


Ce qui est par-dessus tout, ce qui me frappe le plus, c'est que cette grande ville, qui pendant cent vingt ans avait disputé l'empire du monde, fut renversée par un argument tiré d'un fruit : une figue a fait ce que n'avait pu faire le souvenir de la Trébie, du Trasymène, de Cannes où le nom romain semble enseveli, du camp carthaginois placé à trois milles de Rome, et d'Annibal lui-même venant à cheval au pied de la porte Colline. Plus que ces souvenirs, une figue dans la main de Caton rapprocha Carthage de Rome.
  • (la) super omnia est, quo nihil equidem duco mirabilius, tantam illam urbem et de terrarum orbe per CXX annos aemulam unius pomi argumento eversam, quod non Trebia aut Trasimenus, non Cannae busto Romani nominis perficere potuere, non castra Punica ad tertium lapidem vallata portaeque Collinae adequitans ipse Hannibal. tanto propius Carthaginem pomo Cato admovit!
  • (la) Histoire naturelle de Pline avec la traduction en français, Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), éd. Dubochet, 1850, t. 2, partie XV, chap. 20, p. 556 (texte intégral sur Wikisource)


Livre XXXV

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nulla dies sine linea
  • pas de jour sans une seule ligne
  • (la) Histoire naturelle, Pline l'Ancien, éd. Bowyer, 1725, p. 66


La vertu des arbres

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Herbe aux statues : Certains conseillent de cueillir l’herbe qui poussent sur la tête des statues : enveloppée dans un lambeau de vêtement et suspendue au cou par un fil rouge, elle aurait pour effet de calmer dans l’instant le mal de tête.
  • La vertu des arbres cultivés et des arbres sauvages, Histoire naturelle, Livre XXII, XXIII, XXIV, Pline l'Ancien (trad. François Rosso), éd. arléa, 1999  (ISBN 2-86959-479-8), p. 206


Citations à propos de Pline l'Ancien

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Cet ouvrage [l’Histoire naturelle] est d'une étendue, d'une érudition infinie, et presque aussi varié que la nature elle-même. Vous êtes surpris comment un homme dont le temps était si rempli a pu écrire tant de volumes, et y traiter tant de différents sujets, la plupart si épineux et si difficiles. Vous serez bien plus étonné quand vous saurez qu'il a plaidé pendant quelque temps, et qu'il n'avait que cinquante-six ans quand il est mort. On sait qu'il en a passé la moitié dans les embarras que les plus importants emplois et la bienveillance des princes lui ont attirés. Mais c'était une pénétration, une application, une vigilance incroyables.
  • (la) ‘Naturae historiarum triginta septem’, opus diffusum eruditum, nec minus varium quam ipsa natura. Miraris quod tot volumina multaque in his tam scrupulosa homo occupatus absolverit? Magis miraberis si scieris illum aliquamdiu causas actitasse, decessisse anno sexto et quinquagensimo, medium tempus distentum impeditumque qua officiis maximis qua amicitia principum egisse. Sed erat acre ingenium, incredibile studium, summa vigilantia.
  • Pline le Jeune évoquant son oncle Pline l'Ancien dans une lettre à Baebius Macrus (Pline le Jeune, Lettres, III, 5).
  • (la) Œuvres complètes, Quintilien et Pline le Jeune (trad. Nisard), éd. Didot frères, 1865, livre III, lettre 5, §6-8, p. n.


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