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Clelie Mascaret (discussion | contributions)
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=== Propos de biographes ===
==== [[André Maurois]], ''René ou la vie de Chateaubriand'', 1938 ====
{{citation|citation=« Le hasard fit tomber entre mes mains deux livres bien divers : un ''Horace'' non châtié et une histoire des ''Confessions mal faites''. Le bouleversement d'idées que ces deux livres me causèrent est incroyable ; un monde étrange s'éleva autour de moi. D'un côté, je soupçonnai des secrets incompréhensibles à mon âge, une existence différente de la mienne, des plaisirs au-delà de mes jeux, des charmes d'une nature ignorée dans un sexe où je n'avais vu qu'une mère et des soeurs ; d'un autre côté, des spectres traînant des chaînes et vomissant des flammes m'annonçaient des supplices éternels pour un seul péché dissimulé. »|précisions=[[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] est présentement cité par le biographe [[André Maurois]].}}
{{Réf Livre|titre=René ou la vie de Chateaubriand|auteur=[[André Maurois]]|éditeur=Grasset|collection=Les Cahiers Rouges|année=1956|année d'origine=1938|page=24|section=II ''Collèges bretons''|chapitre=I « Enfance et adolescence »|ISBN=2-246-18904-7}}
 
{{citation|citation=« J'expliquais le quatrième livre de l'''Eneide'' et lisais le ''Télémaque'' ; tout à coup, je découvris dans Didon et dans Eucharis des beautés qui me ravirent ; je devins sensible à l'harmonie de ces vers admirables et de cette prose antique. Je traduisis un jour à livre ouvert l' ''Aeneadum genitrix, hominum divumque voluptas'' de Lucrèce avec tant de vivacité que M. Egault m'arracha le poème et me jeta dans les racines grecques. Je dérobai un Tibulle ; quand j'arrivai au ''Quam juvat immites ventos audire cubantem'', ces sentiments de volupté et de mélancolie semblèrent me révéler ma propre nature. Les volumes de Massillon qui contenaient les sermons de la Pécheresse et de l'Enfant prodigue ne mz quittaient plus. On me les laissait feuilleter, car on ne se doutait guère de ce que j'y trouvais. Je volais de petits bouts de cierges dans la chapelle pour lire la nuit ces descriptions séduisantes des désordres de l'âme, je m'endormais en balbutiant des phrases incohérentes, où je tâchais de mettre la douceur, le nombre et la grâce de l'écrivain qui a le mieux transporté dans la prose l'euphonie racinienne... Si j'ai, dans la suite, peint avec quelque vérité les entraînements du coeur mêlés aux syndécrèses chrétiennes, je suis persuadé que j'ai dû ce succès au hasard qui me fit connaître au même moment deux empires ennemis. »
Il avait découvert, à treize ans, dans les orateurs sacrés, les âpres dissonances où se mêlent l'idée du péché et celle du plaisir, comme dans les élégiaques latins celles qui unissent à la volupté la mélancolie d'en trouver les joies si fugitives.|précisions=[[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] est présentement cité par le biographe [[André Maurois]].}}
{{Réf Livre|titre=René ou la vie de Chateaubriand|auteur=[[André Maurois]]|éditeur=Grasset|collection=Les Cahiers Rouges|année=1956|année d'origine=1938|page=24|section=II ''Collèges bretons''|chapitre=I « Enfance et adolescence »|ISBN=2-246-18904-7}}