Rosa Luxemburg était une militante socialiste, communiste et révolutionnaire allemande, née en Pologne le 5mars1870 et assassinée le 15janvier1919 lors de la révolution spartakiste en Allemagne.
L'idée est celle-ci : on suppose que le régime capitaliste fera naître de lui-même, à partir de ses propres contradictions internes, le moment où son équilibre sera rompu et où il deviendra proprement impossible. Que l'on ait imaginé ce moment sous la forme d'une crise commerciale générale et catastrophique, on avait de bonnes raisons de le faire, mais c'est finalement un détail accessoire pour l'idée fondamentale elle-même. En effet, le socialisme scientifique s'appuie, on le sait, sur trois données du capitalisme : 1° sur l'anarchie croissante de l'économie capitaliste qui en entraînera fatalement l'effondrement ; 2° sur la socialisation croissante du processus de production qui créé les premiers fondements positifs de l'ordre social à venir ; 3° enfin sur l'organisation et la conscience de classe croissantes du prolétariat qui constituent l'élément actif de la révolution imminente.
Œuvres I (1899), Rosa Luxemburg (trad. Irène Petit), éd. Maspero, coll. « petite collection Maspero », 1969 (ISBN2-7071-0264-4), partie Réforme sociale ou révolution, chap. 1. La méthode opportuniste, p. 19
Dans l'espace immatériel de l'analyse logique abstraite, on peut prouver avec la même rigueur aussi bien l'impossibilité absolue, la défaite certaine de la grève de masse, que sa possibilité absolue et sa victoire assurée. Aussi la valeur de la démonstration est-elle dans les deux cas la même, je veux dire nulle. C'est pourquoi craindre la propagande pour la grève de masse, prétendre excommunier formellement les coupables de ce crime, c'est être victime d'un malentendu absurde. Il est tout aussi impossible de "propager" la grève de masse comme moyen abstrait de lutte qu'il est impossible de "propager" la révolution. La "révolution" et la "grève de masse" sont des concepts qui ne sont eux-mêmes que la forme extérieure de la lutte des classes et ils n'ont de sens et de contenu que par rapport à des situations politiques bien déterminées.
Œuvres I (1906), Rosa Luxemburg (trad. Irène Petit), éd. Maspero, coll. « petite collection Maspero », 1969 (ISBN2-7071-0264-4), partie Grève de masse, parti et syndicats, chap. 2., p. 100
Le niveau de vie de tout homme et de toute classe ne peut être jugé correctement que si on l'apprécie par rapport à la situation de l'époque donnée et des autres couches de la même société.
Introduction à l'économie politique (1916), Rosa Luxemburg, éd. Agone/Smolny, 2009 (ISBN978-2-7489-0113-9), partie Le travail salarié, chap. 5, p. 364
En ce moment, la Russie confirme une fois de plus cette vieille expérience historique : il n'est rien de plus invraisemblable, de plus impossible, de plus fantaisiste qu'une révolution une heure avant qu'elle n'éclate ; il n'est rien de plus simple, de plus naturel et de plus évident qu'une révolution lorsqu'elle a livré sa première bataille et remporté sa première victoire.
publié sous le pseudonyme de Gracchus dans Der Kampf, le 7 avril 1917
Œuvres II (écrits politiques 1917-1918), Rosa Luxemburg (trad. Claudie Weill), éd. Maspero, coll. « petite collection maspero », 1969 (ISBN2-7071-0263-6), chap. 3 Problèmes russes, p. 24
La paix générale ne saurait être atteinte sans le renversement de la puissance dirigeante en Allemagne. Seul le flambeau de la révolution, seule la lutte de masse ouverte pour le pouvoir politique, pour la domination du peuple et la république en Allemagne permettra d'empêcher le retour de flamme du génocide et le triomphe des annexionnistes allemands à l'Est et à l'Ouest. Les ouvriers allemands sont appelés maintenant à porter d'Est en Ouest le message de la révolution et de la paix. Faire la fine bouche ne sert à rien, il faut y aller.
publié dans Spartakusbriefe, n°8, janvier 1918
Œuvres II (écrits politiques 1917-1918), Rosa Luxemburg (trad. Claudie Weill), éd. Maspero, coll. « petite collection maspero », 1969 (ISBN2-7071-0263-6), chap. 6 La responsabilité historique, p. 45
Établir une dictature prolétarienne et accomplir un bouleversement socialiste dans un seul pays, encerclé par l'hégémonie sclérosée de la réaction impérialiste et assailli par une guerre mondiale, la plus sanglante de l'histoire humaine, c'est la quadrature du cercle. Tout parti socialiste était condamné à échouer devant cette tâche et à périr, qu'il soit guidé, dans sa politique par la volonté de vaincre et la foi dans le socialisme international, ou par le renoncement à soi-même.
« La tragédie russe », Rosa Luxembourg, Spartakusbriefe, nº 11, septembre 1918,, p. pp. 181-186
Les bolcheviks ont certainement commis plus d'une faute dans leur politique et en commettent sans doute encore – qu'on nous cite une révolution où aucune faute n'ait été commise ! L'idée d'une politique révolutionnaire sans faille, et surtout dans cette situation sans précédent, est si absurde qu'elle est tout juste digne d'un maître d'école allemand. Si, dans une situation exceptionnelle, un simple vote au Reichstag fait déjà perdre la "tête" aux "chefs" du socialisme allemand, alors que la voie leur est clairement tracée par l'abc du socialisme, si alors leur cœur bat la chamade et s'ils y perdent tout leur socialisme comme une leçon mal apprise – comment veut-on qu'un parti placé dans une situation historique véritablement épineuse et inédite, où il veut tracer de nouvelles voies pour le monde entier, comment veut-on qu'il ne commette pas de faute ?
publié dans Spartakusbriefe n°11, septembre 1918
Œuvres II (écrits politiques 1917-1918), Rosa Luxemburg (trad. Claudie Weill), éd. Maspero, coll. « petite collection maspero », 1969 (ISBN2-7071-0263-6), chap. 7 La tragédie russe, p. 52
Mais si l'on étouffe la vie politique dans tout le pays, la paralysie gagne obligatoirement la vie dans les soviets. Sans élections générales, sans une liberté de presse et de réunion illimitée, sans une lutte d’opinion libre, la vie s’étiole dans toutes les institutions publiques, végète, et la bureaucratie demeure le seul élément actif. [...]
Lénine-Trotski se prononcent en revanche pour la dictature en opposition à la démocratie, et ainsi pour la dictature d’une poignée de gens, c’est-à-dire une dictature sur le modèle bourgeois.
écrit en septembre 1918
Œuvres II (écrits politiques 1917-1918), Rosa Luxemburg (trad. Claudie Weill), éd. Maspero, coll. « petite collection maspero », 1969 (ISBN2-7071-0263-6), chap. 8 La révolution russe, p. 85 et 87
La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui ne pense pas comme vous.
Manuscrit rédigé en prison en 1918
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. La Révolution Russe, p. 98
De même que, contre les infections et les germes infectieux, l'action libre des rayons du soleil est le moyen le plus efficace pour purifier et guérir, de même la révolution et son principe novateur, la vie intellectuelle qu'elle suscite, l'activité et l'auto-responsabilité des masses, donc la liberté politique la plus large... sont le seul soleil qui guérisse et purifie...
Manuscrit rédigé en prison en 1918
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. La Révolution Russe, p. 99
Des cadavres putréfiés surgissent de leurs tombes centenaires, animés d'une vigueur printanière nouvelle, et des peuples « sans histoire », qui n'avaient jamais constitué un État indépendant, ressentant le besoin violent de se constituer en États. Polonais, Ukrainiens, Russes blancs, Lituaniens, Tchèques, Yougoslaves, dix nouvelles nations du Caucase. Des sionistes édifient déjà leur ghetto palestinien, à Philadelphie provisoirement; sur le Brocken nationaliste, c'est aujourd'hui la nuit de Walpurgie. [selon la tradition populaire, sorcières et diables se rassemblaient au sommet de la montagne du Hartz, en Allemagne centrale]
Les uns sur un bâton, d'autre sur un balai... [vers de Gœthe dans Faust]
Qui ne vole aujourd'hui ne volera jamais. Mais le nationalisme n'est que la formule. Le fond, le contenu historique est aussi multiple et divers que la formule de « l'autodétermination nationale » sous laquelle il se camoufle; elle est creuse et pauvre.
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Critiques des nationalismes, p. 103
... « État-nation » et « nationalisme » ne sont en soi que des enveloppes vides dans lesquelles, à chaque époque et dans chaque pays, les rapports de classe versent leur contenu particulier.
En Allemagne et en Italie, dans les années soixante-dix, [c'est] la domination bourgeoise [contre] le passé féodal et moyenâgeux, l'état patriarcal et bureaucratique ...
En Pologne, [c'est] le mot d'ordre de la noblesse terrienne et de la petite bourgeoisie opposés au développement moderne capitaliste et plus précisément contre les manifestations de la vie moderne : aussi bien le libéralisme bourgeois que le mouvement ouvrier socialiste, aux antipodes du premier.
...
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Critiques des nationalismes, p. 105
« Je veux une vie qui vaille la peine d'être vécue ». « Je m'accroche à mon droit au bonheur personnel » disait-elle.
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg citée par Jack Ralite, sénateur, ancien ministre (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Préface, p. 9
La liberté réservé aux seuls partisans du gouvernement et du parti n'est pas la liberté
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg citée par Jack Ralite, sénateur, ancien ministre (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Préface, p. 10
Se mettre dans la tête qu'il est nécessaire de commencer par intégrer tout le peuple travailleur dans les cadres du parti avant de pouvoir faire l'histoire c'est se mouvoir dans un cadre vicieux.
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg citée par Jack Ralite, sénateur, ancien ministre (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Préface, p. 10
Sans une liberté illimitée de la presse, sans une d'association et de réunions affranchies d'entraves, il est tout à fait impossible de concevoir la domination des grandes masses populaires.
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg citée par Jack Ralite, sénateur, ancien ministre (trad. Gilbert Badia), éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Préface, p. 11
Le nationalisme est l'atout du moment. De toutes parts surgissent de nations et des nationettes qui affirment avoir droit de créer un État. Des cadavres en décomposition se relèvent de leur tombeaux centenaires et des peuples (...) qui n'ont encore formé d'États indépendants, ressentent le besoin irrésistible de se constituer en États. Et sur ce Blockbergs nationalistes, aujourd'hui, c'est la nuit des Walpurgis.
Lettres et textes choisis, Rosa Luxemburg citée par Jack Ralite, sénateur, ancien ministre, éd. Le Temps des Cerises, 2006 (ISBN2-84109-638-6), chap. Préface, p. 12
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