Raymond Borde
Raymond Borde, né le 28 août 1920 et mort à Toulouse le 20 septembre 2004, est un critique de cinéma et essayiste français, cofondateur et conservateur de la Cinémathèque de Toulouse.
Proche du mouvement surréaliste et d'André Breton, il collabore à plusieurs revues, dont Positif et Premier Plan. Vice-président de la Fédération internationale des archives du film de 1966 à 1990, il a publié une vingtaine d'ouvrages.
Presse
modifierRéponses à l'enquête sur les représentations érotiques, 1965
modifierMes représentations imaginaires entretiennent, dans l'acte d'amour, un dédoublement qui a d'abord la coloration la plus agréable, avant d'être ressenti comme une contrainte et de voler en éclats.
Les scènes s'organisent dans un feuilleton logique à dominante lesbienne qui s'est construit au fil des jours, qui est là, prêt à surgir et à répondre au moindre appel, à renouer avec la fin du dernier épisode, à revenir en arrière, à maniérer un cher détail, et qui est à la fois un prétexte et un carcan.
Je ne dois m'en prendre qu'à moi si j'assiste à l'appauvrissement graduel de l'imagination consciente. La répétition volontaire et la technique d'embellissement ont estompé la découverte. Les femmes s'enlacent dans une châtaigneraie sous le même ciel d'orage plombé une fois pour toutes, ou dans la même Citroën qui est une vieille B 14. N'insistons pas, c'est assommant comme un roman. Ce phantasme perpétué ne pouvait pas ne pas devenir un conditionnement et une aliénation. Il était trop sélectif, trop structuré pour ne pas ressembler à un ordre […].
Trop bien agencées, [les représentations érotiques] sont à la fois délicieusement complices et fermées sur elles-mêmes, intransigeantes, incompatibles avec l'amour. Le point de rupture se situe pour moi dans ces fractions de seconde où l'illustration se désagrège, cherche à survivre, relance en vain une image excitante devenue étrangère et s'éteint parce qu'elle n'est plus en parallèle.
- Réponse de Raymond Borde à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? Se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ? — Il est clairement question d'une enquête initiée par la revue surréaliste La Brèche en décembre 1964.
- « Réponses à l'enquête sur les représentations érotiques », Raymond Borde, La Brèche, nº 8, Novembre 1965, p. 99